BERTHELOT Paul (Maurice, Paul) [Dictionnaire des anarchistes]

Par Marianne Enckell

Né le 26 juillet 1881 à Auxerre, mort le 2 novembre 1910, à Conceição do Araguaia (état du Pará, Brésil) ; anarchiste et espérantiste.

Arquivo Histórico-Social, Lisbonne

Fils illégitime du scientifique Paul Bert, qui allait devenir quelques mois plus tard ministre de l’instruction publique, il fut reconnu par un boulanger d’Auxerre, qui portait aussi le nom de Paul Berthelot. Il resta toute sa vie très discret sur ses véritables origines. Il suivit des études secondaires brillantes au lycée de Reims, où il commença également à apprendre l’espéranto. A la rentrée 1900, il suivit la classe de mathématiques supérieures au lycée Saint-Louis. Il entra aussi en contact avec les milieux anarchistes et abandonna la religion catholique.

Recalé à l’école polytechnique, Berthelot entreprit alors des études de médecine, puis s’enfuit en Espagne pour éviter le service militaire.

En 1904, établi à Céret (Pyrénées orientales), il fonda une association espérantiste qui regroupait les catalans des deux côtés des Pyrénées, et rédigea leur bulletin Espero de Katalunjo. En 1905, il fonda la revue Esperanto, publiée d’abord à Perpignan, qu’il transmit au Genevois Hector Hodler l’année suivante. Il y publia la première tentative de dictionnaire unilingue en espéranto. En 1906, il séjourna à Genève à l’occasion du 2e congrès universel de l’Esperanto, où il rédigea trois des quatre circulaires qui permirent de lancer le périodique Internacia Socia Revuo, première revue espérantiste prolétarienne. L’espéranto était alors très prisé dans tous les milieux. En septembre, peu après le congrès, Berthelot partit « pour l’Uruguay en missionnaire déterminé de l’évangile espérantiste » (Journal de Genève, 23 septembre 1906).

C’est au Brésil qu’il s’établit, entrant en relation avec les anarchistes de Rio de Janeiro ; il s’y fit connaître sous le pseudonyme de Marcelo Verema. Il enseigna l’espéranto et le français à l’école Berlitz, avant de se faire renvoyer pour propagande antimilitariste. Il hésita alors à retourner en Europe, puis partit étudier les mœurs des natifs brésiliens. Il tenta de s’établir avec un compagnon anarchiste dans l’état de Goias, au bord de la rivière Araguaya. Après l’échec de cette tentative, il resta sur place en tant qu’inspecteur des rivières pour la compagnie naviguant sur l’Araguaya. C’est alors qu’il écrivit sa parabole anarchiste, L’Evangile de l’Heure. Il repartit ensuite vers le nord.

Ayant contracté la tuberculose et subi divers déboires, il frappa en mai 1910 à la porte du monastère dominicain de Conceição do Araguaia. Là, il semble qu’il soit retourné peu à peu vers la religion catholique, et qu’il ait consacré ses dernières forces à la rédaction d’un manuel d’Espéranto en latin, le Compendium grammaticæ Esperanti, qui ne sera jamais publié. Il y mourut le 2 novembre 1910.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156315, notice BERTHELOT Paul (Maurice, Paul) [Dictionnaire des anarchistes] par Marianne Enckell, version mise en ligne le 7 mars 2014, dernière modification le 9 décembre 2018.

Par Marianne Enckell

Arquivo Histórico-Social, Lisbonne

ŒUVRE : L’évangile de l’heure, préface de Neno Vasco, Publications des Temps Nouveaux, n°54, 1912 - Vocabulaire Français-Esperanto / Esperanto-Français, avec Th. Cart et M. Merckens, Hachette, 1907, rééd. Lacour, 1993.

SOURCES : Wikipedia — Sites espérantistes — Note biographique par Neno Vasco. — Marielle Giraud, « Paul Berthelot, unévangéliste méconnu », in Rêves et passions d’un chercheur militant, mélanges offerts à Ronald Creagh, Lyon, ACL, 2016.

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