DA COSTA Gaston, Pierre

Né le 15 décembre 1850 à Paris ; mort à Bois-le-Roi (Seine-et-Marne) le 11 décembre 1909 ; communard, secrétaire de Rigault, puis substitut du procureur de la Commune de Paris, blanquiste, correcteur, enseignant à l’Ecole Estienne ; déporté en Nouvelle-Calédonie.

Gaston Da Costa naquit dans l’ancien Ve arrondissement, d’un père, Eugène Da Costa, républicain avancé, athée, et d’une mère, Pauline, Adèle Varenne, qui était une bonne et brave Vendéenne, cléricale et royaliste. Le foyer était désuni ; son père abandonna sa mère, et le jeune homme entra comme répétiteur à la pension Mirman, dont il avait été élève lorsqu’il suivait les cours du lycée Charlemagne (le proviseur de Charlemagne vint témoigner en sa faveur en 1872). Il entreprit des études de droit. Le 13 novembre 1867, il fut condamné à quinze jours de prison pour avoir manifesté place de l’Hôtel-de-Ville au passage de Napoléon III et de l’empereur d’Autriche. Il fut très lié avec Rigault, et ses adversaires incriminèrent à tort la nature de leur amitié. Aux 80 f que lui procuraient des répétitions, il joignait chaque mois 150 f comme teneur de livres à la Marseillaise.

Durant le siège de Paris, il était officier payeur au 118e bataillon de la Garde nationale, secteur du Panthéon, jusqu’au 31 octobre 1870.

Pendant la Commune de Paris, Rigault l’avait pris comme secrétaire à la préfecture de police, et, fin avril 1871, il en fit son chef de cabinet, le chargeant de réorganiser les services. C’était alors un « tout jeune homme à figure imberbe, un enfant presque » (le Figaro, 12 avril 1872) aux « cheveux châtain clair demi-longs [...] teint blanc » qui « porte ordinairement un pince-nez, un col rabattu, mains dans les poches, chapeau haut de forme » (Arch. PPo.). Lorsque Rigault devint procureur de la Commune — 26 avril — Da Costa devint son substitut en même temps que Th. Ferré, Huguenot et Martainville (J.O. Commune, 5 mai, décision du 1er). On lui imputa 45 arrestations et l’exécution du marchand Ruault : il reconnut sa signature en bien des cas, mais dit devant le 3e conseil de guerre que quatre griffes étaient déposées à la préfecture de Police et servaient durant ses absences ; il n’avait pas ordonné d’incendies ni assisté à l’exécution des otages, affirma-t-il, bien qu’on lui reprochât en particulier, outre des vols, l’incendie du palais de Justice et de la préfecture de police. Le rapport fait à la commission des grâces présenta Ruault comme un mouchard de l’Empire, et reconnut que le transfert de Chaudey de Mazas à la petite Roquette, qui facilita son exécution et fut ordonné par Da Costa, résultait en fait d’une requête de Mme Chaudey.

Gaston Da Costa se réfugia le 28 mai, à la Varenne-Saint-Hilaire (Seine), chez un meunier aubergiste, mais, dénoncé, fut arrêté fin juillet. Le commissaire Clément réussit à le faire parler : il dénonça la retraite probable de certains blanquistes qui, heureusement pour eux, avaient déjà passé une frontière (cf. Arch. PPo., B a/1167). On ne fut pas reconnaissant de sa « coopération » ; il fut condamné à mort le 27 juin 1872 et ce n’est que le 19 décembre que sa peine fut commuée en travaux forcés à perpétuité. Il fut transféré au bagne de Toulon, le 17 janvier, puis déporté en Nouvelle-Calédonie, et mêlé aux bagnards de droit commun à l’île de Nou. Il y était employé comme jardinier, soigna Maroteau, se lia avec Lucipia et Fortin. Il refusa de demander sa grâce, mais, intéressé par l’enseignement, il aurait aimé gagner l’île des Pins ou la presqu’île Ducos pour y ouvrir des cours d’adultes pour les autres déportés politiques et poursuivre des recherches de géologie ; n’en ayant pas eu l’autorisation, il travailla les mathématiques.
Amnistié en 1880, il rentra l’un des derniers par le transport La Loire et y fut encore mis aux fers pour son refus d’assister tête nue à la prière.

Henri Rochefort lui donna une place à l’Intransigeant, et il écrivit des ouvrages pédagogiques acceptés dans les écoles de la Ville de Paris. Il fut « boulangiste de gauche », proche de Granger, d’Émile Ferré (ou Émile Roche ?) et de Rochefort » (La Commune de 1871, op. cit.).
En 1888, un de ses camarades de bagne, Ferdinand Baudel, le décida à entrer dans la franc-maçonnerie. Il fut reçu le 27 novembre, au sein de la Loge « Travail et Vrais Amis Fidèles », qui travaillait alors sous les auspices de la Grande Loge Symbolique Écossaise. Mais après avoir été promu compagnon le 23 juillet 1889, il s’abstint de paraître en Loge jusqu’au 28 février 1905, date de son élévation à la maîtrise. Très actif à partir de cette époque, il fut nommé Vénérable pour l’année 1908 par les soins d’un ancien communard, Élie May.

Correcteur chez Motteroz, il fut nommé responsable du cours de grammaire dans le cadre des cours du soir à l’Ecole Estienne de 1889 à 1891.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article56398, notice DA COSTA Gaston, Pierre, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 14 décembre 2021.

ŒUVRE : Collaboration à La Nouvelle République, 19 mars-1er avril 1871, puis de L’Affranchi, 2-25 avril, journaux de P. Grousset. — Un article, réponse à une enquête, dans la Revue blanche du 1er avril 1897. — La Commune vécue, 3 vol., Paris, 1903-1904-1905 (« réédition » fortement tronquée chez Larousse, 2009). — Discours de G. Da Costa à l’incinération d’Émile Fortin, le 18 décembre 1906, in-12, 8 p. - Gaston Da Costa, Cours d’adultes pour les apprentis et ouvriers du livres. Conférence d’inauguration. Paris, École municipale Estienne-Imprimerie Motteroz, Imprimeries réunies, 1889, in-16, 15 p.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/760. — Arch. PPo., Ba/1167 et /1024 — Confessions d’un révolutionnaire, fin à la Commune vécue, p. 359. — M. Dommanget, Blanqui et l’opposition révolutionnaire, op. cit. — Bruhat, Dautry, Tersen, La Commune de 1871, op. cit., p. 402. — M. Choury, La Commune au cœur de Paris, Éditions Sociales, 1967. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

ICONOGRAPHIE : G. Bourgin, La Commune, 1870-71, op. cit., p. 411.

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