PROUVOST Léon [Dictionnaire des anarchistes]

Par René Bianco, Jacques Girault, notice complétée par Rolf Dupuy

Né à Roubaix (Nord) le 28 septembre 1856 , mort à Saint-Raphaël (Var) le 11 août 1921 ; anarchiste du Var.

Fils d’un fabricant de tissus de Roubaix, Léon Prouvost y suivit des études dans un collège religieux. Ses parents, dont les affaires avaient périclité après la guerre de 1870, se fixèrent à Lille où ils fondèrent une agence d’assurances. Léon Prouvost fréquenta alors le lycée durant trois années, puis travailla avec son père. Marié une première fois, vers 1888, avec la fille d’un banquier parisien, il alla habiter, l’année suivante, à Bruxelles après avoir liquidé son agence de Lille et réussit encore mieux en affaires. Il divorça après deux années de mariage, se remaria et eut trois enfants. En 1904, âgé de quarante-huit ans, fortune faite, il se retira à Saint-Raphaël (Var) — à Raphaël comme il disait, étant devenu très antireligieux depuis son séjour au collège de Roubaix.

C’est alors qu’il commença à s’enthousiasmer pour l’anarchisme. Entré en contact avec André Lorulot*, il s’intéressa à l’expérience de vie en commun que ce dernier tenta en 1906-1907 à Saint-Germain. Il se lia également à Jean Grave*, qui vint se reposer dans sa villa en 1910, et collabora aux Temps Nouveaux. Devenu secrétaire de L’Emancipatrice, la section locale de La Libre Pensée, il lança dans La Guerre Sociale (30 mars 1910) un appel pour reconstituer la Libre Pensée dans le département et annonça la constitution d’une union de défense sociale du Var et des Alpes Maritimes dont il était le secrétaire. A partir de décembre 1911, il fut l’éditeur de La revue Sociale (Raphaël, 1911-1914, puis 1921, au moins 37 numéros), sous-titré Organe de propagande individuelle. Si les titres et sous-titres étaient imprimés, tous les autres textes et documents étaient dactylographiés par Prouvost lui-même. La revue se consacrait essentiellement à la propagande végétarienne, antialcoolique, antitabagique, antireligieuse et antimilitariste. Dans sa logique de Libre penseur, « l’anarchiste millionnaire », comme on le surnommait, avait même supprimé dans l’adresse la mention « Saint » de Saint-Raphaël.

En avril 1912 il était le responsable du Comité de Défense Sociale de Saint-Raphaël. En 1913 il collabora à la revue individualiste Libre Examen (Bezons, n°1 novembre 1913) publié par Ernest Girault* puis, l’année suivante, au numéro unique trilingue Pro Vittime Politiche (Marseille, février 1914) publié par le Cercle international d’études sociales qui regroupait des anarchistes de toutes nationalités.

Lors de la Première Guerre mondiale, il rompit avec Jean Grave rallié à l’Union sacrée et signataire du Manifeste des seize. En 1917 il organisa une bibliothèque circulante et publia en supplément à L’Idée Libre de Lorulot*, une chronique du mouvement antireligieux. Pendant la guerre il collabora aux organes individualistes La Feuille (Lyon, 1917-1939) de Jules Vigne*, L’Idée Libre (Saint-Etienne, 1917-1919) de Lorulot, Par dela la mêlée (Orléans, 1916-1917, Déols 1917-1918) d’E. Armand*, La Mêlée (Déols 1918-1919, Paris 1919-1920) de Maurice Charron*, La Plèbe (Paris, 4 numéros d’avril à mai 1918) publié par les opposants à la guerre.

En avril 1919 il recueillait des fonds à envoyer à Domela Nieuwenhuis au profit du compagnon Victor Dave*. Cette même année 1919, après avoir distribué des tracts antimilitaristes imprimés par Lorulot, il fut inculpé « d’incitation de militaires à la désertion » et aurait été condamné à un an de prison. Il collaborait à cette époque au Communiste (Bruxelles, 8 numéros de juillet à novembre 1919) publié par Armand Lebrun et au Réveil de l’Esclave (Pierrefitte, 1920-1925) dont les rédacteurs principaux étaient A. Lorulot, et M. Devaldès*. Il publia également « Le code bolchevik du mariage » (Publications mensuelles de l’Idée Libre, n°43, 1921) où il appelait les « esprits libérés de préjugés à faire connaître l’œuvre des Bolcheviks et de montrer sans sectarisme avec quelle bonne volonté ils essaient, en dépit des difficultés, de travailler à instaurer une société meilleure ».

Il était marié et avait des enfants. Soupçonné par la police de faire de la propagande « communiste et antimilitariste » au camp d’aviation de Fréjus, Léon Prouvost, qui était membre du Comité de Défense des marins de la Mer Noire, fut perquisitionné le 27 juillet 1921. Quelques jours plus tard, le 11 août 1921, il se suicidait en se jetant dans le puits de sa propriété, après avoir légué une partie de sa fortune à Lorulot.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154013, notice PROUVOST Léon [Dictionnaire des anarchistes] par René Bianco, Jacques Girault, notice complétée par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 1er mai 2014, dernière modification le 25 janvier 2019.

Par René Bianco, Jacques Girault, notice complétée par Rolf Dupuy

ŒUVRE : Le Vatican et la guerre (Ed. L’Idée Libre, 1919) — L’Autodémocratie.

SOURCES : Arch. Dép. Var 4M42, 44, 45, 59, 8M1627 — R. Bianco « Un siècle de presse anarchiste…, op. cit. — Le Semeur, 22 juin 1927 — L’Idée Libre, septembre octobre 1921 – Etude inédite de M. Masse.

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