MARTOS MONTOYA Antonio

Par David Aguilar, André Balent, Jean-Pierre Besse, Dominique Tantin

Né le 24 mars 1925 à Linares, province de Jaen, Andalousie (Espagne), exécuté sommairement le 29 mai 1944 à Loubens (Ariège) ; militant clandestin de la JSU (Jeunesse socialiste unifiée, organisation de jeunesse du PCE) du Cantal puis de l’Ariège ; résistant de l’Agrupación de guerrilleros españoles (AGE) de l’Ariège, homologué FFI.

Baulou, Stèle Commémorative des Guérilleros Espagnols au croisement de la RD 1A et de la RD11.
Baulou, Stèle Commémorative des Guérilleros Espagnols au croisement de la RD 1A et de la RD11.
Crédit : MémorialGenWeb.

Antonio Martos était d’origine andalouse. Il était né à Linares, gros bourg (ou petite ville) bâtie au pied de la Sierra Morena, dans une zone minière. Son père était aussi prénommé Antonio. Sa mère était Maria Montoya.

Sa famille était politisée puisqu’elle quitta l’Espagne, de façon dispersée, au moment de la Retirada. Antonio entra en France par Port-Bou et Cerbère (Pyrénées-Orientales) le 31 janvier 1939. Il était avec ses frères et soeurs : Josefina (18 ans), Antonia (12 ans) et Juan (10 ans). Les enfants étaient accompagnés par leur tante. Mais, bientôt, ils en furent séparés. Ils furent dirigés vers Château-Thierry (Aisne) où ils restèrent une année sans être scolarisés. Leur mère, quant à elle, avait été dirigée vers Capdenac (Aveyron). Leur oncle fut d’abord interné à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) puis Bram (Aude). La famille finit par se regrouper autour de lui lorsqu’il fut autorisé à quitter le camp et à travailler au chantier du barrage de Laroquebrou (Cantal). Ils résidaient vraisemblablement dans un village proche, Pers (actuelle commune du Rouget-Pers). Antonio Martos participa aux activités de la résistance communiste espagnole dans la Châtaigneraie cantalienne, au sud d’Aurillac.

Embauché à son tour, Antonio Martos adhéra à la JSU (Jeunesse socialiste unifiée, communiste) clandestine. Il participa à des activités de propagande : distribution de tracts et de journaux. Repéré, soupçonné d’avoir participé à des sabotages, il quitta le Cantal en mars 1944 et se réfugia en Ariège, au Peycart, commune de Baulou (Ariège), sur le versant méridional de la chaîne du Plantaurel, au nord-ouest de Foix. Dans cette ferme se trouvait un "camp" de la JSU, formés par les guerrilleros de l’AGE. Celle-ci avait été transformé en "camp" des JSU par le Catalan Francesc Serrat, fils du maire républicain d’Olot (province de Gérone) qui, exilé en 1939 fut interné à Argelès-sur-Mer et Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) interné puis résistant dans les Hautes-Pyrénées en 1942 avant de gagner l’Ariège en 1943.

Depuis le Peycart, Martos Montoya pouvait avoir rejoint les rangs de la 3e brigade de l’AGE (Ariège), sans doute son 1e bataillon dont l’état-major était présent dans les environs, à Saint-Micoulau, bois de la commune de Baulou (Ariège). Il a été tué au col du Partel (ligne de crête du Plantaurel, à la limite entre les communes de Baulou et de Loubens. Son décès eut lieu sur le territoire de cette dernière. Son corps fut enlevé de Loubens le 22 décembre 1984 afin d’être ré-inhumé (Delpla). Sa soeur dit ce fut le 9 février 1987 que sa dépouille fut transférée à Toulouse (Haute-Garonne) ; Claude Depla a expliqué, comme c’est relaté de façon détaillée dans le paragraphe ci-dessous qu’il fut tué par les Allemands. La version de sa soeur Antonia, est différente. Antonio Martos fut, d’après son témoignage, arrêté le 23 mai 1944 et incarcéré à Foix (Ariège). "relâché" le 29, il fut tabassé puis tué par des miliciens qui l’avaient amené au col du Portel. Ces miliciens auraient ensuite déclaré au maire de Loubens : "On vous a laissé un terroriste". Antonio Martos fut déclaré mort pour la France le 13 juin 1947, homologué FFI et Déporté-interné de la Résistance (DIR).

Ce jeune résistant des guérilleros espagnols en action en Ariège a été exécuté en représailles dans un contexte que relate le texte inscrit sur la plaque apposée sur la stèle érigée dans la commune de Baulou (Ariège), récit dû à l’historien Claude Delpla, professeur émérite et historien, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale :
« Au printemps 1944, l’état-major et le 1er bataillon de la 3e brigade de Guérilleros espagnols se trouvent au Pas du Portel (près de la grotte) et dans les chantiers forestiers de Saint-Micoulau, du bois du comte et de Peycart. Le 16 mai, à Loubens, un gendarme tue l’officier guérillero Maximo Medina « Alcazar », le 19 mai, à Cerny, après la mort d’un soldat allemand, la Gestapo déporte Léopold Galy qui meurt à Dachau. À la suite d’une dénonciation, le 23 mai, l’armée allemande attaque le Pas du Portel où un Allemand est tué. En représailles, la Gestapo incendie la ferme du Portel et arrête six personnes pour aide au maquis : l’Espagnole Rosa et Noël Amardeil sont emprisonnés à Toulouse ; Léocadie Amardeil et ses trois filles, Marie-Jeanne, Noélie et Gilberte (17 ans) subissent les horreurs de la déportation, au camp de Ravensbrück. Gilberte y meurt. Le 29 mai, les Allemands, revenus au Pas du Portel, y fusillent Antonio Martos, jeune guérillero de Peycart. Le 10 juillet, le maquis exécute la dénonciatrice. Un mois plus tard, les Guérilleros libèrent l’Ariège avec les maquisards français. Les troupes allemandes capitulent à Castelnau-Durban-Ségalas (22 août 1944). »
Le document en ligne référencé dans les sources émanant de la Région Midi-Pyrénées, Direction de la Culture et de l’Audiovisuel, service Connaissance du Patrimoine (2011) explique la mise en place de la stèle de Baulou :
« Dans le cadre des actions de l’association internationale "Terre de Fraternité" qui a pour but de sauvegarder la mémoire sur la Résistance et la Seconde Guerre mondiale, la commune de Baulou a souhaité participer à l’édification de cette stèle en raison de l’importance du maquis et des évènements survenus en 1944. Financée par l’Europe, l’État, la région Midi Pyrénées, le département de l’Ariège et la commune de Baulou, la stèle a été érigée fin août - début septembre 2006. Elle est due aux établissements Escande et Fils demeurant à Chalabre (Aude) et le texte gravé sur la plaque en granite noir est écrit par Claude Delpla, professeur émérite et historien, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale. »
Deux noms sont inscrits sur la stèle, ceux d’Antonio Martos Montoya et de Gilberte Amardeil, déportée à Ravensbrück, qui mourut le 5 mars 1945 au Kommando de Rechlin.

Sur le monument aux morts de Pers, commune actuellement rattachée à Le Rouget-Pers (Cantal), figure aussi le nom d’Antonio Martos. Pers est un village proche de Laroquebrou, chantier où travaillèrent Antonio Montoya et son oncle. Ils devaient y résider.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article175085, notice MARTOS MONTOYA Antonio par David Aguilar, André Balent, Jean-Pierre Besse, Dominique Tantin, version mise en ligne le 18 août 2015, dernière modification le 13 février 2022.

Par David Aguilar, André Balent, Jean-Pierre Besse, Dominique Tantin

Baulou, Stèle Commémorative des Guérilleros Espagnols au croisement de la RD 1A et de la RD11.
Baulou, Stèle Commémorative des Guérilleros Espagnols au croisement de la RD 1A et de la RD11.
Crédit : MémorialGenWeb.
Monument aux Guérilléros à Prayols (Ariège).
Cliché Annie Pennetier

SOURCES : Arch. dép. Ariège, 64 J 23, fonds Claude Delpla, fiche manuscrite concernant Antonio Martos. — SHD/AVVC Caen, AC 21 P 92538 et Vincennes GR 16 P 400082 (à consulter). — SHD Vincennes, GR 19 P 15/1 : liste nominative des tués, fusillés, déportés non rentrés du département du Cantal, dressée en 1947. —Antonia Martos Garcia, "In memoriam Antonio Montoya", Bulletin d’information de l’Amicale des anciens guérilleros espagnols en France (FFI), 125, mars 2012, p. 2. — Ferran Sánchez Agustí, Maquis a Catalunya. De la invasió de la vall d’Aran a la mort de Caracremada, Lérida, Pagès editors, 1999, 393 p. [p. 244]. — Mémoire des Hommes et MémorialGenWeb, sites consultés par Dominique Tantin. — Document en ligne de la région Midi-Pyrénées. — Notes de Jean-Pierre Besse.

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