BADIOU Alain

Né le 17 janvier 1937 à Rabat (Maroc) ; professeur, philosophe ; militant des mouvements de jeunesse de la SFIO et du PSA, membre du PSU puis du mouvement maoïste.

Son père, Raymond Badiou, professeur agrégé de mathématiques, enseigna au Maroc où Alain Badiou naquit. Maire de Toulouse de 1944 à 1959, il quitta la SFIO pour le PSA puis le PSU. Le fils suivit un itinéraire similaire. Élève brillant aux lycées Bellevue puis Pierre-de-Fermat de Toulouse, il intégra l’École normale supérieure (lettres) en 1956 et fut reçu major de l’agrégation de philosophie en 1960. Nommé professeur au lycée de Reims (Marne), il devint vite assistant de philosophie au collège littéraire de Reims. Dès sa création il fut nommé à l’Université de Vincennes, puis à Saint-Denis (prolongement de Vincennes) et enfin à l’ENS.

Militant des Jeunesses socialistes et de la SFIO, il rejoignit les JSA et le PSA, avant de participer à la création du PSU. En 1965, il était secrétaire de la fédération de la Marne du PSU. Son épouse Françoise, née le 31 décembre 1935 à Rouen (Seine-Inférieure), adhérait aussi au PSU. Dans le contexte de mai 1968, il fut attiré par le maoïsme et participa à l’UJCML (Union des jeunesses communistes-marxistes léninistes). Il écrivit en 2004, que le maoïsme fut « le seul courant politique novateur et conséquent de l’après-Mai 68 » S’il s’éloigna de la vie politique de la gauche et de l’extrême gauche, il ne resta pas indifférent aux évolutions politiques comme en témoignent la création en 1982 de l’Organisation politique et la création avec Natacha Michel du journal militant Le Perroquet. Philosophe « marxien », il emprunta aux mathématiques pour renouveler la dialectique hegelienne et opposa au « poème » heideggerien le concept de « mathène ».

Son essai intitulé Le Siècle propose un bilan philosophique et politique affirmant la « passion du réel » : ce que le XIXe siècle a rêvé, le XXe siècle a voulu à toute force le réaliser, faire table rase, créer un homme nouveau. Pour les « militants du siècle », il faut « toujours recommencer l’épuration ». Il condamne les « restaurateurs de la servilité impériale et capitaliste » et oppose le « Tous ensemble » des cheminots grévistes de 1995 aux calculs égoïstes du « capitalo-parlementarisme ».

Le livre pamphlet d’Alain Badiou De quoi Sarkozy est-il le nom ? (Lignes, 2007) connut un grand succès. Il proposait à ses lecteurs une « nouvelle morale » pour n’« être ni rat ni déprimé », un nouveau « courage ». Alain Badiou fut un auteur sollicité par la presse et les débats militants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15460, notice BADIOU Alain, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 20 septembre 2021.

ŒUVRE : « L’autonomie du processus historique. » Cahiers Marxistes-Léninistes (Paris : École Normale Supérieure) 12/13 (1966) : 77-89. — « Le (re) commencement du matérialisme dialectique. » in Pour Marx, Althusser et al., Lire le Capital. Critique 240 (May 1967) : 438-467. — Contribution au problème de la construction d’un parti marxiste-léniniste de type nouveau [collectif]. Paris : Maspero, 1969. — Le mouvement ouvrier révolutionnaire contre le syndicalisme [pamphlet]. Marseille : Potemkine, 1976. — Badiou et Lazarus, eds., « La Situation actuelle sur le front de la philosophie », Cahiers Yenan No. 4. Paris : Maspero, 1977. — « Le Flux et le parti (dans les marges de L’Anti-Oedipe) », in La Situation actuelle sur le front de la philosophie... (1977). 24-41. — La ’contestation’dans le PCF [pamphlet]. Marseille : Potemkine, 1978. — Jean-Paul Sartre [pamphlet]. Paris : Potemkine, 1981. — « Qu’est-ce que Louis Althusser entend par ’philosophie » ? Politique et philosophie dans l’œuvre de Louis Althusser. Éd. Sylvain Lazarus, PUF, 1993. — Le Concept de modèle. Introduction à une épistémologie matérialiste des mathématiques, Maspero, 1972. — Théorie de la contradiction, Maspero, 1975. — De l’idéologie, Maspero, 1976. — Théorie du sujet, Seuil, 1982. — Peut-on penser la politique ?, Seuil, 1985. — L’Être et l’événement, Seuil, 1988. — Manifeste pour la philosophie, Seuil, 1989. — Le Nombre et les nombres, Seuil, 1990. — Rhapsodie pour le théâtre, Le Spectateur français, 1990. — D’un désastre obscur (Droit, État, Politique), L’Aube, 1991. — L’Éthique : Essai sur la conscience du mal. Paris : Hachette, 1993. — Beckett : L’increvable désir. Paris : Hachette, 1995. — Gilles Deleuze : « La clameur de l’Être », Hachette, 1997. — Saint Paul et la fondation de l’universalisme, PUF, 1997. — Court traité d’ontologie transitoire. Paris : Seuil, 1998. — Abrégé de métapolitique, Seuil, 1998. — Petit manuel d’inesthétique. Paris : Seuil, 1998. — L’Écharpe rouge [romanopéra]. Paris : Maspero, 1979. — Ahmed le subtil [théâtre]. Arles : Actes Sud, 1994. — Le Siècle, Seuil, 2005. — Logique des mondes. L’être et l’événement, t. 2, Seuil, L’Ordre philosophique, 2006.

SOURCES : Arch. Nat., fonds PSU.

ICONOGRAPHIE : Denis Huisman, Louis Monier, Visages de la philosophie, Arléa, 2005.

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