Par Guillaume Davranche
Né le 24 août 1929 à Paris 4e ; étudiant, puis magistrat ; anarchiste, puis gaulliste.
Issu d’une famille de juristes, alpiniste de haut niveau, Pierre Mazeaud fut, en 1950-1951, militant à la commission étudiante de la Fédération anarchiste (FA).
Étudiant à la faculté de droit de Paris, travaillant en parallèle comme pion au collège Sainte-Barbe, il signa au total onze articles dans Le Libertaire sous le pseudonyme Pierre Hem, entre le 14 juillet 1950 et le 25 mai 1951. Il y parlait des luttes étudiantes, mais aussi d’anticolonialisme, et défendait la stratégie de « troisième front » (ni Staline, ni Truman) de la FA. Par goût de la provocation il ne manqua pas de transmettre des coupures de ses articles à son père, ses oncles et son grand-père.
Durant l’année 1950, il entretint également une correspondance avec Albert Camus*.
Farouchement antigaulliste, antifasciste et anticlérical, Pierre Mazeaud participa aux ventes du Libertaire et de La Calotte à la faculté de droit, au prix de violentes altercations avec l’extrême droite. L’une d’elles lui fit faire le coup de poing contre Jean-Marie Le Pen, alors président de la corpo de droit.
Le journaliste Denis Perken cita Pierre Mazeaud comme un exemple de jeune anarchiste engagé, dans son article « L’anarchie en 1951 », dans Combat du 12 avril 1951.
Le jeune homme arrêta ensuite de militer pour se consacrer à ses études, à sa carrière de magistrat et à l’alpinisme. Devenu gaulliste et chargé de mission au cabinet du Premier ministre, Michel Debré, il entama ensuite une carrière politique qui le vit, entre autres, député, maire, secrétaire d’État puis président du Conseil constitutionnel.
Par Guillaume Davranche
SOURCES : Combat du 12 avril 1951 — « Jacques Chirac au secours de la CNT », Le Monde du 7 août 1999 — Olivier Guillaumont, Pierre Mazeaud l’insoumis, Éditions Guérin, 2012.