BOURSIER Léopold

Par Jean Maitron

Né le 25 Janvier 1839 à Villeneuve-la-Guyard (Yonne) ; mort le 18 avril 1910 à Paris (XXe arr.). Marchand de vins. Sous la Commune de Paris, chef du 14e bataillon de la Garde nationale, puis de la Ire légion ; membre — contesté — du Comité central de la Garde nationale.

Il était, dit-on, frère de l’enfant tué en 1851, rue Tiquetonne, (IIIe arr., maintenant IIe) et qui inspira à Victor Hugo le poème célèbre : « L’enfant avait reçu deux balles dans la tête... »

Lieutenant de la Garde nationale, Léopold Boursier fut nommé par Cluseret, le 10 avril 1871, membre de la cour martiale. C’était lui qui, le 27 mars, avait proclamé, place de l’Hôtel de Ville, la liste des élus de la Commune. Malgré cette notoriété, il fut violemment pris à partie à une séance de la légion du IVe arrondissement ; il voulut y prendre la parole au nom du Comité central, et les citoyens du IVe, qui ne l’avaient pas élu, protestèrent ; un délégué de compagnie voulut l’arrêter pour port d’insignes. Un tumulte s’ensuivit, qu’on évoqua à la séance du Comité central, le 17 avril : le Comité central considérait qu’il pouvait s’adjoindre sans élection des membres qui avaient fait leurs preuves lors de la révolution ; Léopold Boursier proposa alors que les officiers supérieurs fussent non pas élus, mais nommés par le « Ministère ». On apprit le lendemain que les 250 délégués du IVe arr. s’obstinaient, parlaient d’arracher ses insignes à Boursier et disaient qu’ils avaient faits seuls la révolution. Léopold Boursier déclara d’abord « ne pas rester au Comité central dans la position qui lui est faite » (18 avril), puis revint sur sa décision le surlendemain, disant : « Le Comité central m’a maintenu après trois votes, puis se déjuge devant le quatrième » ; et le Comité central le garda comme « membre actif ». Il fut arrêté le 2 mai : il aurait fait évacuer le Palais-National (Palais Royal) par l’un de ses bataillons pour conduire celui-ci à la caserne Napoléon ; Léopold Boursier invoqua les ordres reçus.

Il fut condamné à la peine de mort par contumace le 3 mars 1873 par le 3e conseil de guerre. Il s’était réfugié à Londres, où il fit partie du groupe la Commune révolutionnaire, dont il signa les manifestes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article53784, notice BOURSIER Léopold par Jean Maitron, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 30 juin 2020.

Par Jean Maitron

SOURCES : Procès-Verbaux de la Commune de 1871, Édition critique par G. Bourgin et G. Henriot, tome I, Paris, 1924 ; tome II, Paris, 1945. Publiés par le Service des Travaux historiques de la Ville de Paris, 2 mai 1871 — Enquête parlementaire sur l’insurrection du 18 mars 1871, Paris, Librairie législative Wittersheim, 1872, édition en un vol., p. 497. — Laronze, Histoire de la Commune de 1871, d’après des documents et souvenirs inédits, Paris, Payot, 1928, notamment p. 494. — Les Murailles politiques françaises, Paris, Versailles, la Province, 2 vol., 4 septembre 1870-27 mai 1871, Paris, L. Le Chevalier, éditeur, 1874. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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