ABID Mohamed [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 3 mars 1927 à Maison-Carrée (El Harrach) (Algérie) ; employé à l’EGA (Electricité et Gaz d’Algérie) ; syndiqué CGT, responsable des jeunesses du PPA-MTLD ; premier secrétaire général en 1956 du syndicat UGTA de l’EGA ; secrétaire national de l’UGTA en 1965.

Le père de M. Abid, né lui aussi à Maison-Carrée, était chauffeur de poids lourd, Mohammed Abib est élève de l’école indigène de son quartier puis va à l’école primaire de Leveilley dans la commune voisine d’Hussein-Dey jusqu’au certificat d’études primaires. Il fréquente en même temps l’école coranique. Il commence à travailler à l’âge de quatorze ans dans une teinturerie, puis en 1942 il est ouvrier métallurgiste à l’entreprise Neyrpic installée à Hussein-Dey. En 1945 il devient employé d’une entreprise concessionnaire d’électricité et de gaz. À partir de la constitution en service public, en 1947, de tous les établissements d’électricité et de gaz – il y avait une vingtaine d’entreprises concessionnaires en Algérie – il devient employé à statut de l’EGA jusqu’à sa retraite au début des années 1980.

M. Abib commence à militer en 1943 aux Jeunesses du PPA (Parti du peuple algérien) dans son quartier d’Hussein-Dey. En 1947, il devient responsable de l’organisation des jeunes pour tout le périmètre englobant les quartiers du Ruisseau, de Kouba et de Hussein-Dey. À ce titre, il fait partie du comité de coordination d’Alger des jeunesses du PPA sous la direction d’Omar Oussedik*. Suivant la directive du parti nationaliste, il adhère à la CGT sans jamais occuper de responsabilités. En 1953, M. Abib est le candidat du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) aux élections municipales d’Hussein-Dey. Il refuse de prendre position dans la crise qui secoue alors le MTLD, dont il ne découvre la profondeur qu’en 1954. En 1954-1955, il est contacté par Idir Aissat* et Attalah Benaïssa* pour préparer la mise en place de l’UGTA. La création du syndicat messaliste USTA précipite la formation de l’UGTA, le 24 février 1956. Il est alors chargé de la création de la section syndicale de l’EGA ; il en devient le premier secrétaire général.

Arrêté le 24 mai 1956, il est envoyé dans différents camps. Suite à une plainte auprès du BIT (Bureau international du travail) de la CISL (Confédération internationale des syndicats libres) et à la demande de cette organisation, Robert Bothereau, secrétaire général de la CGT-FO fit une intervention en juin 1961 auprès du Premier ministre du gouvernement français afin de le faire libérer. Libéré en juin 1961, il reprend son poste à l’EGA.

Après le cessez-le-feu le 19 mars 1962, il reconstitue la section syndicale en même temps qu’il organise, avec Azzedin Mazri, la reprise du travail après le départ massif des Européens. Il participe au premier congrès de l’UGTA qui se tient en janvier 1963 ; il est mis à l’écart par les méthodes autoritaires imposées par la direction du FLN assurée à l’époque par Ahmed Ben Bella et Mohammed Khider. Mohammed Abib sort déçu de ce congrès et commence à décrocher. Malgré tout, il maintient son militantisme syndical en participant aux différentes campagnes de « volontariat pour la révolution socialiste ». Au deuxième congrès de l’UGTA qui se tient en 1965, il est porté au secrétariat national, mais se trouve écarté une seconde fois après la mise au pas de l’UGTA à la suite du coup d’État du 19 juin 1965. Au troisième congrès qui se tient en 1969 sous la direction de Kaïd Ahmed, responsable de l’appareil du FLN, Mohammed Abib est définitivement écarté de toute activité syndicale. Marié, trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147999, notice ABID Mohamed [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 25 juillet 2013, dernière modification le 25 février 2014.

Par René Gallissot

ŒUVRE : « La grève des dockers d’Oran en février 1950 » in État et mouvement syndical au Maghreb, colloque international, Laboratoire Tiers-monde, Université de Paris 7, 14-15 mars 1986. — « L’action militante des travailleurs algériens pour l’indépendance syndicale durant la présence coloniale », colloque national sur l’histoire du mouvement syndical algérien, UGTA, Alger, 19-20 février 1986.

SOURCES : Arch. de la Wilaya d’Alger, notes d’Abderrahim Taleb-Bendiab. –Entretiens avec Mohamed Abib. — B. Bourouiba Les syndicalistes algériens, op. cit., témoignage de M. Abib (sans date). — Arch. Nat. France Outre-mer, Aix-en-Provence, FM (Fonds ministériels) 81 F/793, notes de Louis Botella.
René Gallissot

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