DELURET François [Dictionnaire des anarchistes]

Par Michel Dreyfus, notice complétée par Rolf Dupuy

Né le 26 août 1900 à Bussière-Galant (Haute-Vienne), mort le 25 février 1984 à Poitiers (Vienne). Cheminot, militant anarcho-syndicaliste, pacifiste et anarchiste à Villeneuve-sur-Lot et à Bordeaux.

Après avoir vécu vingt ans à Poitiers (Vienne), François Deluret avait été obligé de quitter cette ville en 1928 après avoir été le meneur d’une grève. Dans les années 1930 il était un militant anarcho-syndicaliste partisan de l’unité syndicale. Secrétaire du syndicat des cheminots de Villeneuve-sur-Lot et de l’union locale des services publics, et animateur du groupe d’études sociales Elisée Reclus, il était abonné à un grand nombre de journaux libertaires et collaborait à l’organe de la Ligue Internationale des combattants de la Paix (LICP) Le Barrage (Paris, mai 1934 à août 1939, 152 numéros). Membre de la LICP depuis 1932, il fut élu au comité directeur lors du Congrès d’Agen (21-22 avril 1935) et réélu l’année suivante au congrès de Bernay (12-14 avril 1936). Il était également à la même époque secrétaire du Comité d’action antifasciste.

Le groupe d’études sociales, pour éviter « les vaines querelles de tendances… qui entravaient l’action en divisant les militants », raconte dans ses souvenirs F. Deluret, n’était « ni Union Anarchiste, ni Fédération Anarchiste. Nous étions des libertaires… libres ». Il était membre de la Solidarité Internationale Antifasciste (SIA) pendant la révolution espagnole.

Lors de la déclaration de guerre il avait reçu le tract « Paix immédiate » (voir Lecoin) et l’avait diffusé dans la mesure de ses possibilités. Après l’armistice il tenta à deux reprises d’aller aux nouvelles à Bordeaux en zone occupée pour y contacter des camarades mais ne parvint pas à franchir la ligne de démarcation. Pendant l’occupation nazie, il était membre du groupe clandestin Elisée Reclus composé de militants français et espagnols à Villeneuve s/Lot. Il y reçut la visite d’André Arru*, qui lui avait été présenté par Miller, ancien du groupe de Bordeaux qui, par sécurité, était passé en zone « libre ». Arru, à cette époque (1943), parcourait le sud de la France pour y regrouper les militants dispersés. Après l’arrestation le 3 août 1943 d’André Arru à Marseille, le groupe de Villeneuve avait échafaudé un plan, qui ne put se concrétiser, pour le faire évader.

Dans le but de regrouper les militants, Deluret effectua alors de nombreux voyages à Paris où il rencontra H. Bouyé*, L. Laurent* et Julien Toublet* et participa aux réunions de reconstitution du mouvement libertaire. Au début de l’été 1943, à Paris, il participa à une réunion clandestine dans les locaux de l’ancienne Bourse du travail, rue du Château-d’eau : « Nous étions à cette réunion une cinquantaine. Il régnait une ambiance de grande confiance dans l’avenir et ce fut facilement (trop peut-être) que toutes les décisions furent prises et que fut désigné en particulier une délégation de quatre camarades – dont deux femmes – qui iraient à Toulouse [congrès du 19 juillet 1943]. J’ai le souvenir d’être intervenu sur quatre points qui seraient essentiels après guerre et au moment de tout réorganiser pour notre action : 1° - l’organisation devrait prendre le titre de « libertaire » (le nom « anarchiste » étant trop souvent mal compris dans le passé et étant chargé de sens péjoratf) ; 2° -Une seule organisation pour tout le mouvement (les tendances pouvant vivre fraternellement unies pour le même combat) ; 3°- Ne plus faire la même erreur que par le passé en créant une petite organisation syndicale parallèle à la CGT… ; 4° Dans la nouvelle CGT les copains libertaires devront tendre à assumer des postes importants pour remuer les syndiqués, en faire des syndicalistes conscients et ne pas se borner à critiquer à l’extérieur ou à l’intérieur de la CGT comme dans le passé ce qui serait stérile. Tous les présents adoptèrent cela sans la moindre discussion ». A la même réunion avait été mise sur pied l’organisation d’un chantier forestier où pourraient se cacher les compagnons réfractaires au Service du travail obligatoire (STO).

Délégué au congrés du 19 juillet 1943 à Toulouse, Deluret fut décu, le regroupement prévu ne s’y faisant pas. Les 29-30 octobre 1944, il fut sans doute l’un des délégués de Villeneuve-sur-Lot au pré-congrés d’Agen, réunion préparatoire au congrès constitutif du mouvement libertaire.

Après la guerre il fut membre de la Fédération Anarchiste (FA) et de SIA à Villeneuve s/Lot. Puis il fut muté à Bordeaux où il continua de militer auprès des frères Lapeyre*. Après la reconstitution de la Fédération Anarchiste dans les années 1950, il collabora à son organe Le Monde Libertaire. En 1977 il était retraité à Poitiers.
F. Deluret est l’auteur de souvenirs inédits.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156700, notice DELURET François [Dictionnaire des anarchistes] par Michel Dreyfus, notice complétée par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 26 février 2014, dernière modification le 17 mai 2023.

Par Michel Dreyfus, notice complétée par Rolf Dupuy

SOURCES : Le Barrage, mars-avril 1935, 27 février & avril-mai 1936, mai 1937 — R. Bianco, « Un siècle de presse… », op. cit. — S. Knoerr-Saulière & F. Kaigre, Jean René Saulière dit André Arru…, op. cit. — Bulletin du CIRA-Marseille : Témoignages 1939-1945… », op. cit., Marseille, 1985 (Témoignage de F. Deluret, mai 1979).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable