Blond (Haute-Vienne), 7 août 1944

Par Dominique Tantin

La colonne Ottenbacher chargée de détruire les maquis des Monts de Blond fit 28 victimes parmi les maquisards FTPF et les civils à Blond (Haute-Vienne), notamment au village des Ramades et huit au lieu-dit Les Riffauds, sur la commune de Cieux.

Stèle commémorative à Blond (Haute-Vienne)
Stèle commémorative à Blond (Haute-Vienne)
Crédit : MémorialGenWeb

Le maquis des Monts de Blond était la plus importante formation de résistants du département, après celui de Georges Guingouin. Il était constitué par six compagnies FTP : la 2407e (au camp de Savary près de Blond), la 2409e (à Boissour), la 2401e (à Bois-Sournet), la 2430e (aux Ramades de Blond), la 2437e (au Four de Cieux) et la 2438e (à La Borderie). Il disposait en outre d’un hôpital organisé au Breuil et d’un terrain de parachutages à Savary. (D’après l’article Blond de Wikipédia).
Le 6 août 1944, les unités de la colonne Ottenbacher convergèrent vers les Monts de Blond afin de tenter un encerclement des maquisards de Blond, de Cieux et de Vaulry.
Cette formation, à l’instar de la colonne Jesser, de la Division Brehmer et la Division Das Reich a pour mission de sécuriser les arrières des troupes d’occupation en détruisant les « bandes » de maquisards. Connu sous le nom de groupement Ottenbacher (du nom du général le commandant), elle comprenait un bataillon du 15ème régiment de grenadiers de réserve (vraisemblablement le 163ème bataillon) venant de Clermont-Ferrand et deux compagnies du 19ème régiment de police SS en garnison à Limoges aidés de miliciens. Elle relevait du LXVIe corps de réserve affecté depuis le 8 juin 1944 au MBF et combinait l’action de forces de police et d’unités de la Wehrmacht. « L’enquête sur l’action Ottenbacher l’a prouvé, le SD et les formations, unités militaires, unités de la police, SS et unités arméniennes travaillèrent en parfaite harmonie » (Gaël Eismann, Hôtel Majestic, p. 444) en mettant en œuvre une répression et des représailles impitoyables conformément aux directives reçues depuis le printemps. Selon l’ordonnance du maréchal Hugo Sperrle, adjoint du haut commandant de l’Ouest, promulguée le 12 février 1944, « en cas d’attaque “ terroriste ”, la troupe était tenue de répliquer tout de suite en ouvrant le feu. Si des civils innocents étaient malencontreusement touchés, c’était regrettable, mais la responsabilité en incombait exclusivement aux “ terroristes ”. Les maisons qui avaient abrité les partisans devaient être incendiées. Sur ces points, l’ordonnance de Sperrle restait probablement compatible avec les lois internationales de la guerre. Le passage critique de cette ordonnance était le suivant : “ Il ne faut punir que le chef manquant de fermeté et de résolution car il menace la sécurité des troupes qui lui sont subordonnées et l’autorité de la Wehrmacht allemande. Face à la situation actuelle, des mesures trop sévères ne peuvent entraîner de punition pour leurs auteurs. ” La troupe avait désormais le champ libre quant au choix des moyens de combats contre la Résistance. Un chef radical pouvait ainsi facilement abuser de cette liberté. L’ordonnance Sperrle fut complétée le 4 mars par un ordre du maréchal Wilhelm Keitel selon lequel les francs-tireurs capturés avec une arme à la main devaient être fusillés et non plus livrés aux tribunaux militaires. » (Peter Lieb, in Gaël Eismann et Stefan Martens, (dir.), op. cit., p. 176-177).


Gaby Vignaud, commandant du 1er bataillon FTPF, donna l’ordre à la compagnie de prendre la direction de Nantiat où une liaison devait avoir lieu avec d’autres unités, à proximité de l’actuelle nationale 147. Ces unités ne se présentant pas, une patrouille fut envoyée en reconnaissance et devant la supériorité des troupes ennemies, elle se replia sur Cieux. Le 7 août 1944 vers 5 heures 30, le lieutenant Madigou, l’adjudant Boutaud et le chauffeur Duverneuil, partirent en repérage afin d’évaluer les effectifs des troupes allemandes dans le secteur de Nantiat. À l’entrée de Vaulry, ils tombèrent dans une embuscade, une fusillade éclata et le lieutenant Madigou fut tué tandis que l’adjudant Boutaud et le chauffeur Duverneuil étaient blessés. À 7 heures, le jardinier de l’école Sainte-Marguerite de Cieux se rendit au PC de la compagnie et l’informa de la présence d’Allemands dans le bourg. Vers 8 heures, la 2407e prit la route de Bellac, mais au lieu-dit Thoveyrat de Blond, la compagnie tomba sur un groupe de soldats allemands et une violente fusillade se déclenche. Les civils sur place payèrent un prix très lourd : monsieur Principaux et sa fille de neuf ans furent tués, madame Principaux fut gravement blessée en voulant protéger sa fille. Les maquisards se replièrent vers les Monts de Blond. Les Allemands réussirent à pénétrer le camp du Savary pour l’incendier ainsi qu’une ferme proche, faisant 23 morts parmi les résistants et les civils. À Cieux, deux sections prirent position au lieu-dit les Rivauds non loin du bourg, une troisième à Puymeunier afin d’assurer un renfort en cas de repli. Des automitrailleuses allemandes venant du bourg se dirigèrent vers Puymeunier. La bataille s’engagea immédiatement, faisant de nombreux morts. (D’après l’article Blond de Wikipédia).


Liste des victimes mortes pour la France au village des Ramades ou à proximité dont les noms sont inscrits sur la stèle commémorative en face de la mairie de Blond et sur le monument aux morts du Jardin d’Orsay à Limoges
BICHAUD Jean
BLUM Lucien
BOUTTER Théodore tué le 19 juillet 1944 à Roussac (Haute-Vienne)
CHAPUT Martial
COLOMBEAU Gilbert Hugues Georges Fernand
CROUZIL Mathurin
DINTRAS Pierre Eugène
DORELET Fernand Pierre Joseph
DUFOURNEAU Victor Ernest
GABEL Auguste
GUENANT Martial
HENNY Marcel Émile
JOLY Joseph
KLEIN René
LAPUELLE Auguste
LITCHENSTEIN Vladimir
LORGUE Auguste
MOURIOUX François
PRINCIPAUX Jean
PRINCIPAUX Michelle
PUYGRENIER Pierre
VILLELÉGER Auguste Léonard
VIRONDEAU André mort le 21 juillet 1944 à Berneuil (Haute-Vienne)


Il convient d’ajouter à cette liste les noms suivants, mentionnés sur le relevé du site MémorialGenWeb, le premier mort à une autre date et dans un autre endroit de la commune, les trois autres exhumés le 9 février 1945 aux Ramades.
DUCHADEAU Jean 11 juillet 1944
DUCLOUS François juillet 1944
LAFOND Henri Joseph juillet 1944
MANEUF Jean Henri juillet 1944



Huits résistants capturés furent sommairement exécutés le 7 août au lieu-dit Les Rivauds, sur la commune de Cieux, où une stèle fut érigée à leur mémoire. Il s’agit de :

COMPAIN Moïse
LANARDE Jean, Léon
RIFFAUD Jean
NORMAND Louis
PESCHER Henri
PIOFFRET André, François
PROVEDI Léon, Pierre
PRUNELLI Victor

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article194912, notice Blond (Haute-Vienne), 7 août 1944 par Dominique Tantin, version mise en ligne le 28 août 2017, dernière modification le 16 février 2022.

Par Dominique Tantin

Stèle commémorative à Blond (Haute-Vienne)
Stèle commémorative à Blond (Haute-Vienne)
Crédit : MémorialGenWeb
Stèle commémorative à Blond (Haute-Vienne) : liste des noms
Stèle commémorative à Blond (Haute-Vienne) : liste des noms
Crédit : Bernard Pommaret

SOURCES : Encyclopédie en ligne Wikipédia, article Blond. — Peter Lieb, Répression et massacres. L’occupant allemand face à la Résistance française, 1943-1944, in Gaël Eismann et Stefan Martens, (dir.), Occupation et répression militaire allemande, 1939-1945, la politique de maintien de l’ordre en Europe occupée, Paris, Éditions Autrement-Institut historique allemand, 2007, p. 169-185. — Gaël Eismann, Hôtel Majestic, Ordre et sécurité en France occupée (1940-1944), Paris, Tallandier, 2010, p. 444. — Vivre à Cieux, stèle des Rivauds.

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