DUPAS Eugène, Romain, dit aussi Edmond

Né le 5 mars 1820 à Paris (IIIe arr. ancien), mort le 26 juillet 1882 à Paris (VIe arr.) ; ouvrier horloger devenu pharmacien à Paris, puis médecin ; militant coopérateur ; participant à la Révolution de 1848 ; membre de l’Internationale ; communard.

Eugène Dupas fut « raspailliste », mais, selon Lefrançais, il « eut à supporter les plus indignes procédés de la part de l’irascible et peu sympathique chimiste ». Par contre, il fut le disciple et resta l’ami de Proudhon. En 1848, Dupas appartint à la Commission du Luxembourg et fut l’un des vice-présidents du « Conseil central des électeurs républicains-démocrates-socialistes ».
Le 12 avril 1853, alors qu’il était propriétaire de la Pharmacie populaire, 64, rue Rambuteau, il fut l’objet d’une perquisition. On saisit ses papiers, et on l’arrêta pour complot. De 1851 à 1862, il fut quatre fois condamné pour contravention à la loi sur l’exercice de la pharmacie.

En 1864, il appartint à l’Internationale. En 1867, il fut invité à assister à une réunion de la « Commission ouvrière », le dimanche 29 septembre. Il y développa une thèse assez proche de celle de Proudhon, et se déclara en faveur de « la fédération du crédit », qui permettrait aux ouvriers de commanditer le premier fournisseur venu. « Le crédit gratuit, absolu, n’est pas possible, proclamait-il, mais il est facile de n’en employer qu’une certaine quantité en vendant tout et en achetant à prix de revient. » Cette discussion tournait, on le devine, autour du problème du financement des associations ouvrières de consommation et de production. À la séance du 27 octobre, il donna son opinion sur la question de la vie à bon marché. Pour lui, c’était une fonction de l’économie réalisée par une production industrialisée, pour le pain en particulier. Il opposait au monopole des compagnies privées le système « des grandes compagnies solidaires vendant à prix de revient ». Tout cela était peu éloigné de ce que Proudhon avait soutenu dans le Manuel du spéculateur en Bourse.

Le même jour, Dupas présenta à l’assemblée un projet de boulangerie coopérative. Celle-ci fut constituée en novembre 1867. Dans l’acte de fondation, Dupas était indiqué comme médecin, demeurant, 6, rue Myrha, à Paris (XVIIIe arr.). Dans le courant de l’année 1868, un atelier de panification fut ouvert, 60, rue Notre-Dame-de-Nazareth, IIIe arr., et de nombreux dépôts établis dans les différents quartiers de Paris. Le capital initial était de 50 000 F, en actions de 20 F, versables à raison de 25 c par semaine.

Dupas prit part, en 1870, aux réunions populaires du XVIIIe arrondissement où il continuait d’habiter et où il était très aimé. Il représentait les républicains du XVIIIe à l’Hôtel de Ville dès le soir du 4 septembre et s’y prononçait pour un pouvoir directement issu du peuple. Ce même soir, il fut un des signataires de l’appel au peuple allemand rédigé par des délégués de l’Internationale parisienne et de la Chambre fédérale des sociétés ouvrières réunies à la Corderie du Temple. Cet appel, qui déclarait en particulier : « Le peuple français ne fait point la paix avec un ennemi qui occupe son territoire », se prononçait pour une alliance en vue de fonder les États-Unis d’Europe (L’Internationale, 11 septembre 1870).

Enfin Dupas tint en quelque sorte le Comité central républicain des vingt arrondissements sur les fonts baptismaux.

En tant que délégué des vingt arrondissements, il fut un des signataires de l’Affiche rouge du 6 janvier 1871, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison » du gouvernement du 4 septembre et pour mettre en avant trois mots d’ordre : Réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse. Elle se terminait par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! » — voir Ansel. Il fut enfermé à Mazas pour excitation à la guerre civile.

Aux élections du 8 février, il fut au nombre des 43 socialistes révolutionnaires présentés par l’Internationale, la Chambre fédérale des sociétés ouvrières et la Délégation des vingt arrondissements de Paris. Il ne fut pas élu.

Dupas servit la Commune comme médecin major au 125e bataillon de la Garde nationale. Le 6e conseil de guerre le condamna par contumace, le 3 septembre 1872, à la déportation dans une enceinte fortifiée ; il fut amnistié en 1879.
Il était marié, père de quatre enfants.

Il mourut le 26 juillet 1882 à son domicile 14 rue Mayet à Paris (VIe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182688, notice DUPAS Eugène, Romain, dit aussi Edmond, version mise en ligne le 20 juillet 2016, dernière modification le 30 juin 2020.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/862. — Arch. Min. Guerre, 6e conseil (n° 624). — Arch. PPo., listes de contumaces et fichier alphabétique. — Jean Gaumont, Histoire générale de la Coopération en France, t. I. — Charles Rihs, La Commune de Paris. — Jean Dautry et Lucien Scheler, Le Comité central républicain des vingt arrondissements de Paris. — Notes d’état-civil par Isabelle Vallade. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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