VITAL Paul, Eugène

Par Maurice Moissonnier

Né le 4 avril 1921 à Lyon (IIe arr.) ; militant des Jeunesses communistes puis du Parti communiste ; résistant, déporté à Dachau ; exerça divers métiers puis journaliste à La Voix du peuple et à l’Humanité (jusqu’en 1952), puis au Progrès de Lyon.

Fils d’un ajusteur à l’usine des carburateurs Zénith, Paul Vital vécut dès 1930 à L’Arbresle (Rhône) où sa famille avait dû s’installer en raison des difficultés matérielles rencontrées. Il fréquenta l’école primaire jusqu’au Certificat d’études. Esprit frondeur, il lut beaucoup et comme il aida au classement des ouvrages à la bibliothèque de l’Arbresle, il bénéficia de prêts gratuits. Il subit l’influence du musicien Paul Duplay, militant communiste, qui organisait syndicalement les artistes et celle de son oncle Georges Vital*.

En 1935, les Vital regagnèrent Lyon-Villeurbanne et Paul y retrouva Duplay. Il fréquenta de nombreux immigrés antifascistes au cercle franco-italien. Devenu apprenti, il s’initia à divers métiers (fourreur, photograveur pour impressions sur soie, menuisier, etc). En 1936, il adhéra à la Jeunesse communiste de Villeurbanne. Un an plus tard, il figurait au bureau régional en tant que trésorier régional et, la même année, fut délégué au congrès national. Cependant, sur la fin de 1938 et jusqu’à l’automne 1940, il s’éloigna de l’action politique. A la déclaration de guerre, il fut embauché aux Constructions mécaniques lyonnaises. Après la défaite, il entra à la Société villeurbannaise de décolletage.

Selon son témoignage, le dirigeant de la JC, Gervais, organisateur de l’action clandestine, contacta Paul Vital qui accepta de reprendre une activité politique. Il participa à une distribution de tracts dénonçant le régime de Vichy et la Collaboration. Le 19 août 1941, il fut arrêté en flagrant délit de distribution de tracts du Front national. Interné à la prison Saint-Paul, il y retrouva le maire de Vénissieux, Ennemond Romand* et le dirigeant régional clandestin du PC, Joannès Chabert*. Déféré au tribunal militaire, il fut condamné, en septembre 1941, pour reconstitution de ligue dissoute, à cinq ans de travaux forcés, 11 000 F d’amende et confiscation des biens.

Interné au fort Montluc jusqu’en novembre, il fut ensuite transféré à Saint-Étienne où il retrouva Antoine Dutrievoz* et Robert Marchadier*. De retour à Saint-Paul en octobre 1943 avec quatre-vingt internés de Saint-Étienne, il fit partie, en novembre du train spécial de plus de cinq cents prisonniers politiques transférés à la centrale d’Eysses. Il participa aux manifestations et incidents qui marquèrent — à Béziers en particulier — ce transfert. Lorsque les détenus refusèrent le règlement et prirent en mains l’organisation de la prison, il entra à l’infirmerie où il géra la pharmacie, utilisant cette fonction pour préparer des « musettes sanitaires » en vue d’une évasion. Après l’échec de l’insurrection de la prison, il fit partie des détenus transférés à Compiègne puis envoyés à Dachau où il fut d’abord affecté à la fabrique de porcelaine (voir Marc Perrin*). Il servit de cobaye pour tester des produits médicaux mais cela lui permit d’avoir une ration alimentaire convenable. Paul Vital rentra en France le 20 mai 1945.

Après un court repos dans le Jura, il entra fin juillet au journal lyonnais du PC la Voix du peuple avec Brunet (voir Gabriel Vallier*, dit Brunet) Louis Brunand* et Joanny Berlioz* fut chargé de la rubrique des informations de politique étrangère. Après les élections de 1946, il fut envoyé à Paris où il assura la liaison entre l’Humanité et La Voix du peuple. Un bureau lui fut accordé à France nouvelle dirigé par Florimond Bonte*. Plus tard, Georges Cogniot* le chargea de la rubrique sportive. Lorsqu’en août 1947, la direction de la rédaction fut confiée à Étienne Fajon*, puis lorsque l’influence d’André Stil s’affirma, Paul Vital éprouva de nombreuses difficultés en raison de son esprit critique qui s’accommodait mal de la discipline et du conformisme générés par l’atmosphère que développait la guerre froide. Le 22 décembre 1952, il fut mis en accusation et il lui fut proposé un poste à Ouest-Matin ou à L’Étincelle de Pau, journaux en difficultés. Le lendemain, Paul Vital refusait la transaction puis quitta le Parti communiste.

Après plusieurs mois de chômage, de décembre 1952 à mars 1953, Vital retrouva, grâce à un compagnon de déportation, Marcel G. Rivière, un poste de chroniqueur sportif à l’édition dominicale du Progrès de Lyon. Il prit sa retraite en 1981.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134927, notice VITAL Paul, Eugène par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 14 mars 2017.

Par Maurice Moissonnier

SOURCE : Archives privées et interview de Paul Vital, 1992.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable