BERNARD Pierre

Par François Prigent

Né le 1er novembre 1931 à Saint-Pol-de-Léon (Finistère), mort le 24 mai 2011 à Ploemeur (Morbihan) ; professeur agrégé ; militant MNEF ; responsable national du SNES ; président de la Jeunesse étudiante bretonne (JEB) ; adhérent de la SFIO en 1964 ; membre de la direction fédérale de la SFIO 56 ; conseiller municipal de Lorient (1971-1983) ; conseiller régional (1973-1986) ; porte-parole du BREIS ; député européen (1983-1986) ; dissident socialiste passé dans la mouvance écologiste et régionale (GE ; Verts ; UDB) et centriste (CDS) ; multiple candidat aux élections dans le Morbihan entre 1967 et 1993.

Ce fils de salarié agricole obtint son brevet élémentaire et son baccalauréat en tant que boursier. Il poursuivit ses études universitaires à Rennes (licence de droit, DES d’économie politique et de sciences économiques). Titulaire d’un diplôme d’études celtiques, il apparut dès le début des années 50 comme un militant syndical et culturel, devenant le président fondateur de la Jeunesse Etudiante Bretonne (JEB), qui fédérait les étudiants bretons de France (dont Philippe Meyer par exemple). Premier président de la section rennaise de MNEF, il appartint à cette génération initiale de mutualiste étudiant à l’échelle nationale, en compagnie de Guy Goureaux (conseiller général de Nantes 1976-2001, leader du Cercle Jean XXIII). Officier d’administration et de santé pendant la Guerre d’Algérie, il fit joué sa polyvalence professionnelle au lycée Colbert de Lorient (philosophie, économie, breton). Secrétaire du syndicat national de l’enseignement technique et ouvrier, qui se prononçait en faveur de l’unification des 2 syndicats dans la FEN, cet agrégé devint rapidement un responsable régional et national du SNES. Muté en 1968 au prestigieux lycée lorientais Dupuy-de-Lôme, il présenta au congrès du SNES de 1969 une motion sur les langues et cultures régionales. En 1971, il fut le membre fondateur du SPI Entraide Interceltique, puis président de cette association humanitaire qui accueillait des enfants d’Irlande du Nord. Cultivant son ancrage ouvrier, il dispensait des cours de philosophie à l’école de formation technique de l’Arsenal. En 1978, il fut nommé conseiller technique des recteurs de Nantes et de Rennes pour la culture régionale, chargé de mission auprès de l’IPR.

Politiquement, il adhéra à la SFIO en 1964 à la section de Lorient. Fidèle militant, il fut régulièrement candidat à de multiples élections, dans des terres de mission le plus souvent : cantonales de Pont-Scorff, législatives à Vannes en 1968 contre Marcellin (6.8%), à Ploërmel en 1973, cantonales de Ploërmel en 1973 (5%), cantonales de Groix en 1976 contre le sénateur Yvon (4.9%). Conseiller municipal de Lorient en 1971, il fut choisi par Yves Allainmat dès 1973 pour représenter la ville au Conseil Régional, en raison de ses liens avec les réseaux rennais. Demeurant à ce poste jusqu’aux mutations de 1986 de l’instance régionale, élue au suffrage universel, il était membre de la CEF de la SFIO puis du PS, en charge des élus et des relations extérieurs le plus souvent. Pourvoyeur régulier et abondant d’articles au Rappel du Morbihan, sur la vie culturelle, le régionalisme ou les enjeux syndicaux du monde eseignant, il devint aussi le porte-parole du BREIS, spécialisé dans les questions de décentralisation, aux côtés de Michel Phliponneau et Louis Le Pensec entre 1973 et 1979. Suppléant de Michel Masson (maire de Pontivy 1971-1983) aux sénatoriales partielles de 1981, il fut candidat titulaire aux sénatoriales de 1983, en compagnie de Georges Jégouzon (Arsenal, conseiller général) et Philippe Meyer (rocardien, secrétaire fédéral adjoint), obtenant 245 voix soit 16% des suffrages. Il figurait aussi en 39e position sur les listes des Européennes en 1979. Il fut donc député européen après l’entrée de Swchartzenberg au gouvernement Mauroy en 1983, devenant le 4e socialiste breton après Charles Josselin (président du conseil général en 1976, battu aux législatives en 1978), Marie-Jacqueline Desouches (conseillère générale de Brest entre 1973 et 1992) et Bernard Thareau (éminent syndical agricole dans l’Ouest breton). Mitterrandien faiblement inséré dans la nouvelle génération des réseaux PS, il fut progressivement écarté des cercles dirigeants socialistes du Morbihan à partir de 1984. Non renouvelé aux européennes de 1984 et aux régionales de 1986, il fréquentait les milieux régionalistes de droite. Démissionnaire du PS en pleine campagne des législatives et des régionales de mars 1986, il subit alors les critiques féroces de ses camarades lorientais, notamment Yves Guélard (ancien secrétaire fédéral de la SFIO de 1960 à 1973) et Jean-Paul Allio (ancien leader de la CFDT de Lorient), qui lui reprochait un militantisme très individuel et déconnecté des ancrages sociaux. Adhérant immédiatement au CDS, puis à Génération Ecologie et à l’UDB, il acheva son parcours politique comme candidat des Verts à Pontivy en 1993.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16410, notice BERNARD Pierre par François Prigent, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 10 octobre 2021.

Par François Prigent

SOURCES : Arch. Dép. Morbihan, 85 J. — Arch. fédérales du PS du Morbihan. — Arch. OURS, dossiers Morbihan. — Le Rappel du Morbihan, 1964-1993. — Entretiens avec Philippe Meyer.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable