LIOCHON Claude

Par Henri Dubief

Né le 21 février 1880 à Bourg-en-Bresse (Ain), mort le 25 mars 1941 à Chaville (Seine-et-Oise) ; typographe ; secrétaire général de la Fédération des Travailleurs du Livre (CGT) de 1920 à 1941.

Claude Liochon
Claude Liochon

Liochon fut d’abord ouvrier d’imprimerie dans sa ville natale où il adhéra en janvier 1897 au syndicat typographique. Il vint travailler à Paris la même année, puis fit son service militaire et fut libéré en octobre 1902. Il travailla ensuite à l’Imprimerie nationale et reprit son action militante de tendance réformiste. En juin 1903 il fut élu au comité central de la fédération du Livre, fit de la propagande en province et milita en 1906 pour obtenir la journée de neuf heures. La lutte menée par les ouvriers du Livre aboutit sur ce point à un succès.

En janvier 1912, Liochon devint secrétaire adjoint, succédant ainsi à Charles Burgard. Il participa aux congrès confédéraux de Bourges, septembre 1904, XIVe congrès national corporatif — 8e de la CGT — puis à ceux d’Amiens, octobre 1906 (il signa la motion Keufer de neutralisme syndical), de Marseille, octobre 1908, de Toulouse, octobre 1910. À ce dernier congrès, il s’exprima en ces termes à propos d’une des formes de propagande de la CGT : " Je déclare, au nom de la Fédération du Livre, que nous nous désolidarisons complètement d’avec la propagande antipatriotique " (cf. c. rendu, pp. 183-188).

Mobilisé en 1914, il fut blessé et réformé. Bien que majoritaire, il avait une horreur profonde de la guerre. À la suite du congrès de Nancy de 1919, en janvier 1920, il succéda à Keufer comme secrétaire fédéral et exerça ces fonctions jusqu’à sa mort. Dès son élection, il quitta le Parti socialiste par respect de l’apolitisme syndical. En juillet 1921, il intervint au congrès confédéral de Lille pour la majorité. Il participa aux congrès confédéraux de Toulouse 1929, Strasbourg 1934, Clermont-Ferrand 1939. Bien que très réformiste, il conduisit des actions revendicatrices pendant l’immédiat après-guerre : grève des journaux en 1919, grève du labeur en 1920. Il négocia les accords qui suivirent ces grèves, préconisant pour la fixation des salaires la référence aux indices du coût de la vie, ce qui s’imposait en cette période de hausse des prix. Lors de la scission, il maintint dans la CGT la quasi-totalité de l’organisation.

Ses fonctions le firent nommer membre du Conseil supérieur de l’Enseignement technique et du Conseil de perfectionnement de l’École Estienne. Il participa aux œuvres de perfectionnement technique des ouvriers du Livre et chercha à multiplier les cours professionnels.

Il fut naturellement membre du Comité national de la CGT et il appartint aussi au comité permanent du Secrétariat typographique international. Après la fusion de 1935-1936, il s’opposa aux prises de position politiques de la CGT. Réformisme, indépendance du syndicalisme et pacifisme le conduisirent à lutter vivement contre les communistes. Il fut au nombre des militants qui publièrent Syndicats et parmi ceux qui se groupèrent dans le " Centre syndical d’action contre la guerre ". Il s’abstint de participer au congrès confédéral de Nantes en novembre 1938 et dénonça l’absence de démocratie syndicale. Le 12 octobre 1938, il signa le manifeste " Indépendance syndicale et action pour la paix " ; il penchait pour l’apaisement envers Hitler et les dictateurs. Le patriotisme des communistes en 1938 ne valait pas mieux, selon lui, que l’antipatriotisme d’Hervé en 1910.

En 1940, après la dissolution de la CGT il fut appelé par le gouvernement de Vichy à siéger à la Commission du budget. En 1941, il fut nommé conseiller national, mais démissionna peu après. À ses obsèques, en mars 1941, à Chaville, de nombreux discours furent prononcés.

Liochon fut un esprit calme et pondéré, toujours porté vers les solutions de compromis. Il était un orateur de talent.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article118633, notice LIOCHON Claude par Henri Dubief, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 24 mars 2020.

Par Henri Dubief

Claude Liochon
Claude Liochon
Claude Liochon vers 1925.

ŒUVRE : Collaborations : L’Imprimerie française, le Peuple, Syndicats.

SOURCES : Comptes rendus des congrès nationaux. — L’Imprimerie française, mars 1941.

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