HERNANDEZ Hélène, Germaine, Suzanne [Dictionnaire des anarchistes]

Par Pascal Epron

Née le 6 juin 1955 à Paris (XIIe arr.) ; militante féministe, anarchiste (Fédération anarchiste) et syndicaliste, ergothérapeute, responsable de formation.

C’est en 1973 qu’Hélène Hernandez commença sa vie militante à l’intérieur d’un comité de femmes composé d’étudiantes féministes d’extrême gauche dans le Val-de-Marne. Née dans une famille d’obédience communiste dont les parents, artisans bouchers, s’opposèrent souvent au CIDUNATI à la chambre de commerce. Sa prise de conscience politique précoce fut en partie liée à des discussions avec son grand-père, Jean, François, Marcelin Grenot, né en 1901, probablement le 17 novembre, présent selon des sources familiales au congrès de Tours avec la délégation du Jura, en 1920, lors de la scission de la SFIO.

Lors d’actions sur le marché de Créteil (94) avec un collectif de femmes, elle rencontra des anarchistes qui les défendirent contre les provocations de groupes d’extrême droite. Elle milita à Alfortville, au Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception de 1973 à 1975, et participa aux actions pro-IVG dans les hôpitaux. Hélène Hernandez rejoignit alors le groupe Colères qui rassemblait des militantes anarchistes de la FA (groupe Emma-Goldman de Paris), de la CNT et de l’OCL, où elle resta de 1977 à 1980. Le Groupe Colères qui réunissait aussi des compagnes de La Lanterne noire était aussi animé par Françoise Gilles, Mayo Rodriguez et Geneviève Pauly dite « Gigi ». Outre 3 numéros de la revue Colères (1978-1980) fut également publié la brochure Maternité, femme sacrifiée. Parallèlement elle fut cofondatrice du groupe anarchiste de l’Université de Créteil en 1976 organisant des ventes du Monde libertaire et créant une bibliothèque à usage interne. Elle obtint son diplôme d’ergothérapeute en 1978 et exerça ce métier jusqu’en 1999. Elle obtint par la suite un diplôme de cadre de santé puis un master en sciences de l’éducation et devint formatrice et enfin responsable de la formation des ergothérapeutes à l’université Paris-XII à partir de 1999.

La vie professionnelle la dirigea tout naturellement vers le syndicalisme. De 1975 à 1978, elle milita à la CFDT-Santé-Sociaux comme travailleuse en formation. Faisant le lien entre anarchisme et syndicalisme, Hélène participa en 1977 à la fondation du GASPAR, Groupe anarcho-syndicaliste parisien regroupant des camarades de l’Alliance syndicaliste, de la CNT et de divers syndicats. C’est à cette époque qu’elle rencontra Jacques Blaize, alors secrétaire de l’UD-CFDT 94. Elle milita un temps à la CNT Tour-d’Auvergne, de 1978 à 1981, et à FO jusqu’en 1982 alors qu’elle travaillait à Meaux (77). Quittant cette ville pour un nouveau lieu de travail, Villiers-sur-Marne (94), elle revint à la CFDT, cette fois en tant que déléguée syndicale en 1983. Son investissement militant dans cette confédération fut important car, pendant la période 1984-1988, elle fut secrétaire du Syndicat Santé 94, membre du bureau de l’Union départementale CFDT 94 et membre du bureau de l’Union régionale CFDT Ile-de-France Santé-Sociaux. Elle fut toutefois exclue de ce syndicat en 1988 lors de l’affaire des « moutons noirs » du congrès confédéral de Strasbourg. Avec d’autres exclus, elle fonda dès 1988 la Fédération CRC (Coordonner, Rassembler, Construire) qui devint le syndicat SUD-Santé-Sociaux où elle milita jusqu’en 1999 et exerça de nouveau des responsabilités : secrétaire CRC-Santé 94, membre du bureau régional CRC et fédéral SUD de 1988 à 1999. Elle fut permanente à mi-temps de 1989 à 1991. Un important mouvement de contestation se développa durant ces mêmes années dans le milieu des infirmières et des personnels de santé auquel Hélène Hernandez participa activement.

Son engagement syndical rejoignit souvent son engagement féministe puisqu’elle représenta le CRC et plus tard SUD-Santé-Sociaux à la création de la Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception en 1992 et à son développement jusqu’en 1999. De même, elle représenta SUD-Santé-Sociaux au Collectif national pour le droit des femmes de 1995 à 1999. Elle fut ainsi membre du bureau national de ces deux organisations et trésorière nationale du CNDF.
Toutes ces prises de responsabilité au cours de ces nombreuses années s’étendirent aussi dans son activité professionnelle puisqu’elle fut vice-présidente de l’Association nationale française des ergothérapeutes depuis 1998 et présidente de l’Union interprofessionnelle des associations de rééducateurs et médico-techniques de 2002 à 2005.

Si depuis 2000 Hélène a abandonné le militantisme syndical, elle est toujours active au sein du groupe Pierre-Besnard de la Fédération anarchiste, fondé en 1981 par des militants anarcho-syndicalistes, notamment Hugues Lenoir qui fut son compagnon pendant dix-neuf ans. Elle fut trésorière de ce groupe durant plusieurs années. Ses prises de responsabilité au sein de l’organisation anarchiste ne se limitèrent pas au groupe puisqu’elle fut tour à tour secrétaire de l’Union régionale Ile-de-France de la Fédération anarchiste de 1990 à 1992 et trésorière fédérale de cette même organisation de 1993 à 1996. Alliant enfin féminisme et anarchisme, elle est membre de la Commission Femmes FA depuis 1982.
Parmi ses nombreuses activités militantes, on note une participation de longue date à de nombreuses émissions de Radio Libertaire : les Chroniques syndicales de 1982 à 1997, Femmes libres depuis 1997 et La Santé dans tous ses états depuis 2007. Elle anime des débats pour des réunions publiques sur le féminisme, le syndicalisme, la laïcité.

La vie militante d’Hélène Hernandez montre en permanence les liens qu’elle tisse entre les trois axes que sont le féminisme, l’anarchisme et le syndicalisme. Elle apporte au féminisme la revendication anarchiste de l’individu en lieu et place de la famille et dans l’anarchisme le développement du concept d’anarcha-féministe lors de la Rencontre internationale anarcho-féministe en 1992 (La Plaine-Saint-Denis).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article154934, notice HERNANDEZ Hélène, Germaine, Suzanne [Dictionnaire des anarchistes] par Pascal Epron, version mise en ligne le 24 avril 2014, dernière modification le 23 juin 2019.

Par Pascal Epron

ŒUVRE. Participation à de nombreuses publications : Femmes à l’ouvrage (1989), articles « Femmes : actives depuis toujours » et « Femmes et syndicats : un mariage de raison », Éd. du Monde libertaire. Mai 68 par eux-mêmes (1989), contribution aux interviews et à la mise en forme, Éd. du Monde libertaire. Avortement, contraception, on vous l’a déjà dit, on veut choisir (1992), articles « Menaces sur l’avortement et la contraception », et « Un droit toujours à conquérir », Éd. du Monde libertaire. Actes de la Rencontre internationale anarcho-féministe, Paris - La Plaine-Saint-Denis (1992), articles « Multiplicité et unicité » et « Introduction au débat des Commissions mixte et non-mixte Anarcha-féminisme », co-confection des Actes. Ordre moral, analyses et propositions anarchistes (1994), article « Corps des femmes : enjeu pour l’ordre patriarcal et capitaliste », Éd. du Monde libertaire. Anarchisme, images et réalité, actes du colloque de Perpignan (1996), articles « Anarchisme et féminisme » et « Syndicalisme en rupture », Éd. du Monde libertaire. En avant toutes ! Les Assises nationales pour les droits des femmes (1998), co-coordination de l’ouvrage, Le Temps des Cerises. Un Paris révolutionnaire, émeutes, subversions, colères (2001), sur une idée de Claire Auzias, notice sur Marie Guillot, Esprit frappeur. Les œillets rouges, Cahiers de réflexion anarchiste (1988-1989), membre du comité de rédaction. Mao de 68. Os anarquitas e a revolta da juventude (Brasil 2008). Editora Imaginàrio. Anarchisme, Féminisme, contre le système prostitutionnel (2009), co-coordination de la brochure, Éd. du Monde libertaire.
Articles dans Le Monde libertaire sur le syndicalisme, les luttes sociales, les luttes féministes, l’anarcha-féminisme et les questions de santé.

SOURCES : témoignage direct, février 2009.

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