REY Aristide [REY Jules, Émile, Aristide]

Par Jean Maitron

Né le 12 juillet 1834, à Grenoble (Isère), mort le 19 février 1901 ; homme de lettres ; militant blanquiste ; député de 1885 à 1898.

Illustration parue à la mort d’Aristide Rey, dans L’Eclair du 22 février 1901.

Étudiant en médecine, Rey assista et prit la parole au congrès international des étudiants qui se tint à Liège (Belgique) du 29 octobre au 1er novembre 1865 — voir Casse G. Il fut, pour ce fait, exclu à vie de l’université de Paris en décembre 1865 et cette peine fut aggravée ce même mois par une exclusion pour deux ans des autres universités françaises. Il s’était marié en 1864 avec Isaure Périer, éducatrice, communarde.
En septembre 1866, il se rendit à Genève et assista avec A. Fermé, étudiant lui aussi et blanquiste comme lui, au premier congrès de l’Internationale.
Au congrès de la Paix de Berne, 25 septembre 1868, Rey fut un des dix-huit signataires de la déclaration bakouniniste de la minorité du congrès. De ce fait, il fut considéré par Bakounine comme « membre fondateur » de l’Alliance internationale de la démocratie socialiste qui, sous sa forme publique, fut fondée en septembre-octobre de cette même année. Elle était greffée sur l’Alliance secrète fondée par Bakounine en 1864 et qui porta différents noms : Alliance de la démocratie sociale, Fraternité internationale, etc..., L’Alliance internationale de la démocratie socialiste fut admise par le Conseil général au nombre des sections genevoises en juillet 1869, après sa dissolution en tant qu’organisation internationale.
En septembre 1869, Aristide Rey assista, comme correspondant de Démocratie, au 4e congrès de l’Internationale tenu à Bâle.

En tant que délégué des vingt arrondissements, il fut un des signataires de l’Affiche rouge du 6 janvier 1871, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison » du gouvernement du 4 septembre et pour mettre en avant trois mots d’ordre : Réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse. Elle se terminait par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune » ! Voir Ansel.
Il fut au nombre des 43 socialistes révolutionnaires présentés aux élections du 8 février par l’Internationale, la Chambre fédérale des sociétés ouvrières et la Délégation des vingt arrondissements de Paris.
Il collaborait alors à La République des Travailleurs, organe des sections des Batignolles et des Ternes de l’Internationale, 8 janvier-4 février 1871.

Ami personnel d’Élie Reclus, il seconda celui-ci lorsqu’il fut chargé, le 29 avril 1871, de diriger la Bibliothèque nationale pendant la Commune (mais il semble plutôt qu’il aurait été chargé de prendre en charge la bibliothèque des jésuites de la rue des Postes, Ve arr., cf. étude de H. Dubief op. cit.).
Auparavant, le 1er avril, Rey avait été élu président du bureau de Grenoble (Isère) de la Société républicaine pour la Défense nationale et avait proposé l’envoi à Versailles d’une députation départementale « chargée de porter à l’Assemblée les vœux et les aspirations du peuple », émettant même l’espoir que si tous les départements procédaient ainsi, ces délégations pourraient constituer une Assemblée nationale (cf. Enquête parlementaire..., op. cit.). Fin avril, il fit partie de cette délégation (Le Rappel, 27 et 28 avril 1871).

De 1871 à 1876, Aristide Rey voyagea en Suisse et en Italie. Au début de l’année 76, Aristide fut candidat (malheureux) à la députation à Grenoble.
Il pouvait donc résider sans problème sur le territoire français. Revenu à Paris, il fut élu, en 1879, conseiller municipal du quartier du Val-de-Grâce, Ve arr. Il le demeura jusqu’en 1885, votant tantôt avec les radicaux, tantôt avec les opportunistes.
Ferdinand Buisson et Aristide Rey, rapporteur du legs Prévost, en proposèrent la direction à Paul Robin, alors à Londres, dès l’été 1879. Paul Robin prit la tête de l’établissement en décembre 1880 nommé par le préfet de la Seine et sous le contrôle d’une commission administrative départementale, composée d’élus, cinq conseillers généraux, dont Aristide Rey et de cinq représentants du Préfet dont Ferdinand Buisson.
Et c’est lui qui, le 4 novembre 1880, proposa d’armer et d’équiper les élèves des écoles primaires en bataillons scolaires, ce qui fut réalisé en juillet 1883.

En octobre 1885, il fut élu député de l’Isère sur une liste républicaine unique. Il siégea durant trois législatures, avant d’échouer à l’élection de 1898.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article136013, notice REY Aristide [REY Jules, Émile, Aristide] par Jean Maitron, version mise en ligne le 1er décembre 2010, dernière modification le 15 novembre 2021.

Par Jean Maitron

Illustration parue à la mort d’Aristide Rey, dans L’Eclair du 22 février 1901.

SOURCES : Études et documents sur la Première Internationale en Suisse, publiés sous la direction de J. Freymond, Genève, 1964, pp. 139, 220 (n. 70). — M. Dommanget, Blanqui et l’opposition révolutionnaire..., op. cit. — J. Guillaume, L’Internationale, op. cit., t. I, pp. 71-79, 120, n. 2, 214-215. — J. Dautry et L. Scheler, Le Comité central républicain..., op. cit. — H. Dubief, « L’Administration de la Bibliothèque Nationale pendant la Commune », le Mouvement social, n° 37, octobre-décembre 1961. — DES Les conceptions pédagogiques de Paul Robin (Le Yaouang) Paris, 1960, pp. 60 et 79. — Enquête parlementaire..., op. cit. pp. 36 et 140. — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des parlementaires français. — F. Regourd, PAUL ROBIN (1837-1912). Pédagogue, franc-maçon, libre penseur, militant révolutionnaire libertaire et néo-malthusien, sur le portail des Fédérations de la Libre Pensée. — Notes biographiques... (Bibl. Nat. 4° Ln 25/667). — Notes de Jean Pierre Bonnet et de Jérôme Soldeville. — Arch. Mun. Grenoble, legs du député Rey et d’Isaure Perier son épouse aux écoles et au musée de Grenoble (dont des dessins de David).

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