MORONI André, Marcel

Par Paul Boulland

Né le 19 décembre 1925 à Paris (XIVe arr.), mort le 17 janvier 2009 à Paris (XIVe arr.) ; employé de bureau, ajusteur ; militant communiste et syndicaliste CGT de Gentilly (Seine, Val-de-Marne) et de Paris (XVe arr.) ; membre du secrétariat de la fédération PCF de Paris (1954-1961) ; membre du bureau de l’UD-CGT de Paris ; conseiller municipal de Paris et conseiller général de la Seine (1959-1965).

Le père d’André Moroni, peintre en bâtiment, était décrit par son fils comme ancien sympathisant communiste en 1946, après son décès. Sa mère, femme de ménage, fut membre du PCF. André Moroni était titulaire du CEP et poursuivit sa scolarité durant deux ans au cours complémentaire de Gentilly. En 1943, il travaillait chez Chauvin-Arnoux (entreprise de fabrication d’appareils de mesure), à Paris (XVIIIe arr.), semble-t-il comme employé de bureau. En octobre 1943, il se rendit auprès de son ancien instituteur, membre du PCF, qui le mit en contact avec les dirigeants de la JC clandestine. Chargé de constituer un groupe de JC à Gentilly, où il résidait, il n’y parvint pas, mais réussit à réunir des jeunes de son entreprise. Il devint alors responsable « masse » des JC dans le XVIIIe arrondissement, sous le pseudonyme de Guillou. En février 1944, il passa au FUJP et devint responsable politique des JC pour une partie de la région Paris rive-droite (Ier, IIe, IIIe, IVe, IXe, Xe et XIe arr.). Puis, de juillet 1944 à la libération de Paris, il fut responsable politique des JC pour la région Seine-Nord, sous le pseudonyme de Desmet. Lors de l’insurrection parisienne, il prit part aux combats, notamment à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis). Il fut ensuite désigné responsable des FUJP pour le sud de la Seine-et-Oise et se chargea notamment du service civique. Mobilisé dans la 1ère armée française en mars 1945, il prit part à la campagne d’Allemagne, comme 2e classe dans l’infanterie portée, jusqu’en novembre suivant.

De retour à Gentilly, André Moroni reprit ses activités militantes, comme dirigeant local de l’UJRF et membre du comité de la section communiste. Il suivit une école fédérale en février 1946. Il adhéra également à la CGT en janvier 1946, au syndicat des personnels des services publics. Sans doute travaillait-il donc encore comme employé à cette époque, mais il entama en mars 1946 une formation professionnelle d’ajusteur au centre de FPA Bernard Jugault à Paris (XIIe arr.) où il fut responsable à la propagande de la section syndicale CGT. En raison de tensions avec la direction locale du PCF au sujet de son action à la tête de l’UJRF, il démissionna du comité de section en juin 1946, tout en restant secrétaire de cellule. Il réintégra le comité de section en février 1947.

Devenu ouvrier à l’usine Alsthom de la rue Lecourbe (XVe arr.), André Moroni fut responsable à la propagande de la section syndicale, membre du comité exécutif du syndicat des Métaux du XVe puis siégea au comité d’entreprise. Elève d’une école centrale de quatre mois du PCF en 1952, il reçut une appréciation favorable, soulignant un « esprit clair et méthodique ». Devenu secrétaire de la section du XVe arrondissement, il entra au comité fédéral de la Seine le 1er mars 1953. Lors des grèves d’août 1953, son rôle fut souligné par les responsables de la fédération.

Après la décentralisation de la fédération de la Seine, André Moroni intégra le secrétariat de la fédération de Paris à partir de mai 1954, sous la direction de Raymond Guyot puis de Bernard Jourd’hui, de 1957 à 1961 ; il fut notamment responsable aux cadres et à la jeunesse. En 1961, il fut ramené au bureau fédéral pour assurer la fonction de secrétaire du comité du XVe arrondissement. Il siégea au comité fédéral à partir de 1964.

Élu conseiller municipal de Paris dans le troisième secteur (XVe arrondissement) en mars 1959, en 2e position derrière Maurice Berlemont, André Moroni siégea jusqu’en 1965 et fut membre de la Commission mixte du travail et du chômage ainsi que de la cinquième commission. À ce titre, il fut également membre du conseil général de la Seine.

Devenu membre du bureau de l’UD-CGT de Paris et l’un de ses dirigeants, André Moroni quitta le comité de la fédération communiste en 1976. À la fin des années 1970, et notamment à partir du XXIIe congrès du PCF (l’Ile-Saint-Denis, février 1976), il développa un point de vue critique sur les orientations de son parti. En octobre 1981, il cosigna avec Robert Francotte, Albert Boisseau et Louis Turpin, une lettre de soutien à Maurice Berlemont, exclu du PCF. La lettre concluait : « Nous espérons nous retrouver un jour ensemble dans le parti, dans un parti qui mènera une politique faite de clairvoyance et de fermeté associée à la pratique d’une démocratie réelle permettant à tous ses adhérents non seulement de travailler à l’application des directives, mais de participer pleinement à leur élaboration. ». En novembre suivant, dans le cadre de la préparation du XXIVe congrès du PCF, il écrivit à Raymond Guyot et à la commission de la tribune de discussion dans l’espoir de faire paraître un texte intitulé « Être critique pour être efficace. » Il envoya également son texte à Georges Marchais et aux membres du BP. Un an plus tard, en novembre 1982, il se joignit aux signataires d’une longue lettre critique, aux côtés, entre autres, de Pierre Hentges, Jean Mérot*, Jeannette Vermeersch, Louis Turpin et Jean Zaffagni*. L’année suivante, André Moroni lança le bulletin Faits et analyses, initialement pour protester contre la participation de ministres communistes au gouvernement, après « le tournant de la rigueur », puis plus largement pour exprimer un regard critique, notamment contre la « mutation » initiée par Robert Hue à partir de 1994. Il continua de militer au sein du PCF dans le XVe arrondissement, participant au courant critique contre la direction et les évolutions du parti.

André Moroni fit don de son corps à la science.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147048, notice MORONI André, Marcel par Paul Boulland, version mise en ligne le 8 octobre 2013, dernière modification le 19 septembre 2017.

Par Paul Boulland

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. — Arch. Dép. de Seine-Saint-Denis, fonds Raymond Guyot (283 J 81). — l’Humanité. — Communisme, n°67/68, 2001, p. 225. — Notes de Marc Giovaninetti. — État civil.

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