MALAISE Armand, [Homère].

Par Didier Bigorgne

Né le 19 novembre 1888 à Landrichamps (Ardennes), mort en mission le 4 janvier 1944 à Lonny (Ardennes) ; directeur d’école ; militant syndicaliste, secrétaire général de la section des Ardennes du SNI (1929-1940) ; militant socialiste ; résistant pendant la Seconde Guerre mondiale.

Armand Malaisé
Armand Malaisé

Armand Malaise était le fils d’Auguste Malaise, ouvrier d’usine, et de Marie Lambert, couturière. Dans le village industriel de Landrichamps sur la frontière belge, était installée la Compagnie française des Métaux spécialisée dans la métallurgie du cuivre qui employait sept cents ouvriers environ.

Après des études prometteuses à l’école communale de Landrichamps, puis à l’école primaire supérieure de garçons à Givet, Armand Malaise entra à l’Ecole normale d’instituteurs de Charleville en 1904. A sa sortie en 1907, il obtint un premier poste d’instituteur à Hautes-Rivières ( Ardennes). Le 26 octobre 1908, il y épousa Marie, Catherine Stévenin, sans profession, qui lui donna un garçon.

Armand Malaise enseignait à Revin quand il fut mobilisé au 148ème régiment d’infanterie stationné à Givet en août 1914. Il combattit les Allemands à Dinant et Charleroi (Belgique) et fut blessé sérieusement à deux reprises avant d’être fait prisonnier. Titulaire de la Croix de guerre 1914-1918, il présida la section des Ardennes de la Fédération nationale des combattants républicains dans les années 1930.

Après la guerre, Armand Malaise enseigna dans les villages de Brognon et de Hannappes. En 1925, il fut nommé au cours complémentaire de Charleville comme instituteur adjoint en sciences et mathématiques au cours supérieur 2ème année. Membre du Syndicat national (CGT), il succéda à Léon Guillemain en 1929 au poste de secrétaire général de la section des Ardennes. A ce titre, Armand Malaise participa aux congrès nationaux du SNI : Nîmes en 1930, Paris en 1931, Clermont-Ferrand en 1932, Paris en 1933, Nice en 1934, Lille en 1936. Il représenta aussi son syndicat dans différentes organisations ardennaises A partir de 1936, secrétaire de la section du Syndicat national des instituteurs, il occupa la fonction de trésorier adjoint à l’UD-CGT réunifiée et collabora à la rédaction de son journal L’Ardenne syndicale. Il fut délégué à la Fédération des fonctionnaires et au Cartel des services publics. Homme de conviction de caractère aussi, il ne suivit pas l’esprit dominant de la direction nationale du SNI et participa à la grève déclenchée par la CGT, le 30 novembre 1938, contre les décrets-lois Reynaud.

Armand Malaise militait au Parti socialiste SFIO. Le 10 octobre 1937, il fut son candidat à l’élection pour le conseil général dans le canton rural de Signy-l’Abbaye : il obtint 385 voix sur 1418 inscrits et 1106 votants. Il fut initié à la loge « La Fraternité » de Charleville (Grand Orient de France).

Divorcé depuis le 15 janvier 1933, Armand Malaise était directeur d’école de la rue de Flandre à Charleville quand il épousa en secondes noces Marguerite, Marie Pierquet (voir Marguerite Malaise*), directrice d’école, le 29 mars 1934 à Nouvion-sur-Meuse (Ardennes). Le couple y résida dans un logement de fonction jusqu’à l’évacuation en mai 1940.

Replié à Niort (Deux-Sèvres), Armand Malaise fit partie du comité d’entraide aux instituteurs réfugiés et assura une permanence dans les locaux de la MAAIF. Au début du mois d’octobre, il s’installa à Jard (Vendée). Mis à la disposition de l’administration et en attente d’un poste dans la région, il accepta un emploi à la préfecture de La Roche-sur-Yon à partir du 24 avril 1941. Quelques mois plus tard, il refusa de servir d’interprète à la mairie et préféra démissionner.

Armand Malaise dut alors subir les représailles du gouvernement de Vichy. Dès le 7 févier 1941, l’inspecteur d’Académie des Ardennes lui notifia une demande de changement de poste en raison de son activité passée et dans l’intérêt de l’école. Le 26 septembre suivant, il lui demandait de produire d’urgence une nouvelle demande de changement. Armand Malaise ne céda pas. Par arrêté du 11 octobre 1941, le gouvernement français le rétrograda en le nommant instituteur adjoint à l’école de garçons de Nouvion-sur-Meuse. A son retour dans les Ardennes en février 1942, l’ancien directeur d’école accepta de tenir la classe de cours élémentaire 2ème année en remplacement d’un jeune intérimaire. Armand Malaise fut ensuite démissionné d’office le 10 septembre 1942. Invité à constituer un dossier de retraite le 11 janvier suivant, il refusa de l’établir en manière de protestation. Enfin, il fut condamné à une amende de six cents francs avec sursis par le tribunal de Charleville le 18 novembre 1942 pour ne pas avoir fait une déclaration conforme aux instructions du gouvernement de Vichy concernant son appartenance à la franc-maçonnerie. Après l’appel fait à ce jugement par le procureur de l’Etat français, la cour d’appel de Nancy porta l’amende à sept mille francs, sans sursis, le 25 mars 1943.

En 1942, Armand Malaise organisa le mouvement de résistance « Libération-Nord » dans les Ardennes. Avec le nom de guerre « Amédée », il organisa des sabotages, achemina des explosifs et des journaux clandestins, assura la liaison entre les différents secteurs et Paris. A la fin de l’année 1943, il participa à la reconstitution clandestine de la section ardennaise du SNI avec les instituteurs communistes, Miguel Sauvage* (responsable du Front national), Raymond Deparpe* et Yvonne Dauby*.

Au retour d’une mission, Armand Malaise mourut accidentellement en pleine tempête de neige. Il fut inhumé à Nouvion-sur-Meuse. Ses obsèques ressemblèrent fort à une manifestation patriotique, la Résistance ayant fait fleurir son cercueil d’une couronne ornée d’une cocarde tricolore.

Aujourd’hui, une place de Nouvion-sur-Meuse et un lycée de Charleville-Mézières portent le nom d’Armand Malaise.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article119645, notice MALAISE Armand, [Homère]. par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 17 mars 2020.

Par Didier Bigorgne

Armand Malaisé
Armand Malaisé

Sources : A.D des Ardennes, 3M 7.— Le Socialiste Ardennais, 11 octobre 1937.— Le Réveil ardennais, 21 septembre 1944.— Bulletins de la section ardennaise du SNI, 1930 à 1939 et n°1 du 4ème trimestre 1944.— L’Ardenne nouvelle, n° 13, 24 février 1945, « Un héros de la Résistance, Armand Malaise » .— DBMOF, notice par Paul Delanoue.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable