BABICK Jules, Nicolas, André

Par Notice complétée par Marianne Enckell

Né le 29 juin 1820 à Paris, mort le 14 juin 1902 à Genève. Membre de l’Internationale ; élu membre de la Commune de Paris. Franc-maçon.

Babick en 1876
Babick en 1876

Après avoir exercé divers métiers, Babick se fit parfumeur. En décembre 1870, il était membre du Comité central républicain des Vingt arrondissements. Il habitait alors au 42 rue de la Chopinette (aujourd’hui rue de Sambre-et-Meuse, Xe arr.). Il était délégué du Xe arr.
Il avait adhéré à l’Internationale et, le 6 janvier 1871, il signa l’affiche rouge par laquelle les délégués des vingt arrondissements de Paris, dans une proclamation au peuple de Paris, dénonçaient le gouvernement du 4 septembre qui avait failli à sa mission de défense nationale. La proclamation se terminait par les mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! » Voir Ansel.
En février on le vit intervenir aux séances du Conseil fédéral de l’Internationale et il fit partie de la commission chargée d’élaborer de nouveaux statuts (cf. Les Séances officielles de l’Internationale à Paris pendant le Siège et pendant la Commune.) Il faisait également partie du Comité central de la Garde nationale où il fut un des représentants du Xe arrondissement.

Le 26 mars, Babick était élu à la Commune par 10 934 électeurs du Xe arr. (sur 16 765 votants). Il appartint à la commission de la justice (29 mars), puis passa à celle des services publics (13 avril). Il vota contre le comité de salut public et signa le manifeste de la minorité. Par contumace, le 6e conseil de guerre le condamna à mort, le 19 novembre 1872.
Bien avant la Commune, Babick, adepte d’une religion dite fusionienne — Voir vol. 3, L. Tourreil (de) — avait fait montre d’une « mentalité maladive, confinant à la folie mystique », et Lepelletier, à qui nous empruntons l’expression, le présente alors ainsi (cf. t. II, p. 71-72) : « Il avait l’aspect d’un prophète avec sa barbe grise, ses sourcils épais, son allure austère et sa parole toujours pompeuse. Son accoutrement était baroque. Toujours chaussé de grandes bottes à l’écuyère, il portait, même dans la rue, l’écharpe rouge de membre de la Commune, barrant son uniforme de garde national. Il y ajoutait l’insigne ordinaire, ruban rouge à franges d’or. En outre, il arborait, en sautoir, le collier brodé d’un ordre maçonnique, — Voir E. Thirifocq — plus des médailles diverses, avec une chaîne d’acier descendant sur le ventre. Toute cette quincaillerie tintait à chacun de ses pas. » On aurait cependant tort de croire que Babick fût un simple « toqué » ; et plusieurs historiens de la Commune ont souligné qu’il fit « quelquefois preuve de modération et de bon sens » (Clère, Les Hommes de la Commune). Notons encore que les quelques lettres de lui conservées par les archives du ministère de la Guerre le font apparaître comme demi-illettré.

Après la défaite de la Commune, Babick avait pu gagner la Suisse et, à Genève, il continua à s’intéresser aux problèmes sociaux et appartint à la Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste constituée le 8 septembre 1871 sur initiative de proscrits français. Le rapport de police — B a/944 — qui rapporte ce fait parle de la Section centrale de propagande et d’action révolutionnaire socialiste de Genève. Il s’agit là de deux sections : la section centrale qui fut marxiste, la section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste devenue rapidement hostile au conseil général influencé par Marx.
Vers la fin de 1872, il se maria avec la sœur de Victoire Tinayre, selon les souvenirs de Victorine Brocher.
En 1876, il organisa une souscription destinée à financer la publication de ses mémoires, mais il ne semble pas que celles-ci soient jamais parues. En 1878, il participait encore aux réunions des communards exilés.
Pour vivre, Babick se fit souffleur de théâtre, donna des leçons d’échecs, soigna les malades par passes et attouchements, etc. Il continua aussi à propager la religion fusionienne, à se livrer, en fait, à une espèce de mendicité. En 1879, il était, paraît-il, dans une profonde misère.
Voir W. Wroblewski.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article51614, notice BABICK Jules, Nicolas, André par Notice complétée par Marianne Enckell, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 12 août 2021.

Par Notice complétée par Marianne Enckell

Babick en 1876
Babick en 1876

ŒUVRE : Babick fut des 54 « proscrits de la Commune » qui signèrent l’adresse Au citoyen Garibaldi, quatre pages imprimées, Genève, 27 janvier 1875 (Archives Claris, IFHS).

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/850, n° 7563. — Arch. Min. Guerre, 6e conseil. — Arch. PPo., B a/944. — Etat civil reconstitué de Paris. — Procès-Verbaux de la Commune de 1871, Édition critique par G. Bourgin et G. Henriot, tome I, Paris, 1924 ; tome II, Paris, 1945. Publiés par le Service des Travaux historiques de la Ville de Paris. — J. Clère, Les Hommes de la Commune, Paris, Dentu, 1872, 5e édition.— E. Lepelletier, — — Gustave Brocher Papers, IISG Amsterdam. — Histoire de la Commune de 1871, 3 vol. in-8°, Paris, 1911-1913. — Krystyma Wyczanska, Polacy W Komunie Paryskiej 1871 R, Varsovie, 1957. — Note de J. Chuzeville. — Sa carte du Comité central républicain des Vingt arrondissements, datée du 16 décembre 1870 et signée par Vaillant, se trouve au Service historique de la Défense, carton Ly 27.

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