DENAIS Paul [Dictionnaire des anarchistes]

Né le 12 mai 1922 à Rochefort-sur-Loire (Maine-et-Loire) ; mort le 16 juillet 2014 à Paris. Médecin ; communiste libertaire.

Paul Denais (vers 1960)
Paul Denais (vers 1960)
Arch. Paul Denais

Paul était fils d’un secrétaire de direction de l’hôpital psychiatrique du Maine-et-Loire, et d’une couturière. Sous l’Occupation, il fut réfractaire au service du travail obligatoire (STO) et rejoignit le mouvement de résistance Défense de la France jusqu’à la Libération.

En 1952 il devint médecin généraliste en libéral. À partir de 1960 il exerça comme rhumatologue dans divers centres de santé communaux ou de Sécurité sociale en région parisienne.

En 1958 il adhéra à la Fédération anarchiste (FA). L’année suivante il entrait au comité de lecture du Monde libertaire, mais il fut déçu par le caractère hétérogène de la FA et ce qui lui semblait être un fonctionnement cadenassé par l’Association pour l’étude et la diffusion des philosophies rationalistes (AEDPR).
En septembre 1960, il cosigna le Manifeste des 121 contre la guerre d’Algérie. Quelques mois plus tard, il rejoignit la tendance Union des groupes anarchistes communistes (Ugac) créée au sein de la FA en mai 1961. À l’Ugac, il milita entre autres avec Micheline Stern, qui devait par la suite devenir sa compagne.
À la même époque, il fréquentait la Fédération ibérique des jeunesses libertaires (FIJL) en exil, et participa – comme plusieurs autres militants dont Alain Pecunia, Yvette Parent, Guy Battoux, Bernard Ferry ou Stuart Christie – à des actions révolutionnaires sur le territoire espagnol. Le 12 août 1962, avec Antonio Martin Bellido, il fut par exemple l’auteur d’un attentat contre le monument d’El Valle de los Caídos. En octobre, un militant de la FIJL étranger à l’attentat, F. Sanchez Ruano, fut condamné pour cette action à 28 ans de prison.

En 1964, Paul Denais quitta la FA avec l’Ugac qui se constitua en organisation autonome. En 1967 et 1968, l’Ugac édita le périodique Perspectives anarchistes communistes. En 1967, Paul Denais effectua, avec l’Ugac, un premier voyage d’étude sur l’autogestion en Yougoslavie. Il en fit d’autres par la suite.
En juin 1968, l’Ugac participa à la création du Comité d’initiative pour un mouvement révolutionnaire (CIMR, voir Guy Bourgeois). Le CIMR se dissout en 1971 pour donner naissance aux Centres d’initiative communiste (CIC). Paul Denais fut alors, en tant que communiste libertaire, membre du comité politique national, organe exécutif des CIC, et rédacteur dans leur journal Action.
Entre-temps, fin 1969, l’Ugac s’était autodissoute. Ne subsistait que son mensuel, rebaptisé en juillet 1970 Tribune anarchiste communiste (TAC), dont Paul Denais fut directeur de publication. Il habitait alors 22 bis, rue de la Réunion, à Paris 20e.
Conformément à la ligne de la TAC, Paul Denais consacra une part importante de son activité à la lutte anti-impérialiste. En septembre 1970, il prit part à l’expédition sanitaire organisée par le Secours rouge après le massacre de Septembre noir, en Jordanie. À la même époque il était membre du Comité français de secours au peuple vietnamien et du Comité d’aide médicale et sanitaire au Vietnam. En mai 1974, il fut directeur de publication du n°8 de Portugal libertario, un petit journal publié par des militants portugais liés à l’Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA).

De 1983 à 1985, Tribune anarchiste communiste se transforma en Contre-pouvoirs pour l’autogestion, dont Paul Denais fut un des responsables. Le groupe, que par habitude on continuait de nommer « la TAC », participa au lancement de la Fédération de la gauche alternative, formée en 1984, jusqu’à sa désagrégation quelques années plus tard. Tribune anarchiste communiste parut de nouveau sous son nom originel de 1987 à 1993, et Paul Denais en fut directeur de publication jusqu’à la fin.
Paul Denais fut syndiqué à la CFDT de 1970 à 1979, puis à la CGT-Métaux, section retraités, à partir de 1989.

En mai 1989, il fit partie des 100 premiers signataires de l’Appel pour une alternative libertaire, qui voulait unifier le mouvement communiste libertaire. La TAC s’engagea dans les discussions mais se retira du processus quand il lui apparut que la nouvelle organisation se situerait essentiellement dans la trajectoire de l’UTCL. La proximité politique continua cependant avec Alternative libertaire, dont Paul Denais fréquenta les meetings et les militants dans les mouvements sociaux, et notamment au sein d’Agir contre le chômage ! (AC !) qu’il rejoignit dès 1993.

Guillaume Davranche, Rolf Dupuy

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154565, notice DENAIS Paul [Dictionnaire des anarchistes], version mise en ligne le 23 avril 2014, dernière modification le 11 août 2020.
Paul Denais (vers 1960)
Paul Denais (vers 1960)
Arch. Paul Denais

SOURCES : Témoignage de Paul Denais à Guillaume Davranche en 2006 — René Bianco, « Cent ans de presse », op. cit. — interview d’Antonio Martin dans Rojo y Negro de décembre 2004 — Salvador Gurruchari et Tomas Ibañez, Une résurgence anarchiste : les jeunesses libertaires dans la lutte contre le franquisme, Acratie, 2012. — Communiqué du CIRA Marseille, 16 juillet 2014.

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