DIEN Raymonde [née HUBERDEAU Raymonde, Émilia, Octavie]

Par Claude Willard

Née le 13 mai 1929 à Mansigné (Sarthe), morte 19 août 2022 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ; sténodactylo ; emprisonnée en 1950 pour s’être opposée physiquement à la guerre du Vietnam ; dirigeante de l’UJFF (1951-1958).

Raymonde Dien (à gauche) au Festival de la Jeunesse à Bucarest, 1953
Raymonde Dien (à gauche) au Festival de la Jeunesse à Bucarest, 1953
Photographie prise par Robert Aimé* et communiqué par lui. Commentaire de son carnet de voyage : "Tout un symbole ! Raymonde Dien montre le fanion offert par la délégation vietnamienne"

Le père de Raymonde Huberdeau, Octave Huberdeau, était ouvrier charpentier ; sa mère, Émilia, née Erval, élevait ses trois enfants.

Raymonde Huberdeau fit ses études primaires à Chemillé-sur-Dême (Indre-et-Loire) jusqu’à son certificat d’études. Mais le père de famille étant prisonnier de guerre, sa femme et ses enfants durent, pour gagner leur vie, assumer de petits boulots. Quand son père rentra de captivité en Autriche, en 1943, Raymonde Huberdeau put entrer dans un centre d’apprentissage à Tours que Germaine Vieuguet* avait dirigé. Elle devint ainsi sténo-dactylo.

D’une famille communiste, Raymonde Huberdeau adhéra au PCF et devint, en août 1947, secrétaire d’André Vieuguet, secrétaire fédéral du PCF d’Indre-et-Loire. Elle se maria, le 23 juillet 1949, avec Paul Dien, tourneur-ajusteur de son métier. Le couple eut trois enfants : Catherine (20 octobre 1954), Dominique (13 juin 1957) et Pascal (27 août 1958). Tous deux militaient à l’Union des Vaillants et Vaillantes (UVV), Paul Dien y était secrétaire fédéral et en devint permanent en région parisienne.

Le 23 février 1950, à la nouvelle qu’un convoi de tanks à destination du Vietnam allait traverser la gare de triage de Saint-Pierre-des-Corps, la fédération communiste organisa une puissante manifestation. Pour stopper le train, deux militants se couchèrent sur les voies : René Jannelle (un des secrétaires fédéraux) et Raymonde Dien. Son signalement ayant été donné, Raymonde Dien fut arrêtée le jour même.

Après 36 jours de prison cellulaire à Tours, dans la nuit du 31 mars au 1er avril 1950, entourée de quatre policiers, Raymonde Dien fut transférée au Fort du Hâ, à Bordeaux (Gironde). Une puissante campagne de solidarité popularisa l’action courageuse de Raymonde Dien. Le 1er juin 1950, elle fut condamnée par le tribunal militaire de Bordeaux à un an d’emprisonnement pour atteinte à la sûreté extérieure et intérieure de l’État ; elle fut privée de ses droits civiques pendant 15 ans ; elle fut libérée le 24 décembre 1950.

Internationalement connue, Raymonde Dien fut invitée, en avril 1951, par la Jeunesse polonaise, puis, pour le 1er Mai, à Moscou, par le Comité antifasciste des Femmes, et, en août, elle participa au Festival de la Jeunesse à Berlin, en 1953 à celui de Bucarest, en 1955 à celui de Varsovie. En 1952, elle fit partie d’une délégation de la Jeunesse française en Chine.

Le couple Dien s’installa en région parisienne, à Nogent-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne) en 1951, puis à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis) en 1954. Raymonde Dien fut membre du bureau fédéral et national de l’Union des jeunes filles de France (UJFF) et, après avoir suivi, en juin-juillet 1951, l’École centrale des Femmes du PCF (à Viroflay), devint secrétaire nationale de l’UJFF. En même temps, du 1er janvier 1951 au 31 décembre 1952, Raymonde Dien travailla conjointement à la Fédération internationale des syndicats de l’enseignement (FISE) avec Paul Delanoue et au journal Regards. En 1956, elle participa, avec Henri Martin, au Congrès de la jeunesse vietnamienne, à l’issue duquel ils furent reçus par Hô Chi Minh*. Le 16 juin 1957, Raymonde Dien fut élue au comité fédéral du PCF.

Après la naissance de son troisième enfant, Raymonde Dien quitta, à sa demande, la direction de l’UJFF (décembre 1958) et le comité fédéral (21 juin 1959).

_Du 1er avril 1960 à juillet 1963, Raymonde Dien travailla comme secrétaire de Jean Breteau, à la Fédération de la Métallurgie CGT. Elle fut ensuite employée comme secrétaire de la Régie générale de publicité, qui devint l’Agence centrale de publicité (ACP), œuvrant pour la presse communiste. Durant toute cette période (de février 1963 à septembre 1985), Raymonde Dien fut une militante de base à Saint-Denis au PCF et à l’UFF.

En septembre 1985, elle partit en pré-retraite tout en regrettant que son poste soit supprimé. Avec son mari, elle se retira en Touraine. Elle s’inscrivit à l’ANPE jusqu’à l’obtention de sa retraite, en mai 1989. En dépit d’une "certaine amertume", Raymonde Dien resta communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22707, notice DIEN Raymonde [née HUBERDEAU Raymonde, Émilia, Octavie] par Claude Willard, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 6 septembre 2022.

Par Claude Willard

Raymonde Dien lors de son procès en juin 1950.
En 1953 , le sculpteur soviétique Valerian Kirhoglani réalisa une statue qui fut érigée au Parc de la Victoire à Léningrad. Elle représente Raymonde Dien, assise sur une voie de chemin de fer, le buste redressé, le bras levé en signe de défit, une écharpe à la main . Une copie de cette statue existe également à Zelenogorsk ( kraï de Krasnoyarsk ).
Raymonde Dien en août 1951 à Berlin-Est
Raymonde Dien (à gauche) au Festival de la Jeunesse à Bucarest, 1953
Raymonde Dien (à gauche) au Festival de la Jeunesse à Bucarest, 1953
Photographie prise par Robert Aimé* et communiqué par lui. Commentaire de son carnet de voyage : "Tout un symbole ! Raymonde Dien montre le fanion offert par la délégation vietnamienne"

ŒUVRE : Un train pour l’indépendance, la Paix et le Bonheur, Les mémoires de Raymonde Dien, brochure, conception Pellicams, Production Imprimerie Grenier, 2015.

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. — Cyrille Boisse, L’Opposition aux guerres de décolonisation (Indochine, Algérie) en Indre-et-Loire, mémoire de maîtrise, Université F. Rabelais de Tours, 1998. — Interview (décembre 1999). — Paul Boulland, Acteurs et pratiques de l’encadrement communiste à travers l’exemple des fédérations PCF de banlieue parisienne (1944-1974), thèse de doctorat d’histoire, Paris 1, 2011. — Notes de Robert Kosmann.

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