SALEZ Raymonde, dite Mounette

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

Née le 6 mai 1919 aux Lilas (Seine, Seine-Saint-Denis), morte en déportation le 9 mars 1943 à Auschwitz-Birkenau ; secrétaire ; militante communiste ; résistante.

Fille d’un serrurier et d’une couturière prénommée Marthe, Raymonde Salez était scolarisée aux Lilas où elle obtint son brevet élémentaire puis elle apprit le métier de secrétaire ; elle travaillait depuis peu quand éclata la guerre. Militante des Jeunesses communistes avant guerre, elle participa à l’organisation clandestine de ce mouvement. Le 14 juillet 1941, elle déploya un drapeau tricolore lors d’une manifestation d’étudiants sur le boulevard Saint-Michel. Elle fut arrêtée puis relâchée le lendemain.
Raymonde Salez quitta alors son domicile 68 rue de Paris aux Lilas, pour une chambre place Daumesnil à Paris XIIe arr. et participa à l’attaque d’une librairie allemande du Quartier latin, début 1942.
En mars 1942, elle fut envoyée par la direction nationale dans l’Yonne pour reconstituer les Jeunesses communistes. Sous le pseudonyme de Claude, elle prit contact avec Claude Alliot et Robert Loffoy. Elle assura la liaison avec la direction nationale devenant interrégionale et travailla avec les FTP.
À son retour en Région parisienne elle assura les liaisons de Camille Baynac, responsable des Jeunesses communistes. Elle fut repérée par les inspecteurs de la BS1. Onze inspecteurs de la BS1 filaient depuis le début mai 1942 des militants communistes qui assuraient l’impression de la propagande clandestine. Elle vivait203 bis avenue Daumesnil à Paris (XIIe arr.) et parfois chez sa mère au 68 rue de Paris aux Lilas (Seine, Seine-Saint-Denis).
Le 13 mai 1942 ils filèrent Camille Baynac qui quitta son domicile à 14 heures 40. Par le métro il gagna la station République et à 15 heures 15 il rencontra rue d’Alleray Raymonde Salez. Après avoir parcouru différentes rues de Paris, ils se séparent rue Soufflot à 16 heures. Ils abandonnèrent Baynac et suivirent Raymonde Salez.
Elle emprunta le métro à la station Saint-Michel, et alla sur l’avenue de Saint-Ouen dans le XVIIe arrondissement. À 18 heures 45, elle reprenait le métro, descendit porte de Montreuil et rendit visite au couple Thoirin qui vivait au 3 square de Gascogne dans le XXème arrondissement. Elle y resta jusqu’à 20 heures et par le métro regagna son domicile 203bis avenue Daumesnil.
Le 15 mai Camille Baynac quitta son domicile à 8 heures 55 et rencontra à 9 heures 15 avec Raymonde Salez qui l’attendait à la station de métro Corvisart.
Ils se séparèrent à 10 heures 30 à la hauteur de la rue du Faubourg Saint-Jacques. (XIVe arr.). Elle alla acheter un lit cage chez un marchand de meubles à l’angle de la rue Saint-Jacques et de la rue des Feuillantines. Elle laissa 50 francs d’arrhes et déclara qu’un de ses amis viendra le chercher.
À pied elle remonta vers la place de la Bastille et boulevard Beaumarchais rencontra Hautin. Celui-ci accompagna Raymonde Salez dans un restaurant situé à l’angle de la rue de Lyon et de la rue de Biscornet (XIIe arr.). Hautin la quitta aussitôt. À 13 heures 45 elle rentra à son domicile et ressortit à 14 heures 30 pour aller faire un tour au Bois.
Dans la soirée elle se rendit chez les époux Thoirin 3 square de Gascogne, elle y resta jusqu’à 18 heures 20. Elle sortit emprunta alors l’autobus de la Petite Ceinture, descendit Porte des Lilas et à pied se rendit 68 rue de Paris aux Lilas chez sa mère.
Le 19 mai elle se présenta à 17 heures chez le marchand de meubles installé à l’angle de la rue des Feuillantines et de la rue Saint-Jacques pour décommander le lit cage qu’elle avait acheté vendredi dernier. Elle était accompagnée de la femme que les policiers nommaient Porte-Dorée.
Toutes deux allèrent faire quelques achats dans le quartier, et elles prenaient le métro au Châtelet. À la station République, elles descendaient dans une épicerie, 17, rue du faubourg du Temple. Elles reprenaient le métro à la station Saint-Ambroise, et se séparèrent à 18 heures 40 dans les couloirs du métro République.
Le 20 mai Camille Baynac quitta son domicile à 8 heures 50 et à 9 heures retrouva Raymonde Salez boulevard de l’Hôpital. Tous deux discutèrent et se séparèrent à 10 h 10 au Pont-Sully.
Le 18 juin 1942, elle fut arrêtée par la Brigade spéciale dans le cadre du démantèlement de l’appareil technique du Parti communiste et de la direction nationale et parisienne des Jeunesses communistes (affaire Tintelin).
Internée le 10 août à Romainville puis à Compiègne, elle fut déportée vers Auschwitz le 24 janvier 1943. C’est elle qui entonna la première la Marseillaise, le 27 janvier 1943, lorsque les déportées entrèrent au camp de Birkenau.
Atteinte de dysenterie, elle mourut à l’infirmerie (revier) du camp à 24 ans.
Elle était la fiancée de Albert Gueusquin, dit Bob, responsable national de l’armement des FTP.
Raymonde Salez a été homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déportée internée résistante (DIR). Une rue des Lilas porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article130300, notice SALEZ Raymonde, dite Mounette par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, version mise en ligne le 23 mars 2021, dernière modification le 2 novembre 2021.

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

Raymonde Salez (Arch. PPo.).
Raymonde Salez (Arch. PPo.).

SOURCES : Arch. PPo. BS1 GB 36, GB 37, GB 38, 221 W 3. – Bureau Résistance GR 16 P 532001. – Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Éditions de Minuit, 2002, pp. 260-261. – Résistants et Résistantes en Seine-Saint-Denis, un nom, une rue, une histoire, Éditions de l’Atelier et AMRN 93, 2005. – La Résistance dans l’Yonne, cédérom ARORY et AERI, 2004. – Josette Cothias-Dumeix, La Participation des femmes à la vie sociale et politique (1935-1945), Mémoire de Maîtrise, Paris VIII, 1987. – Ville des Lilas, Patrimoine mémoire. La Résistance aux Lilas. Résistants dont les noms figurent sur nos plaques de rues, janvier 2010.

Photographies : Arch. PPo. GB 188 cliché du 15 juillet 1942.

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