BRUNELLE Lucien, Emile, Paul

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

Né le 25 septembre 1923 à Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais), mort le 12 mars 1995 à La Verrière (Yvelines) ; professeur de philosophie, inspecteur de l’Education nationale, directeur d’école normale ; militant communiste ; militant syndicaliste du SNES, membre du BN (1954-1962), puis du SGEN.

Lucien Brunelle
Lucien Brunelle
Congrès FEN de 1954, à gauche Louis Guilbert

Ses parents, Émile, Henri, Léonard Brunelle et Berthe, Augustine Ledain, s’étaient mariés à Aire le 5 février 1921.

Lucien Brunelle enseignait la philosophie comme adjoint d’enseignement au lycée Buffon à Paris, de 1954 à 1958 ; devenu professeur certifié, il fut nommé au collège de Château-du-Loir (Sarthe) en 1958, puis au lycée de Meudon (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine) en 1962.

Proche de Louis Guilbert, il militait au Syndicat national de l’enseignement secondaire et fut élu à la commission administrative nationale et au bureau national sur la liste « B » de 1954 à 1962. Il siégea en outre à la commission administrative paritaire nationale des AE de 1955 à 1957.

Militant du Parti communiste français, intéressé par les rapports entre sciences et philosophie, il publia en 1957 aux Editions sociales, dans la collection « Les classiques du Peuple », des Pages choisies de Lamarck, le situant parmi les partisans d’un lyssenkisme, à la croisée d’une forme de néolamarckisme tardif et du matérialisme dialectique marxiste. Dix ans plus tard, il soutint une thèse de 3e cycle à Paris-Nanterre, sous la direction de Georges Canguilhem, L’invention et l’application du concept de déterminisme par Claude Bernard. Etude historico-critique qui illustrait l’évolution de son positionnement idéologique et politique (il définit le déterminisme de Claude Bernard, comme l’ensemble des causes physico-chimiques nécessaires pour qu’un phénomène se produise et non un fatalisme).

Dans les années 1960, Lucien Brunelle était en effet devenu un communiste de plus en plus critique. Ainsi Victor Leduc reçut son soutien quand ce dernier s’opposa aux « exclusives du Parti » dans ses analyses syndicales et politiques. Il collaborait à L’étincelle, publication de communistes en désaccord avec la ligne du PCF. Il participait au cercle « Les voies du socialisme » qui, en 1963, publia un ouvrage collectif chez Julliard, Pour un front des travailleurs. Il prit part à la création, à la fin de 1966 avec Leduc, de la revue Raison présente sous les auspices de l’Union rationaliste, dans laquelle il écrivit de nombreux articles. Il aida Leduc à réunir de la documentation pour la rédaction de son ouvrage autobiographique, notamment des lettres reçues au moment de la « cogestion » dans la section académique (S3) de Paris du SNES, à laquelle il participa comme membre de la CA. Et en 1968, il rompit avec le SNES et le PCF et adhéra au Syndicat général de l’Éducation nationale (CFDT).

Partisan du développement des sciences de l’éducation et de l’expérimentation, cherchant à trouver les moyens de lutter contre l’échec et les retards scolaires dès l’école primaire, il devint inspecteur départemental de l’Éducation nationale, au milieu des années 1970. Il se préoccupa de la construction des savoirs, depuis la petite-enfance à l’école maternelle, et de la non-directivité. « Pour qu’un sujet effectue un parcours d’apprentissage, il faut que soient réunies des conditions structurelles qui lui permettent d’engager une dynamique personnelle, de trouver les ressources nécessaires mais aussi de rencontrer les interdits qui l’empêcheront de pouvoir contourner l’obstacle sans apprendre » (commentaire de Philippe Meirieu qui dit avoir beaucoup appris de l’expérience rapportée par Brunelle dans « Travail de groupe et non directivité », in L’envers du tableau : quelle pédagogie pour quelle école de l’enfance inadaptée).

De 1976 à 1988, Lucien Brunelle fut directeur administratif du centre de réadaptation des personnels enseignants à l’Institut Marcel-Rivière de la Mutuelle générale de l’éducation nationale à La Verrières (Yvelines). Il était directeur d’études au CRFMS de Versailles en 1988, directeur de l’EN.

Il est inhumé dans le cimetière de Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18089, notice BRUNELLE Lucien, Emile, Paul par Alain Dalançon, Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 29 mars 2022.

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

Lucien Brunelle
Lucien Brunelle
Congrès FEN de 1954, à gauche Louis Guilbert

ŒUVRE : Lamarck (J.B.), Pages choisies (présentation par L. Brunelle), Éditions sociales, Les classiques du peuple, 1957. — Pourquoi les examens ?, Éditions rationalistes, 1968. — L’Éducation continue, ESF, 1973. — Qu’est-ce que la non-directivité ?, Delagrave, 1973. — L’École élémentaire, objectifs, activités, loisirs, Nathan, 1976. "Marxisme et rationalisme", Raison présente, n° 35, juillet-août-septembre, 1975.
Thèse de doctorat de 3e cycle (Paris-Nanterre) non publiée, L’invention et l’application du concept de déterminisme par Claude Bernard. Etude historico-critique, 1967 (s/ dir. Georges Canguilhem)
Participation à des ouvrages : Le jeu par le jeu, A. Colin, 1976. — Travail de groupe et non-directivité à l’école maternelle et dans l’enseignement élémentaire, Delagrave, 1976. — La philosophie dans le mouroir, Groupe de travail des professeurs de philosophie en école normale. Lucien Brunelle, François Châtelet, Liliane Lurçat, René Scherer, Joseph Leif., Solin, 1979. Pédagogie et organisation de l’enseignement spécialisé Lucien Brunelle, C. Marozi, Ed. Sociales Francaises, 1977 - 224 pages
— Les civilisations méditerranéennes, ODIL, 1981. — Maths en fête, A. Colin, 1984 et 1985. — De l’erreur à la réussite en mathématiques, Nathan, 1985. — À l’ombre de l’égalisation des chances : l’éducation spécialisée, Delagrave, 1988. « "Pour ou contre une éducation spécialisée", Revue française de pédagogie, vol. 67, 1984, p. 44-50

SOURCES : Arch. IRHSES (dont arch. du S3 de Paris). — Joël et Dan Kotek, L’affaire Lyssenko, Complexe, p. 163. — Victor Leduc, Les tribulations d’un idéologue, Syros, 1985, 363 p. — Notes de Charlotte Siney-Lange.

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