JOLIOT-CURIE Irène [CURIE Irène]

Par Nicole Racine

Née et morte à Paris, 12 septembre 1897-17 mars 1956 ; fille de Pierre et Marie Curie, épouse de Frédéric Joliot (1926) ; physicienne, Prix Nobel de chimie (1935), directrice du Laboratoire Curie à l’Institut du Radium ; sous-secrétaire d’État à la Recherche scientifique (juin à septembre 1936) dans le gouvernement Léon Blum* ; membre du Conseil mondial de la Paix et du bureau de la Fédération démocratique internationale des Femmes, présidente de la Fédération mondiale des travailleurs scientifiques (1953-1956).

Irène Joliot-Curie
Irène Joliot-Curie

Fille de Pierre et Marie Curie, Irène Curie entra à la fin de la Première Guerre mondiale comme préparatrice de sa mère à l’Institut du Radium. Durant les hostilités, elle avait suivi Marie Curie qui dirigeait le service radiographique et participait à la mise au point du matériel radioélectrique des voitures de la Croix-Rouge. Bachelière en 1914, licenciée ès Sciences mathématiques et physiques en 1920, elle soutint en 1925 une thèse de doctorat sur les propriétés du rayonnement alpha du polonium. En 1926, Irène Curie épousa Frédéric Joliot ; leurs travaux communs sur la radioactivité artificielle leur valurent ensemble le Prix Nobel de Chimie en 1935. Convaincue que les femmes n’avaient pas leur juste place dans la société, Irène Joliot-Curie, pensait, comme sa mère Marie Curie, qu’il était de son devoir d’accepter les fonctions qui traduisaient une conquête des femmes. Ainsi accepta-t-elle, à condition de pouvoir retourner prochainement à ses travaux de recherche, d’entrer dans le gouvernement Léon Blum* de juin 1936 comme sous-secrétaire d’État à la Recherche scientifique (avec elle, deux autres femmes faisaient partie du premier gouvernement de Front populaire : Cécile Brunschvicg et Suzanne Lacore). Elle quitta le gouvernement en septembre 1936, laissant son poste à Jean Perrin*.

Sympathisante du communisme, Irène Joliot-Curie signa néanmoins avec d’autres scientifiques l’appel de l’Union des Intellectuels français qui exprimait leur stupéfaction devant le Pacte germano-soviétique (L’œuvre, 30 août 1939).
Après la guerre, Irène Joliot-Curie fit figure de « compagnon de route » du Parti communiste (parti auquel elle n’adhéra pas à la différence de son mari). Elle appuya de son autorité les manifestations du Mouvement de la Paix, de l’Union des Femmes françaises, de la Fédération démocratique internationale des femmes. En août 1948, elle figura dans la délégation française du congrès mondial des intellectuels pour la paix réuni à Wroclaw. Elle déclara publiquement sa sympathie pour le communisme, notamment au cours d’un voyage aux États-Unis, en mai 1948, ce qui inquiéta les autorités américaines. Irène Joliot-Curie fut des six membres du Comité de l’Énergie atomique, organe dirigeant du Commissariat à l’Énergie atomique. Elle perdit cette fonction six mois après le départ de Joliot du CEA. Irène Joliot-Curie s’éleva contre l’utilisation de la science à des fins destructives et participa aux campagnes du Mouvement de la Paix pour l’interdiction des armes atomiques et thermonucléaires. En 1951, elle appela à voter communiste.
Professeur à la Sorbonne, directrice de l’Institut du Radium, elle s’intéressa au développement d’un centre d’études nucléaires, centre qui devait s’édifier à Orsay. Le 17 mars 1956, elle mourut à l’hôpital Curie de leucémie, leucémie provoquée par les travaux effectués depuis de longues années sur les radiations. Le gouvernement lui organisa des obsèques nationales qui eurent lieu le 21 mars 1956 dans la cour de la Sorbonne. Elle fut inhumée à Sceaux, auprès de Pierre et Marie Curie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88119, notice JOLIOT-CURIE Irène [CURIE Irène] par Nicole Racine, version mise en ligne le 23 mai 2010, dernière modification le 2 août 2019.

Par Nicole Racine

Irène Joliot-Curie
Irène Joliot-Curie

ŒUVRE : Frédéric et Irène Joliot-Curie, œuvres scientifiques complètes, PUF, 1961, VIII-916 p. — Marie Curie et Irène Joliot-Curie*, Correspondance : choix de lettres, 1905-1934. Présentation par Gilette Ziegler, Éditeurs français réunis, 1944, 348 [10] p.

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 9012. — Outre les ouvrages cités dans la bibliographie de Frédéric Joliot-Curie, on consultera : Dictionnaire biographique contemporain, 2e édition, 1954-1955, Pharos, Agence internationale de documentation contemporaine. — Eugénie Cotton, « Irène Joliot-Curie », La Pensée, mai-juin 1956, p. 4-10. — Irène Joliot-Curie, enquête publiée sous la direction d’Henri Guillard, Cannes, Bibliothèque de travail, 1957, 24-VII p. — Jean Orcel, « Irène Joliot-Curie », Europe, mai-juin 1961, p. 230-241. — Eugénie Cotton, Les Curie et la radioactivité. Choix de textes, bibliographie, portrait, Seghers, 1963, 223 p. — David Caute, Les compagnons de route, 1917-1968. Trad. de l’anglais, R. Laffont, 1973, 488 p. — Charles Coulston Gillispie, editor in chief, Dictionary of scientific biography, vol. VII, New York, Charles Scribner’s sons, 1973.

ICONOGRAPHIE : Marianne Chaskolskaïa, Frédéric Joliot-Curie, Moscou, Éditions Mir, 1968, 266 p. — Eugénie Cotton, Les Curie et la radioactivité, op. cit.

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