LE LANN Auguste, Marcel [Dictionnaire des anarchistes]

Par Georges-Michel Thomas, Jean-Yves Guengant

Né le 16 février 1904 à Lambézellec (Finistère), mort le 27 septembre 1974 à Brest (Finistère)  ; chaudronnier à l’Arsenal de Brest  ; militant anarchiste de Brest.

Le Libertaire du 4 septembre 1947, avec l’article de Le Lann sur "Les leçons d’une grève".

Chaudronnier à l’Arsenal dans l’atelier de Victor Pengam et de Jules Le Gall, Auguste Le Lann fit son service à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord), dans un bataillon disciplinaire, et devint secrétaire du comité de la Maison du Peuple à Brest (Finistère). Il en fut le bibliothécaire de 1924 à 1929, en remplacement de Paul Gourmelon. Il présenta le 18 décembre 1935 au nouveau maire, Victor Le Gorgeu, le fonctionnement de la maison du peuple : une société immobilière qui possédait les biens immobiliers, un comité qui gérait les locaux mis à disposition et organisait spectacles, animations, souscriptions, nécessaires à son existence. Ce comité administratif n’ayant pas de statuts propres, était l’émanation des différents syndicats qui occupaient les locaux (8 janvier 1936) et avait un règlement intérieur.
En 1925, il était secrétaire de la Jeunesse syndicaliste. Il participa à la rédaction du journal Le Flambeau, journal anticlérical et anarchiste dans lequel il signa en juin 1927 un article sur l’antimilitarisme. Il s’occupait du service de librairie du journal, mais ne publia plus d’articles sous son nom, voulant rester sur une ligne politique, pacifiste et antimilitariste. Il milita dans le mouvement libertaire, assurant, en particulier, la diffusion du Libertaire à Brest. Il était également membre de la Ligue internationale des combattants de la paix (LICP)
Pendant le mouvement de grève contre les décrets-lois Laval en juillet-août 1935, Auguste Le Lann, responsable de la CGT confédérale, préconisa la grève immédiate et appelle à la manifestation contre l’avis même du secrétaire confédéral, Charles Berthelot. Il fut très actif lors des journées d’août 1935, où l’affrontement avec les gendarmes mobiles fut très violent.
En 1936, il devint secrétaire du groupe de Brest de l’Union anarchiste, puis, en juin 1937, secrétaire de la Fédération libertaire de l’Ouest. Il participa avec René Martin au congrès de l’union anarchiste en 1937 et fut des militants qui organisèrent la solidarité avec la révolution espagnole. Il fut secrétaire de la SIA (Solidarité internationale antifasciste) pour la région de Brest. Inscrit au carnet B, Il fut inquiété par la police en 1940, pendant la Drôle de Guerre, comme les autres libertaires brestois, Jean Tréguer et René Martin. La police lui confisqua ses archives.

Prisonnier de guerre en 1940 et libéré au début de 1941, il fut arrêté le 22 septembre 1942 et interné à Voves, pendant deux mois. La police perquisitionna deux fois à son domicile, saisissant des papiers et des journaux.

Il garda toujours le contact avec ses amis espagnols, en lutte contre le régime franquiste. Dès la libération de Brest, il lutta contre le régime franquiste, présidant le 15 juillet 1945 un meeting au cinéma Vox de Brest, organisé par la Junte espagnole de libération (JEL) pour commémorer le 9ème anniversaire de la révolution espagnole et auquel participèrent des orateurs du Parti socialiste français, de la CGT, de la SIA, de l’UGT, du PSOE et de la CNT-MLE. Après la Libération, il collabora au Libertaire, puis, dans les années soixante, au Monde libertaire. Il était le correspondant local du Libertaire.

En août 1947, choisi comme délégué pour discuter avec la direction de l’Aarsenal, il s’opposa à la direction de la CGT qui refusait de faire grève et l’accusa de collaboration de classe (Libertaire,4 septembre 1947, « Les leçons d’un grève »). Il publia une série d’articles sur le syndicalisme et les luttes à l’arsenal de Brest dans la rubrique « syndicalisme AIT » du Libertaire (août et septembre 1947, juin 1948).
Selon un document des Renseignements Généraux en date du 17 janvier 1948, Auguste Le Lann était le secrétaire général du syndicat CNT de l’Arsenal de Brest. Toujours selon ce document, il avait pris des contacts en février 1948 avec le syndicat FO de cet établissement, mais il refusa de rejoindre FO, répondant favorablement à l’appel de la Fédération anarchiste de maintenir un courant syndicaliste révolutionnaire. Il maintint plusieurs années une section de la CNTF. En 1950, la CNTF brestoise participa à l’action commune de tous les syndicats après la mort de l’ouvrier Édouard Mazé*, tué par un tir le police le 17 avril 1950.
Il animait le groupe anarchiste brestois, sous le nom de « Groupe d’études sociale s », il était le correspondant de la Fédération anarchiste dans le Finistère et luttait pour un « véritable pacifisme », qu’il opposait au Mouvement de la paix, dirigé par le Parti communiste. Il resta membre de la CNTF et de la Fédération anarchiste jusqu’à sa mort en 1974. Dans les années 1950 il collaborait à Action Directe (Paris), bulletin mensuel du syndicat industriel des métaux de la région parisienne. Il collabora dans les années soixante au journal Le Combat syndicaliste, journal de la CNTF.
Il soutint activement le mouvement des objecteurs de conscience, aidant ceux-ci à faire leur dossier, soutenant les objecteurs emprisonnés et luttant pour l’amélioration du statut de l’objection.
Il assistait régulièrement dans les années soixante-dix aux réunions du groupe anarchiste de Brest et sa dernière action fut une participation à une fête pour l’objection de conscience, en juin 1974.
Il s’était marié le 10 mai 1928 à Germaine, Yvette, Marguerite, Pengam (1908-1972). Après plusieurs hospitalisations, Auguste Le Lann mourut le 27 septembre 1974, des suites d’un cancer .

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154006, notice LE LANN Auguste, Marcel [Dictionnaire des anarchistes] par Georges-Michel Thomas, Jean-Yves Guengant, version mise en ligne le 19 avril 2014, dernière modification le 15 avril 2020.

Par Georges-Michel Thomas, Jean-Yves Guengant

Le Libertaire du 4 septembre 1947, avec l’article de Le Lann sur "Les leçons d’une grève".
Troupe de théâtre de la Maison du peuple, interprétant vers 1930 la pièce de Jules Le Gall, "Manants, voici le soleil". Au second rang en partant de la gauche (debout) 1. Auguste Le Lann, 4. René Lochu, 5. Charles Berthelot, futur secrétaire départemental de la CGT, mort en déportation.

SOURCES : Arch. Dép. Finistère, 31 W 439. — Notes autobiographiques. — Le Libertaire, n° 572, 21 octobre 1937. — Le Libertaire, 28 août 1947, 4 septembre 1947, 12 février, 25 mars, 21 avril, 25 juin 1948. — Espoir, 20 octobre 1974. — Notes de J.-M. Lebas, René Bianco et Louis Botella. —Dossier de la maison du peuple, 1 M 159, archives de Brest Métropole.— État civil de Lambézellec. — Notes de Rolf Dupuy.

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