BRACHELET Victor

Par Yves Le Maner

Né le 25 février 1883 à Somain (Nord), mort le 15 novembre 1953 à Somain ; négociant en vins ; militant socialiste puis communiste ; maire de Somain (1912-1939), conseiller d’arrondissement pour le canton de Marchiennes, puis conseiller général (1932-1939).

Plaque sur la tombe de Victor Brachelet
Plaque sur la tombe de Victor Brachelet
Fourni par Jean-René Genty

Négociant en vins et spiritueux, Victor Brachelet appartenait aux classes moyennes qui furent avec les ouvriers du textile à l’origine du développement du mouvement socialiste dans le département du Nord. Élu maire de Somain en 1912 à la tête de la liste du Parti SFIO, il échoua par contre aux législatives de 1914 dans la 2e circonscription de Douai.

Mobilisé de 1914 à 1918, mutilé de guerre, il fut réélu à la tête de la municipalité de Somain en 1919 et entra au conseil d’arrondissement comme représentant du canton de Marchiennes ; le conseil devait le porter à sa présidence. Déjà considéré comme un minoritaire au sein de la direction de la Fédération socialiste du Nord où dominait la tendance modérée par J.-B. Lebas, Brachelet avait été désigné comme candidat aux législatives générales de 1919 par l’assemblée des sections du Douaisis. Or, s’appuyant sur quelques sections opposées à cette décision, la commission administrative fédérale imposa la candidature de l’avocat Léon Escoffier.

Partisan de la première heure de l’adhésion à la IIIe Internationale, Victor Brachelet fit partie du noyau des fondateurs du Parti communiste dans le Nord. Le 16 janvier 1921, il présida le congrès des sections socialistes du Douaisis qui décida un ralliement complet et sans réserves au Parti communiste SFIC. Leader principal de PC dans l’arrondissement de Douai dans les années 1920, il appartint longtemps au comité de la Fédération régionale Nord-Pas-de-Calais et fit partie du bureau du rayon de Somain dès sa création en 1924.
Jouissant d’une très grande popularité parmi ses concitoyens du fait de son grand dévouement mais aussi de sa souplesse idéologique, il fut reconduit dans ses fonctions de maire en 1925, 1929 et 1935, et accéda au poste de conseiller général du canton de Marchiennes en 1932.

Déjà considéré comme un « vieux militant » et comme un notable au sein du PC, Victor Brachelet dut subir la pression des « jeunes loups » dès le début des années 1930, ces derniers lui reprochant en particulier de ne pas suivre à la lettre les consignes de la direction nationale. Ainsi, à la veille de l’organisation à Somain d’une anodine fête de musique prévue pour le 23 mai 1930, le comité du rayon de Douai condamna à l’unanimité Brachelet et quelques-uns de ses conseillers municipaux pour s’être « ... engagés dans l’organisation de cette fête à caractère bourgeois », ce qui constituait « ... une rupture avec la politique classe contre classe de notre Parti... ». Cette condamnation, disproportionnée eu égard à la futilité de l’argumentation, fut cependant approuvée par le comité régional qui infligea un blâme à Brachelet.

Si le passage à la tactique du « front commun » avec les socialistes adoptée dans le courant des années 30 permit à Victor Brachelet de rester en accord avec son parti, l’annonce de la conclusion du Pacte germano-soviétique en septembre 1939 et l’agression contre la Pologne le poussèrent à une rupture immédiate avec le PC. Le 17 septembre, il signait avec Delvallée*, Wantelet* et Nézé* (voir ces noms) - un télégramme adressé à Marcel Cachin (alors considéré comme la plus haute autorité morale au sein du PC) rédigé dans des termes sans équivoque : « Marcel Cachin, sénateur Seine-Paris, depuis invasion Pologne, conséquence au pacte Hitler-Staline, attendons vainement votre réprobation. Qu’attendez-vous de pire encore pour vous désolidariser de cet attentat monstrueux contre le socialisme, contre l’Humanité, contre la Paix ? »

En compagnie des avocats Delvallée et Wormser, Brachelet entreprit une tournée dans le Nord et le Pas-de-Calais pour amener les militants de base et les cadres locaux à désavouer la politique de l’URSS et de la direction du PCF, mais ils ne rencontrèrent qu’un écho très limité.

Révoqué de ses mandats électifs en octobre 1939 malgré ses prises de position, Victor Brachelet déploya une activité exemplaire au sein de la Résistance pendant l’occupation nazie.

Semon Jean-René Genty : "Il aurait été victime d’une tentative d’exécution menée par les FTP. Mais évidemment,il s’agit d’évocations orales."

Réélu maire de Somain en 1945 et 1947 à la tête d’une liste de « Concentration ouvrière et paysanne antifasciste » soutenue par la SFIO, il mena une dernière campagne à l’occasion des cantonales de juillet 1950, s’exposant à de violentes attaques émanant du Parti communiste, ses réunions étant systématiquement perturbées.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17756, notice BRACHELET Victor par Yves Le Maner, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 26 mars 2011.

Par Yves Le Maner

Plaque sur la tombe de Victor Brachelet
Plaque sur la tombe de Victor Brachelet
Fourni par Jean-René Genty

SOURCES : Arch. Nat. F7/13610. — Arch. Dép. Nord, M 37/74, M 154/190 A et M 154/191. — Cahiers du Bolchevisme, juillet 1930. — J. Fontaine, mémoire de maîtrise, Lille III, 1974, op. cit.

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