ROUSSELOT Michel, François, Joseph

Par Nathalie Viet-Depaule

Né le 21 juillet 1943 à Lyon (Rhône) ; ingénieur à EDF ; responsable national de la JEC (1964-1966) ; syndicaliste CFDT, membre du bureau de la Fédération Gaz-Électricité FGE-CFDT (1975-1983), secrétaire général adjoint de l’Union confédérale des ingénieurs et cadres UCC-CFDT (1984-1991), président du Comité mondial des cadres de la Fédération internationale des employés techniciens et cadres (1990-2000), président du Conseil des cadres européens EUROCADRES (1993-2005) ; membre du Conseil économique et social (1984-1994).

Michel Rousselot
Michel Rousselot

Fils unique de Francisque, Edmond Rousselot, officier, et de Françoise Moiroud, Michel Rousselot vécut son enfance dans la région lyonnaise, sauf pendant quelques années où son père fut en poste en Allemagne. Après l’école primaire publique, il poursuivit, à partir de 1954, ses études secondaires et supérieures au lycée du Parc à Lyon, puis intégra l’École supérieure des Travaux publics à Paris dont il sortit en 1966 avec le diplôme d’ingénieur.

Membre de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) depuis la classe de terminale (1960-1961), Michel Rousselot fit partie, l’année suivante, de l’équipe fédérale qui coordonnait les activités JEC-JECF des classes préparatoires lyonnaises. Il y assuma quelques responsabilités dans le contexte d’aggiornamento du concile Vatican II, ce qui l’amena, l’été 1964, à rejoindre à Paris l’équipe nationale de la branche « prépa ». Il fut responsable national deux ans pendant lesquels la JEC, affichant une position contestataire de la société et de l’Église, fut traversée par une crise très violente. Il fut de ceux qui tentèrent de faire en sorte que ce mouvement puisse continuer à proposer une démarche chrétienne ouverte à l’ensemble des jeunes scolaires et étudiants. Son engagement à la JEC fut décisif : il l’incita à le prolonger dans un militantisme syndical et politique.

Il entama en 1967 une carrière professionnelle dans les services de la production hydraulique d’EDF. Nommé à Annecy (Haute-Savoie), il fut chargé de l’étude, de la réalisation et du suivi d’ouvrages de génie civil (barrages, galeries, conduites forcées, etc.) dans les Alpes du nord. Il choisit d’adhérer, début 1968, à la CFDT, syndicat qui lui semblait le plus propice à jouer un rôle dans la société. Il participa au mouvement de Mai 68, faisant partie du comité de grève et s’impliqua, en même temps, dans le Mouvement des cadres chrétiens (MCC) dont il devint l’un des responsables en Haute-Savoie. Il épousa cette année-là, à Neuville-sur-Saône (Rhône), Marie-Andrée Latreille, la dernière fille de l’historien André Latreille, agrégée de lettres classiques.

À partir de 1970, Michel Rousselot dirigea une équipe d’enseignants et de formateurs en sciences physiques et génie civil dans un établissement de formation professionnelle d’EDF-GDF (La Pérollière), près de L’Arbresle (Rhône). Dans ce cadre, il mit en place des dispositifs de formation permanente pour diverses directions d’EDF. Parallèlement, depuis 1971, il était membre du conseil du syndicat CFDT d’EDF-GDF à Lyon et animait la Commission des ingénieurs et cadres de l’Union départementale du Rhône. Cofondateur d’une association locale de solidarité avec les travailleurs immigrés à l’Arbresle, il avait également rejoint le groupe politique fondé par Robert Buron puis conduit par André Jeanson, « Objectif 72 », qui allait ensuite s’appeler « Objectif socialiste ». Il signa, en 1974, l’appel pour les assises du socialisme et anima le groupe lyonnais qui devait en assurer la préparation au titre de la « troisième composante » (à côté du PS et du PSU). Début 1975, il adhéra au PS.

Nommé en 1976 à la direction du personnel à Paris, au service de la formation professionnelle d’EDF-GDF, Michel Rousselot devint alors délégué fédéral cadres. Le congrès de Guidel (Morbihan) en novembre 1975, l’avait en effet élu au Comité directeur fédéral puis au Bureau de la Fédération Gaz-Électricité CFDT. Il fut responsable, jusqu’en 1983, du Groupe de travail fédéral cadres, qui fit valoir à travers la diversité des réalités professionnelles des cadres la nécessité de développer et de structurer leur syndicalisation. Si les objectifs étaient de représenter les cadres auprès des directions, de faire reconnaître leurs responsabilités et leurs identités professionnelles ou de débattre des questions relatives à la politique de recrutement, à l’évolution des salaires, à la politique de l’énergie, ils visaient aussi à mobiliser des compétences et à formuler des propositions pour construire une société plus juste. Le groupe diffusait régulièrement le résultat de son travail et de ses recherches dans le bulletin Gaz-Électricité, inséré dans la revue Cadres CFDT.

Conjointement, Michel Rousselot avait aussi été élu en 1975 membre de la commission exécutive de l’Union confédérale des ingénieurs et cadres (UCC-CFDT) lors du congrès de Paris où Pierre Vanlerenberghe* était devenu secrétaire général. Il fut successivement trésorier national (1978-1984), secrétaire général adjoint (1984-1991), puis délégué général international (1991-2005). Au sein de l’UCC, qui s’imposa comme la première organisation syndicale de cadres en France, il représenta la Fédération Gaz-Électricité CFDT (1975-1983), fit adopter un nouveau système de financement à partir des cotisations versées par les adhérents, un service pour l’accueil des nouveaux adhérents, conduisit des campagnes de syndicalisation et de communication, préconisa des politiques salariales et, au début des années 1980, fit des propositions de réforme des grandes écoles et de l’enseignement supérieur, co-organisant un colloque SGEN-UCC. À partir de 1979, il siégea au Conseil national confédéral.

Conscient de l’importance de la construction européenne et de la croissance des échanges internationaux, Michel Rousselot fit en sorte que l’UCC établît des relations avec les organisations d’ingénieurs ou cadres d’autres pays. Il présenta en décembre 1981 un rapport international au congrès de Bierville (Essonne) et fit adopter l’adhésion de l’UCC-CFDT à une organisation internationale : la Fédération internationale des employés, techniciens et cadres (FIET) dont il allait être le vice-président du Comité mondial des cadres (1987) puis le président (1990). Il développa de nombreuses relations bilatérales : missions d’études en Suède, en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni ; sessions de l’Université européenne des ingénieurs et cadres (Allemagne et Espagne) ; relations avec des ingénieurs brésiliens, cadres africains, ingénieurs et managers australiens, professionnels et cadres canadiens ; travaux sur les transferts de technologie (Nord/Sud), etc. Il conduisit de 1987 à 1994 des enquêtes sur la situation et les points de vue des cadres dans divers pays européens.

Michel Rousselot fut membre du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) (1983-1985) et du Conseil supérieur du gaz et de l’électricité (1984-1987). Il fut aussi membre du Conseil économique et social, section des activités productives de la recherche et de la technologie (1984-1989), puis section des relations extérieures (1989-1994). À ce titre, il siégea à la commission supérieure de la Caisse nationale de prévoyance (CNP) de 1984-1987.

Dès les années 1980, Michel Rousselot était convaincu de la nécessité de renforcer la construction européenne. Ce fut dans cette perspective qu’il œuvra à la création d’une nouvelle organisation européenne pour représenter les cadres. Le Conseil des cadres européens (EUROCADRES) fut créé le 24 février 1993 à Luxembourg, avec le soutien et la présence d’Emilio Gabaglio, secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES). Rassemblant les représentants de plus de 40 organisations de cadres de 15 pays, il élut Michel Rousselot comme président. Il s’employa à ce qu’EUROCADRES, qui regroupait plus de quatre millions de cadres, fût reconnu par la Commission européenne comme partenaire social européen, et participât au dialogue social et aux négociations européennes entre représentants des syndicats et des employeurs. Il mit l’accent sur l’importance de l’éducation et de la formation pour le développement économique et social de l’Europe, sur la reconnaissance des qualifications et diplômes et sur le besoin de lever les obstacles à une mobilité des personnes librement choisie. Il souligna le rôle de l’Europe pour maitriser la mondialisation et défendit la nécessité d’une constitution pour un renforcement politique et démocratique de l’Union européenne.

En 1998, Michel Rousselot suscita la création du Comité de liaison EUROCADRES-France destiné à rassembler les diverses organisations françaises membres d’EUROCADRES (l’UCC-CFDT, l’UCI-FO, l’UGICA-CFTC, rejoints ensuite par l’UGICT-CGT, l’UNSA et le SNES) afin de favoriser leur coopération. Il aboutit en juillet 1999 à la signature d’un protocole entre le Conseil des cadres européens EUROCADRES et la Confédération européenne des cadres (CEC) pour coordonner leur participation au dialogue social européen. Il siégea de 1993 à 2005 dans plusieurs instances européennes telles que le Comité du dialogue social ou le Sommet social tripartite, ainsi qu’au Comité exécutif de la CES. Il mit fin à ses responsabilités syndicales au congrès d’EUROCADRES de novembre 2005.

Père de trois enfants nés entre 1969 et 1974, Michel Rousselot aime rappeler (2012) que sa femme, professeure, militante au SGEN, à la FCPE et présidente d’une association de soutien aux familles de prisonniers de la maison d’arrêt de Villepinte, a longtemps porté les responsabilités familiales en raison de ses nombreux déplacements.

Il prit sa retraite en 2006, mais représenta encore en 2006-2007 le mouvement syndical international Confédération syndicale internationale (CSI), Comité syndical consultatif auprès de l’OCDE (CSC-TUAC) et CES au comité d’organisation du Forum de Lyon qui revendiquait une « mondialisation responsable ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article140360, notice ROUSSELOT Michel, François, Joseph par Nathalie Viet-Depaule, version mise en ligne le 19 avril 2012, dernière modification le 15 août 2013.

Par Nathalie Viet-Depaule

Michel Rousselot
Michel Rousselot

ŒUVRE : Surveillance et contrôle des ouvrages, ENM-EDF La Pérollière, 1972. – Middle managers in Europe, edited by Yves-Frédéric Livian and John Burgoyne, Routledge, Londres, 1997. – Les cadres en Europe et leurs syndicats au XXIe siècle, EUROCADRES, Bruxelles, 2009. – Articles dans la revue Cadres CFDT.

SOURCES : Arch. JEC. – Arch. FGE-CFDT, boîtes 1 J 9-10, 13-16, 18-25, 26-31. – Arch. UCC-CFDT (notamment les congrès de 1981, 1984, 2001). – Arch. EUROCADRES, brochure « 10 ans 1993-2003 ». – Arch. Conseil économique, social et environnemental. – Revue Cadres CFDT, (notamment les numéros 366, 414, 417, 430-431 : « Cadres salariés à part entière. 40 années des cadres CFDT », septembre 2008). – Entretiens écrits et oraux avec Michel Rousselot (2011-2012). – Notes de Paul Boulland.

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