PAGUET Henri, Louis, Félix

Par Jacques Girault

Né le 29 mai 1879 à Puget-Ville (Var) ; mort le 4 mars 1957 à Pierrefeu (Var) ; secrétaire de mairie ; militant syndicaliste ; maire (1944-1953) de Pierrefeu.

Fils d’un épicier, Henri Paguet reçut tous les sacrements catholiques. Titulaire du brevet élémentaire, devenu secrétaire de la mairie de Pierrefeu, le 1er mai 1906, il le resta jusqu’au 31 mars 1935. Il se maria en décembre 1908 à Pierrefeu avec une institutrice.

Comme en témoignent les archives communales, il joua un très grand rôle dans la gestion communale orientée nettement à gauche. À sa démobilisation, en février 1919, il fut détaché à la garde des prisonniers de guerre. À la veille des élections de 1919, le sous-préfet indiquait, dans son rapport, que Paguet avait « mécontenté par son intransigeance une partie de la population ». La municipalité, réélue, le désigna comme délégué sénatorial au début de 1920. Sur le plan local, entre autres, à partir de 1924, il anima le comité d’organisation pour l’érection du monument commémoratif de la catastrophe du dirigeable « Dixmude » , inauguré en 1927.


Quand le syndicat CGT des employés communaux du Var se constitua, le 28 septembre 1919, Paguet en fut secrétaire général et le demeura jusqu’au début des années 1930. Se présentant comme secrétaire général du syndicat CGT des secrétaires de mairie, il signa un article dans Le Petit Provençal, le 22 mars 1929, intitulé "Les crédits budgétaires et les municipalités". Comme président d’honneur de l’association amicale des ouvriers extra-muros de l’Arsenal maritime, il contribua, en 1920, à l’organisation de trains ouvriers. Militant de la Ligue des droits de l’Homme, libre penseur et sans doute franc-maçon, il participa à de nombreuses initiatives dans les années 1920. Il joua un rôle non négligeable en 1924 quand se constitua la fédération des cercles rouges.


Annonçant son départ à la retraite, Paguet présenta longuement, lors d’une réunion du conseil municipal de Pierrefeu, l’œuvre des édiles, véritable plaidoyer pour son action. Candidat sur la liste « d’action républicaine et socialiste et d’intérêt local », il fut élu conseiller municipal le 5 mai 1935 avec 321 voix sur 588 inscrits. Premier adjoint, délégué sénatorial, son action ne se limita pas au seul cadre local et il signa des articles favorables à l’extension des nouvelles conquêtes sociales aux ouvriers agricoles, dans Le Petit Var, en 1936 et en 1937. De même, il intervint dans de nombreuses réunions destinées aux vieux travailleurs et présidait en 1938 le Comité des vieux travailleurs de Toulon. Sur son initiative, le conseil municipal de Pierrefeu, le 27 décembre 1940, décida d’apposer une plaque dans le jardin public : "Au Maréchal Pétain, chef de l’État qui a honoré la vieillesse des travailleurs par une retraite". Le 14 juillet 1940, il avait fait voter une délibération demandant au chef de l’Etat de maintenir la paix intérieure, de procurer du travail à tous, de supprimer les complications et le gaspillage des deniers publics. Il présida,le 14 avril 1941, une réunion publique à Toulon destinée aux vieux travailleurs à l’issue de laquelle fut votée une motion de reconnaissance au Maréchal et à son ministre René Belin pour l’attribution de la retraite aux vieux travailleurs.

Le conseil municipal fut dissous et une délégation spéciale mise en place, le 27 janvier 1941. Le conseil municipal fut rétabli à l’arrivée des troupes américaines et, le 22 octobre 1944, avec l’accord du comité local de Libération, à la tête d’un conseil constitué "par le comité des forces de résistance", Paguet, revenu de Rougiers où il s’était replié, devint maire, qualifié par le commissaire spécial de "républicain de gauche". Comme "républicain indépendant", il fut élu, en avril 1945, à la tête d’une "liste de reconnaissance au général de Gaulle d’action républicaine démocratique antifasciste et d’intérêt local et pierrefeucaine". Maintenu à son poste de maire en octobre 1947, proche du Parti socialiste SFIO, en février 1953, Paguet, absent depuis plusieurs mois, annonça par lettre que, pour "raison de santé", il ne demanderait pas le renouvellement de son mandat.

Veuf, il s’était remarié en avril 1946 à Pierrefeu. Il fut enterré civilement. Son nom fut donné au foyer des vieux de Pierrefeu.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124632, notice PAGUET Henri, Louis, Félix par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 25 juillet 2013.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat. F7/13021. — Arch. Dép. Var, 2 M 7 35 3, 4, 4 M 44, 54, 18 M 95, 3 Z 2 3, 5, 12, 4 21. — Arch. Com. Pierrefeu. — Presse locale. — Renseignements fournis par la famille de l’intéressé. — Notes de Jean-Marie Guillon.

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