PERRIN François, Pierre, Raymond [Pseudonyme : Bob]

Par Dominique Tantin, Michel Thébault

Né le 21 novembre 1892 à Bujaleuf (Haute-Vienne), fusillé comme otage le 2 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; professeur d’anglais ; résistant Libération-Sud, AS.

Il était le fils de Pierre, Émile Perrin, âgé de 25 ans à sa naissance et de Marguerite Vergnolle âgée de 22 ans, tous deux instituteurs. Après sa scolarité primaire à l’école communale de Bujaleuf, il entra comme interne à l’École primaire supérieure (EPS) de garçons de Saint-Junien (Haute-Vienne) et poursuivit ensuite ses études entrant à l’École Normale de Limoges en 1909 pour devenir instituteur. Lors de la conscription en 1913, il était étudiant au Royaume-Uni pour apprendre l’anglais, plus précisément dans une Grammar School à Hertford Heath au nord de l’agglomération londonienne. Il fut mobilisé le 17 août 1914 au 107ème Régiment d’infanterie. Il gravit très rapidement les échelons militaires, caporal le 5 octobre 1914, sergent le 24 octobre de la même année ; passé au 294ème Régiment d’infanterie en juin 1916, il y fut promu sous-lieutenant le 17 juillet, puis lieutenant le 17 juillet 1918. Il fut blessé le 6 mai 1917 à Aizy (aujourd’hui Aizy-Jouy) dans l’Aisne et en garda des séquelles pulmonaires. Combattant de la Grande Guerre, il avait survécu à quarante-cinq mois au front et son courage avait été distingué par la Croix de guerre, cinq citations et une Légion d’honneur reçue sur le champ de bataille. Lieutenant de réserve, il fut après la guerre président des officiers de réserve.
 
Démobilisé en septembre 1919, il vint s’installer à Limoges, marié (le 17 août 1917 à Saint-Victurnien, Haute-Vienne) avec Jeanne, Marthe, Isabelle Trabuchère institutrice (née le 7 août 1892 à Limoges). Il fut père de deux enfants, deux filles nées en 1918 et 1922. D’abord instituteur, il fut ensuite professeur d’anglais, enseignant à partir de 1934 à l’École nationale professionnelle (ENP) de Limoges devenue en 1960 le lycée Turgot. Parallèlement il donnait des cours à l’École normale d’instituteurs. Il fut nommé officier d’académie (aujourd’hui ordre des Palmes académiques) le 20 juillet 1930. Franc-maçon il appartint à partir de 1933, avec Armand Dutreix, à la loge maçonnique du grand Orient de France de Limoges : Les Artistes Réunis. Il fut à ce titre révoqué de ses postes d’enseignants par le gouvernement de Vichy.
 

Il entra dès l’été 1941 dans la Résistance participant à Limoges à la création du mouvement Libération avec Armand Dutreix et Georges Dumas. Résistant gaulliste, sous le pseudonyme de « Bob », membre du réseau Alliance, il fut le fondateur et le responsable du Comité Régional du mouvement Libération-Sud. Il participa à la création de l’état-major régional de l’Armée secrète (AS) et fut affecté au 1er Bureau dont il devint chef régional au mois de janvier 1943. François Perrin fut arrêté par la Sipo-SD le 17 avril 1943 à Limoges, occupée depuis le 11 novembre 1942. Il fut incarcéré à la caserne Marceau, puis transféré le 25 mai 1943 au fort de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis).
 
Il fut exécuté comme otage avec quarante-neuf autres détenus dont six résistants de la région : Maurice Schmitt, François Perrin, Georges Leblanc de Limoges, André Boissière (Dordogne) , Martial Brigouleix (Corrèze) et Louis Maudeux (Creuse), le 2 octobre 1943, entre 18 heures et 19 heures en représailles à l’exécution de Julius Ritter, colonel SS, responsable en France du Service du travail obligatoire (STO), abattu le 28 septembre 1943 par un détachement des Francs-tireurs et partisans-Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI) composé de Marcel Rayman, Léo Kneler, Spartaco Fontanot et Celestino Alfonso.
 
Un hommage solennel lui fut rendu à Limoges le 12 juin 1945. Depuis cette date, une salle du lycée Turgot de la ville porte son nom. Il obtint la mention Mort pour la France le 28 mai 1945. Son nom figure à Limoges sur le monument commémoratif du jardin d’Orsay et sur la plaque commémorative dans la cour de l’ancienne École Normale. Il figure aussi sur le monument commémoratif du Mont-Valérien à Suresnes et sur le mémorial du Grand-Orient de France, 16 rue Cadet à Paris (IXe arr.). Deux rues portent également son nom, à Limoges et à Bujaleuf.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article164695, notice PERRIN François, Pierre, Raymond [Pseudonyme : Bob] par Dominique Tantin, Michel Thébault, version mise en ligne le 24 septembre 2014, dernière modification le 8 juin 2022.

Par Dominique Tantin, Michel Thébault

SOURCES : Dossier AVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Arch. Dép. Haute-Vienne (état civil ; registre matricule ; 185 W 3-36 ; 47 J 13 ). — Archives municipales Limoges 4 H 37. — ADIRP 87 IR 1208 00482. ─ ODAC 87. — François Adeline Haute-Vienne, La guerre secrète 1940-1944 Hors-série édité par Le Populaire du Centre décembre 2006. — État civil (Mairie de Limoges, registre des décès 1944, acte n°829). — Mémorial genweb. — Renseignements généalogiques Roger Faure.

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