MARIA Roger. Pseudonyme : LAMONT Jean-Jacques

Par Claude Willard

Né le 18 mars 1918 à Paris (Xe arr.) ; éditeur, écrivain et journaliste ; secrétaire de Georges Valois dans le réseau clandestin « Après » ; déporté ; secrétaire général du Mouvement du Nouvel Âge (1945-1948) ; fondateur de la Confédération générale des syndicats de consommateurs et usagers ; adhérant au PCF en mars 1948, il collabora étroitement avec Jacques Duclos ; un des fondateurs du MRAP ; vice-président puis président de France-Hongrie et de France-Inde ; directeur des Éditions du Pavillon.

Le père de Roger Maria, Franck Maria, fils d’un Communard (Léon Maria, chansonnier, notamment auteur, en 1872, de « l’Amnistie »), était directeur adjoint dans une usine de produits chimiques à Saint-Ouen ; sa mère, née Louise Clamont, était originaire de la Creuse.

Roger Maria fit ses études primaires à Saint-Ouen, ses études secondaires à Paris, au lycée Condorcet. A la rentrée d’octobre 1933, il adhéra à la SFIO et devint aussitôt secrétaire de la section des Étudiants socialistes révolutionnaires de son lycée. Fortement marqué d’abord par la tendance de la Gauche révolutionnaire de Marceau Pivert, il démissionna du Parti socialiste en juin 1936 et multiplia les contacts militants à travers les organisations révolutionnaires (anarchistes, trotskystes, communistes critiques), lisant activement Pierre-Joseph Proudhon, Georges Sorel, Karl Marx, Lénine... Il décida de devenir un « révolutionnaire professionnel » et abandonna ses études à la fin de la première. Il gagna alors sa vie comme employé comptable à la mairie de Saint-Ouen et se syndiqua à la CGT.

En février 1937, Roger Maria adhéra au Mouvement de Nouvel Âge de Georges Valois, qui se fixait comme axe principal la dénonciation de la domination des trusts et de la haute banque. Il devint le plus jeune collaborateur du quotidien qui portait le nom du Mouvement.

Engagé volontaire (quoique antimilitariste, mais par antifascisme) le 12 septembre 1939, Roger Maria fut correspondant de guerre du quotidien Nouvel Âge, sous le pseudonyme de Jean-Jacques Lamont. Il fut démobilisé le 30 avril 1941, avec le rang d’aspirant. Georges Valois, avec qui il était resté en correspondance (emprisonné à Meknès, puis Clermont-Ferrand), lui proposa de devenir son secrétaire permanent. Durant trois ans, il vécut avec le couple Valois au Val-d’Ardières (dans le Beaujolais) : sous un adroit camouflage (la publication d’un mensuel ronéotypé sur le jardinage), cette « thébaïde » servit d’état-major au réseau « Après », rattaché en juin 1942 au NAP (Noyautage des Administrations publiques), à Combat et à Franc-Tireur, diffusant tracts et informations aux sympathisants de ces mouvements. Roger Maria collabora à la rédaction et à la transmission de la publication sortie dans la clandestinité au début de 1943 : La France trahie par les trusts.

Sur dénonciation, Roger Maria fut arrêté par la Gestapo, le 18 mai 1944, en même temps que Georges Valois. Il subit de nombreux interrogatoires brutaux, mais ne révéla rien. D’abord interné à Lyon (Montluc), il fut déporté à Neuengamme, où il arriva le 2 août, et travailla dans deux kommandos (Wattenstedt près de Brunswick, puis Stocken près de Hanovre). Durant l’évacuation à marche forcée, alors que presque 1 016 de ses compagnons de captivité furent exécutés au lance-flammes dans la grange de Gardelegen, il parvint miraculeusement à s’échapper.

Rapatrié à Paris à la mi-mai 1945, Roger Maria fut soigné à l’hôpital de la Salpêtrière, notamment par une infirmière bénévole de la Croix-Rouge, Francine Meyer, qu’il épousa le 31 décembre 1946. Le couple eut deux enfants : Michel (1947) et Francis (1948).

Dès la fin de 1945, Roger Maria devint éditeur et journaliste. Il créa et dirigea les Éditions du Pavillon, les Éditions Liberté (de Nouvel Âge) et, à Lyon, les Éditions Cosmopolis. En même temps, il collabora à plusieurs journaux, notamment Action, La Presse nouvelle et Droit et Liberté (du MRAP).

De juin 1945 à mars 1948, Roger Maria fut secrétaire général du Mouvement de Nouvel Âge, dirigeant son organe de presse portant le même nom. Sous son égide, il créa la première organisation de consommateurs, la Confédération générale des syndicats de consommateurs et usagers, dont il fut secrétaire général. En 1946, Yves Farge, ministre du Ravitaillement, le désigna comme représentant des consommateurs dans les organismes régulateurs du ravitaillement.

Roger Maria participa étroitement (dès 1945 et jusqu’à nos jours) aux activités du Cercle de l’Union rationaliste et du Cercle Ernest Renan.

En décembre 1947, Roger Maria prononça la dissolution du Mouvement du Nouvel Âge, qu’il estimait infiltré par des pro-européens d’orientation capitaliste. Et, le 18 mars 1948, le jour même de son 30e anniversaire, il adhéra au PCF. Dès lors, il travailla en étroite collaboration avec Jacques Duclos surtout, mais aussi avec Benoît Frachon et Marcel Willard, qui furent séduits par la personnalité et le parcours militant singulièrement atypique de Roger Maria. Entre autres, il collabora activement à la section de politique extérieure du CC (« Polex »), à la commission économique tant du PCF que de la CGT.
En mars 1964, il écrivit à Virgile Barel à propos de manifestation d’antisémitisme dans la presse soviétique : "Nos camarades soviétiques sont , dans cette affaire, inexcusables. Nous avons le devoir fraternel de le leur faire savoir." (Arch. Virgile Barel, AD06).
Roger Maria appartint à la direction de nombreuses associations d’amitié : France-URSS, France-Pologne, France-Tchécoslovaquie, France-Hongrie (dont il devint aussi président). En mai 1949, il fut un des membres fondateurs du MRAP.
En 1954, il participa activement à la campagne de la Fédération des officiers de réserve républicains (FOR) contre la CED. Il contribua à la création de la Fondation pour la mémoire de la déportation. Depuis 1972, il assuma la responsabilité de représentant titulaire, auprès de l’UNESCO, de la Fédération internationale des résistants (FIR).

De 1948 à nos jours, Roger Maria fut journaliste permanent à l’Humanité, multipliant les articles sur la politique étrangère, les comptes rendus de livres, la rubrique théâtrale, et tenant, à l’Humanité-Dimanche, la rubrique gastronomique. Il écrivit régulièrement aussi dans d’autres publications : France d’abord, Parallèle 50, France-URSS, Le Patriote résistant, La Vie ouvrière...

Directeur de collections aux Éditions de L’Harmattan depuis 1988.

De 1953 à 1974, Roger Maria fut vice-président, puis président de l’Association végétarienne de France (AVF).

Décorations : officier de la Légion d’honneur, croix de guerre 1939-1945, avec palme, croix du combattant volontaire de la Guerre 1939-1945, croix du combattant, médaille des évadés, médaille des blessés de guerre, médaille de déporté résistant, médaille d’engagé volontaire (septembre 1939), chevalier des Arts et des Lettres.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120202, notice MARIA Roger. Pseudonyme : LAMONT Jean-Jacques par Claude Willard, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 3 novembre 2018.

Par Claude Willard

ŒUVRE : Mensonge et vérité sur la Hongrie nouvelle, Paris, Le Pavillon, 1952. — Des Lilas à l’Étoile. Poèmes, Édit. P.-J. Oswald, 1960. — Par ce double chemin. Poèmes, Édit. P.-J. Oswald, 1966. — De l’Accord de Munich au Pacte germano-soviétique du 23 août 1939, Édit. L’Harmattan, 1995.— De Ramakrishna à Gandhi et Krishnamurti ou les deux libertés, Édit. L’Harmattan, 1999.

SOURCES : Arch. du CN du PCF. — Interview de Roger Maria (1998-1999).

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