BESLAIS Aristide, Antoine, Henri

Par Jacques Girault

Né le 19 décembre 1888 à Tours (Indre-et-Loire), mort le 15 janvier 1974 à Paris (XVIIe arr.) ; professeur puis directeur de l’enseignement du Premier degré au ministère de l’Education nationale ; militant socialiste et coopérateur.

Fils d’un employé municipal de Tours et d’une couturière, Aristide Beslais, titulaire du baccalauréat (latin-grec-philosophie) en 1906, boursier de licence et d’agrégation, obtint une licence de langue et littérature classique de la Faculté de Bordeaux (1909), un diplôme d’études supérieures (1910) et fut reçu à l’agrégation de grammaire en 1911. Après son service militaire dans l’infanterie à Châteauroux (Indre), marié en septembre 1913 à Montluçon (Allier), père de trois filles, il fut nommé au lycée de cette ville en 1913. Mobilisé en septembre 1914 dans l’infanterie coloniale, blessé en juillet 1915, il reprit son service enseignant pendant un mois avant d’être versé dans les services auxiliaires de l’armée. Il retrouva son poste au lycée en juin 1918.

Aristide Beslais devint un coopérateur actif à « la Ruche montluçonnaise » dont il fut élu en 1914 administrateur après l’adhésion de la société à la nouvelle Fédération nationale des coopératives de consommation. Membre du Parti socialiste SFIO, il fut élu conseiller municipal et adjoint au maire Paul Constans en décembre 1919. Il intervint au congrès socialiste de Montluçon en 1920. Délégué par le congrès de Saint-Germain-des-Fossés du 5 décembre 1920 au congrès de Tours pour la motion Longuet, il ne figurait pas parmi les délégués présents d’autant qu’il n’était que suppléant. Après la scission, il devait lire une déclaration au nom de ses camarades lors du dernier congrès de la fédération socialiste, encore unie, en janvier 1921, à la mairie de Villefranche-d’Allier. Mais la majorité favorable à la Troisième Internationale refusa de l’écouter. Il participa dès lors activement à la reconstitution de la Fédération socialiste SFIO de l’Allier.

Aristide Beslais fut nommé au lycée Rollin à Paris en 1924. Il resta volontairement chargé des classes de 6e et de 5e, encourageant la coopération scolaire. Il était en 1939 chargé de la direction des loisirs dirigés. En octobre 1939 et pendant une année, il fut détaché au lycée Descartes à Tours (Indre-et-Loire). Revenu au lycée Rollin, il participa à la résistance universitaire (il n’est pas répertorié dans la liste des membres du FNU du lycée Rollin, établie en 1944). Depuis 1941, il rédigeait des manuels scolaires dans des collections dont il était un des directeurs, associant plus tard son gendre Pierre-Georges Castex à la direction.

Après la guerre, Aristide Beslais se porta volontaire pour encadrer une sixième nouvelle au lycée devenu lycée Jacques Decour dont il était membre du conseil intérieur. Il participa aux travaux de la commission Langevin-Wallon suivant tout particulièrement les questions de la réforme de l’orthographe. En 1950, il fut chargé de présider une commission de réflexion sur ce sujet. Au début de 1952, son rapport proposait quelques pistes qui furent discutées par le Conseil supérieur. Des prises de positions favorables ou défavorables traversèrent l’opinion. L’Académie française notamment rejeta en bloc toute réforme. Beslais relança la controverse en 1957 dans L’Éducation nationale et le ministre le chargea de convoquer une nouvelle commission d’études en juillet 1961, dont la secrétaire était Nina Catach. À partir d’octobre 1961, la commission commença à examiner des réponses aux questionnaires envoyés dans diverses écoles. Plusieurs articles parurent dans divers supports. Le nouveau rapport de Beslais en 1965 provoqua des réactions variées.

Beslais, en 1945, rencontra à plusieurs reprises Robert Verdier, secrétaire du Parti socialiste SFIO, pour examiner la réaction à avoir devant l’influence des idées communistes parmi les intellectuels. L’idée de fonder La revue socialiste fut alors évoqué. Par la suite, il milita dans le cercle Jean Jaurès créé par le Parti socialiste SFIO et y joua un grand rôle dans les réflexions du parti sur l’enseignement.

Aristide Beslais fut nommé en mars 1946 chargé de mission au cabinet du ministre de l’Education nationale. Par arrêté du 17 avril 1947, il fut désigné pour assurer l’intérim de la direction de l’enseignement du premier degré avant d’en être le directeur général en octobre 1947. Il conserva ce poste jusqu’à sa retraite en décembre 1959. Sa longévité dans cette responsabilité s’expliquait notamment par ses amitiés socialistes et le soutien du Syndicat national des instituteurs. Lors de son départ à la retraite, L’École libératrice lui consacra un article rehaussé par une photo où était rappelée l’apologie des instituteurs qu’il avait développé lors de la réception en son honneur. Par la suite, la publication du SNI publia quelques articles de Beslais, dont « Une enquête de la fédération des parents d’élèves. L’enfant et l’apprentissage de la liberté » (10 février 1961). A partir de décembre 1961, une chronique sous le titre « Propos d’un vieil homme » parut régulièrement traitant de divers sujets concernant l’enseignement primaire.

À partir de 1960, Aristide Beslais collabora avec l’Institut des études coopératives dont il présida le conseil de perfectionnement. Vice-président de la Fédération des associations départementales de Pupilles de l’école publique depuis 1947, il succéda en 1964 à Vincent Auriol à la présidence qu’il occupa jusqu’à son décès. Depuis 1945, il participait à la direction de la Jeunesse au Plein Air et mit en place la collecte annuelle à partir des écoles primaires. Il en devint vice-président en 1964 puis le président à partir de 1966, responsabilité qu’il conserva jusqu’à son décès. Il facilita la transformation des deux associations en regroupement des mouvements et institutions dites "complémentaires" de l’enseignement public. De plus dans les années 1960 il présidait la Société française de pédagogie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16571, notice BESLAIS Aristide, Antoine, Henri par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 27 août 2021.

Par Jacques Girault

ŒUVRE : Cours Maquet, Roger, Beslais, Méthode de langue latine, Nouvelle méthode de langue française, Hachette (manuels pour tous les niveaux, avec rééditions dans les années 1950.

SOURCES : Arch. Nat., 16AJ/5869, F 17 27671. — Arch. Mun. Montluçon (J-C Tombeau). — Notice du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français rédigée par Jean Gaumont et de Georges Rougeron — Renseignements fournis par André Chervel, Jean Deygout, Haksu Lee et Gilles Morin.— Giovanoli (Myrta), Les réformes de l’orthographe. Une approche historique, contrastive et prospective, Université de Neufchatel, 2006 — Catach (Nina), Histoire de l’orthographe française, Paris, Honoré Champion, 2001. — Verdier (Robert), Mémoires, Paris, L’Harmattan, 2009.

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