DUFRICHE Marcel, Pierre, Louis

Par Claude Willard

Né le 16 octobre 1911 à Monaco, mort le 9 mai 2001 à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ; contrôleur des douanes ; militant communiste et syndicaliste, membre suppléant (1950-1956) puis titulaire (1956-1964) du comité central du PCF ; maire de Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) de 1971 à 1984.

Son père, chef jardinier au Palais, lui fit poursuivre ses études chez les Frères des écoles chrétiennes, à Monaco puis à Bordighera (Italie). Muni du baccalauréat, Marcel Dufriche travailla comme contrôleur des Douanes de 1929 à 1932. Après son service militaire, ce fut à Givet (Ardennes), où il fut affecté, qu’il commença sa vie militante aussi bien sur le plan syndical que politique. Secrétaire de la section des Douanes sédentaires CGT de Charleville, il adhéra au Parti communiste au lendemain de la grève du 12 février 1934. Muté à Rouen, il présida en 1935 le Front populaire de cette ville. Il entra au comité régional mais en fut retiré en 1938 à la suite d’un jugement très sévère de la commission des cadres sur son questionnaire autobiographique.

En 1936, il devint secrétaire permanent de l’Union locale des syndicats de Dieppe, détaché de l’administration des Douanes. Son nom figura sur la liste des membres de la commission exécutive de l’Union départementale CGT en 1938-1939. Son action syndicale, pendant la grève générale du 30 novembre 1938, lui valut une condamnation à trois mois de prison pour entrave à la liberté du travail et sa première révocation de l’administration. Il fut cependant réintégré dans les Douanes en avril 1939.

Mobilisé en septembre 1939, un conseil de guerre le condamna, en décembre 1939, à six mois de prison pour reconstitution (à l’occasion d’une permission) du PC à Dieppe. Il fut à nouveau révoqué de l’administration. Fait prisonnier à Boulogne-sur-Mer, en mai 1940, Marcel Dufriche, envoyé au Stalag VIII C, s’évada « légalement » en se faisant passer pour infirmier (mars 1941).

En avril 1941, il participa comme militant illégal aux activités clandestines du PC en Seine-Inférieure. Il en devint responsable régional jusqu’en octobre 1942, travaillant notamment avec Feldman, Pican (fusillés) et Duroméa. Remplacé à Rouen par André Tollet*, il devint tour à tour responsable régional dans la Somme, interrégional en Champagne-Bourgogne (Aube, Marne, Côte-d’Or, Yonne, Saône-et-Loire). En octobre 1943, il fut interrégional de Bretagne (couvrant huit départements). Marcel Dufriche fut arrêté par la Gestapo à Rennes en février 1944, torturé, condamné à mort mais sa peine fut commuée en déportation. Il s’évada du train, le 29 juin 1944. En juillet, il fut envoyé à Nancy comme représentant du comité central. Son rôle pendant l’Occupation lui valut la médaille de la Résistance.

Après la Libération, réintégré dans les Douanes mais mis à la disposition du mouvement syndical, Marcel Dufriche partagea son engagement entre la CGT et le PCF. Secrétaire de B. Frachon d’octobre 1944 à 1950, il était aussi conseiller municipal du Perreux-sur-Marne où il habitait (1947-1959). Lors de la scission de 1947, il prit le secrétariat des Douanes sédentaires CGT et participa à la direction de la Fédération des Finances. À partir de 1950 et jusqu’en 1965, il siégea à la commission administrative de la CGT et occupa successivement la responsabilité des commissions confédérales d’organisation, de la jeunesse, de la main-d’œuvre immigrée et, pour la France d’outre-mer, ces deux dernières simultanément.

En 1953, il fut un des militants (avec Le Léap et Frachon) poursuivis pour leur action contre la guerre du Vietnam. Mais se trouvant alors en Autriche (le mandat fut lancé le 24 mars 1953) en qualité de délégué à une conférence de la jeunesse organisée par la FSM, il échappa à l’arrestation. Jusqu’en décembre, il travailla en Hongrie en liaison avec la FSM et participa à la délégation de celle-ci au VIIe congrès des Syndicats chinois. Rentré en France en décembre 1953, il fut arrêté le 16 janvier 1954 mais libéré le 21. Cette affaire et celle où il fut impliqué plus tard pour sa lutte contre la guerre d’Algérie, se terminèrent par un non-lieu, grâce auquel il fut réintégré dans l’Administration qui l’avait révoqué une fois de plus en avril 1953.

Lors du XIIe congrès national de Gennevilliers (2-6 avril 1950), Marcel Dufriche fut élu membre suppléant du Comité central du PCF. Il fut titularisé par le XIVe congrès (Le Havre, 18-21 juillet 1956).

Habitant Montreuil depuis 1957, il entra au conseil municipal de cette ville en 1959. Premier adjoint en 1965, il abandonna ses responsabilités au Comité central (XVIIe congrès, Paris, 14-17 mai 1964) et à la CGT. Après l’hémiplégie qui frappa le maire de Montreuil, A. Grégoire, Marcel Dufriche assura l’intérim. Il fut élu maire de Montreuil en 1971, réélu en 1977 et 1983. Il s’affirma comme un administrateur à la fois rigoureux et audacieux. Le 18 mars 1984, Marcel Dufriche donna sa démission de la première magistrature municipale « pour raisons de santé » et « pour qu’un homme plus jeune prenne la relève », en l’occurrence son premier adjoint depuis 1977, Jean-Pierre Brard.

Durant l’été 1988, il fit partie du groupe de travail qui, s’appuyant sur le Manifeste des Reconstructeurs, rédigea la brochure Qu’est-ce qu’un parti révolutionnaire dans la France de notre temps ? (Initiative pour la reconstruction communiste, Paris, octobre 1988). Il ne reprit pas sa carte du Parti communiste en 1997.

Décédé le 8 mai 2001, il avait fait don de son corps à la science. Il n’y eut donc pas d’obsèques mais la municipalité de Montreuil dirigée par Jean-Pierre Brard organisa une soirée d’hommage le jeudi 17 mai 2001.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23234, notice DUFRICHE Marcel, Pierre, Louis par Claude Willard, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 4 février 2020.

Par Claude Willard

SOURCES : RGASPI, 495 270 389, autobiographie de 1938 classée « B voire C », fiche de la SMC, 1949. — Arch. IHS CGT, fiche Dufriche ; Fonds Marcel Dufriche, 15 B 1. — Le Peuple, 12 avril 1950. — L’Humanité, 6 avril 1953, 14 mars 1980 et 11 mai 2001. — Le Monde, 8 février 1984. — Stéphane Courtois, thèse, op. cit. — Claude Willard, José Fort, Montreuil-sous-Bois, 1982. — Interview de Marcel Dufriche, réalisée le 23 octobre 1981. — Dominique Labbé, « Entretien avec Marcel Dufriche », Communisme, n° 45-46, 1996.

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