FORET Jean-Baptiste, Victor [Dictionnaire des anarchistes]

Par Rolf Dupuy, Dominique Petit

Né à Bazancourt (Marne) le 15 mai 1870. Manouvrier ; ouvrier boulanger, anarchiste, bagnard.

Après avoir été condamné en 1889 par la cour d’assises de l’Aisne à 3 ans de prison pour homicide d’un Allemand à la suite d’une rixe, Jean-Baptiste Foret parvint à obtenir sa libération conditionnelle.

Suite à la parution en décembre 1891, dans Le Père Peinard et La Révolte, de l’avis "tous les groupes anarchistes existant tant en France qu’à l’étranger sont priés d’envoyer sans retard au compagnon Rascle, 19 rue des Nuits à Lyon, une adresse à laquelle on puisse leur faire parvenir une communication de la plus haute importance", Foret répondit à Rascle qu’on pouvait lui adresser cette communication à Bazancourt.

En novembre 1892, lors d’une réunion d’une trentaine d’anarchistes au café Vautier, la police signalait que Foret avait reproché aux compagnons d’avoir peur et s’était déclaré "décidé à tout, même au vol et à l’incendie".

Dans la nuit du 28 au 29 janvier 1893, Foret, accompagné d’Adolphe Perrin, Louis-Joseph Galau, d’Emile-Ignace Spannagel, entra par effraction dans les locaux de la Compagnie l’Urbaine, 35 rue Saint Pierre. Surpris par des voisins, une bagarre s’engagea au cours de laquelle un d’eux fut blessé au bras par une balle. Seul Foret fut arrêté tandis que les autres parvinrent à s’enfuir ; Perrin fut capturé deux jours plus tard tandis que Galau gagna Londres. Lors de son arrestation l’un des gendarmes lui avait cassé un bras à coups de sabre.

Lors du procès, tandis que Perrin n’eut que deux ans de prison, déclarant être juste venu voler des lapins, Foret fit l’apologie de Ravachol, applaudit à l’attentat de la rue des Bons-Enfants et déclara : "La reprise individuelle est un droit !" Les jurés influencés par ses déclarations rendirent le verdict incroyable de le condamner à mort pour « tentative de meurtre », ne lui ayant accordé aucune circonstance atténuante.

A l’énoncé du jugement il déclara : "La vengeance est un devoir". Cette condamnation souleva une vive émotion et à Saint Ouen, le 27 mai, un groupe d’anarchistes, aux cris de "Vive l’anarchie, vive Ravachol, mort aux bourgeois," stationna devant la mairie jusqu’à sa dispersion par la police.

La condamnation fut finalement commuée par le président de la République en travaux forcés à perpétuité.

Foret fit partie du convoi qui embarqua à Saint Martin de Ré le 18 décembre 1893 sur le Ville de Saint Nazaire à destination du bagne de Cayenne. Dans ce même convoi figuraient également les compagnons Louis Chenal*, Henri-Pierre Meyrueis et Joseph Crespin*. A leur arrivée ils refusèrent de saluer Clément Duval dont on leur avait dit qu’il était un mouchard. C’est Charles Simon* dit Biscuit qui, à leur arrivée à Saint Joseph, démentit cette calomnie ; les trois hommes s’excusèrent auprès de Duval.

Foret fut accusé d’avoir participé à la révolte des forçats anarchistes mais, le 22 juin 1895, il était finalement acquitté. En décembre il se trouvait au pénitencier de Saint Joseph sur l’île du Salut (matricule n°26120) et travaillait comme ouvrier boulanger. Son cas fut défendu par la presse libertaire et en particulier par Séverine ; il fut gracié et put rentrer en France en 1901.

Arrivé à La Pallice-La Rochelle à bord du steamer Calédonie le 19 janvier 1902, il rentra le lendemain à Bazancourt où il alla résider chez ses parents. En mars 1902 il alla s’installer à Reims où il tenait le café de la Caisse d’épargne, 16 rue de Mars. En octobre 1902 Foret était rayé de la liste des anarchistes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154580, notice FORET Jean-Baptiste, Victor [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, Dominique Petit, version mise en ligne le 12 avril 2014, dernière modification le 10 février 2022.

Par Rolf Dupuy, Dominique Petit

SOURCES : Libertaire, 29 novembre 1895 (l’appelle Victor Forest) — C. Duval, Moi Clément Duval…, op. cit. — Séverine, En marche, 1896 (article : Varennes, de Ravachol à Caserio) — Arch. Dép. Marne 30 M 74 & M 83 — Le Matin, 31 mai 1893 & 23 février 1894 — Le Petit Parisien, 30 juillet 1893 — Le Temps, 27 et 28 mai, 2 août 1893 — Journal des débats, 26 & 28 mai 1893 — ANOM : Registre H 2227, matricule 26120.

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