ACOLLAS Émile [ACOLLAS Pierre, René, Paul, Émile]

Né le 27 juin 1826 à La Châtre (Indre), mort le 27 octobre 1891 à Asnières (Seine) ; juriste ; homme politique socialiste.

Émile Acollas, fils d’un avoué, était étudiant en droit à Paris dès 1844. En même temps qu’il acquérait une notoriété de juriste, il se mêlait aux milieux républicains démocratiques et socialistes du quartier Latin. En mai 1849, il était secrétaire du Comité démocratique socialiste de l’Indre constitué à Paris et rédigeait en son nom une protestation contre les candidatures "antimontagnardes et antisocialistes" de Fleury et de Rollinat à Châteauroux. Voir A. Fleury.

Ami de Garibaldi et des principaux démocrates et socialistes français sous le Second Empire, il avait toujours la même double activité juridique et politique. Comme juriste, il provoqua la formation en 1866 d’un comité d’études ayant pour objet la refonte de la législation civile. Il partait des Droits de l’homme de 1789 pour de nouvelles définitions et des enrichissements. Ainsi disait-il que "le mariage est une association d’amour entre deux êtres, l’homme et la femme, libres et égaux l’un pour l’autre, d’après leur esprit comme d’après leur cœur". Comme homme politique, il fut un des organisateurs parisiens du premier Congrès de la Ligue de la Paix et de la Liberté (Genève, 9-12 septembre 1867), qu’il aurait voulu appeler "Congrès de la Révolution" et où il dit : "Nous sommes venus attester l’idée républicaine, la discuter et essayer de la faire triompher." Voir Ch. Lemonnier.

Revenu en France, il fut dénoncé pour manœuvres subversives (de concert avec Élisée Reclus, et à l’instigation de Garibaldi), incarcéré et condamné à un an de prison et 500 F d’amende (23 décembre 1867). Voir H. Chouteau.

À sa sortie de prison, Émile Acollas publia un programme révolutionnaire, socialiste et déchristianisateur, et un projet de journal propre à le répandre qui se serait intitulé L’Ouvrier.

Pour les élections de 1869, il protesta, au moyen d’une brochure, contre les manœuvres des républicains qui s’unissaient aux orléanistes et aux légitimistes pour triompher des candidats officiels, au nom d’un libéralisme vague.

Au début de 1870, Émile Acollas accepta la chaire de professeur que lui offrait la Faculté de droit de l’Université de Berne, en Suisse. Il se trouvait à Berne quand l’Empire s’effondra. Plusieurs de ses amis le proposèrent à Gambetta pour secrétaire et Garibaldi fit, de son côté, et tout aussi vainement, une démarche auprès de Gambetta dans le même sens.

De Berne, Émile Acollas prenait position dans les affaires françaises. Il était contre "ceux qui ont ratifié la conquête allemande, ceux qui ont écrasé Paris". Il figura parmi les collaborateurs du Salut, Journal des conciliateurs républicains, dirigé par M.-A. Gromier et le 2 avril 1871, il écrivait au préfet du Rhône pour le prier "d’organiser une médiation entre l’Assemblée et Paris". La Commune le désigna comme doyen de la Faculté de droit de Paris, et s’il ne rejoignit pas son poste, quand la nouvelle lui parvint à Berne, ce fut parce qu’il craignit d’être arrêté par les policiers du gouvernement de Versailles, ce qui lui serait sûrement arrivé s’il avait voyagé sous son identité.

Rentré à Paris en septembre 1871, après des difficultés à Berne que la défaite de la Commune lui avait values, Émile Acollas se vit refuser par Jules Simon l’autorisation d’ouvrir un cours de droit politique et un cours de droit civil à l’usage des ouvriers.

Connu dans l’opinion démocratique et socialiste au début de la Troisième République comme le "Professeur Acollas", populaire parmi les étudiants républicains, bien vu des ouvriers de Paris, Émile Acollas encouragea les débuts de L’Egalité collectiviste de Jules Guesde et Paul Lafargue qui soutint sa candidature au conseil municipal de Paris. Ultérieurement, il glissa vers le radical-socialisme, tout en continuant d’écrire des livres de droit progressistes et populaires.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182602, notice ACOLLAS Émile [ACOLLAS Pierre, René, Paul, Émile], version mise en ligne le 19 juillet 2016, dernière modification le 19 septembre 2022.

ŒUVRE : Émile Acollas a beaucoup écrit. On ne retiendra ici que ses volumes qui ont une importance politique et sociale : Le Mariage, Paris, s. d. — Nécessité de refondre l’ensemble de nos codes et notamment le code Napoléon, Paris, 1866. — Ma participation à l’insurrection de Paris. Droit et liberté, Berne, 1871, 9 p. — La République et la Contre-Révolution, Genève et Bruxelles, 1871. — La Liberté d’enseignement, Paris, 1873. — Philosophie de la Science politique, Paris, 1877. — La Déclaration des Droits de l’Homme de 1793, Paris, 1885. — Le Droit mis à la portée de tout le monde, Paris, 1885.
E. Acollas figura parmi les collaborateurs du Réveil international, quotidien républicain genevois de durée éphémère (1er-9 octobre 1871) qui donna des informations sur l’Internationale.

SOURCES : Alexandre Zévaès, Les Guesdistes, Paris, Rivière, 1911, coll. « Histoire des partis socialistes en France », tome III. — Notice dans Les Hommes d’aujourd’hui, n° 213 du tome IV. (Blanpain, imprimeur). — L’Egalité (collection). — G. Lefranc, Le Mouvement socialiste sous la Troisième République, Paris, Payot, 1963, p. 24-26. — Iconographie de la Commune de Paris de 1871, Éditions Dittmar, 2005, p. 25.

ICONOGRAPHIE : Photographie au Musée George Sand de La Châtre (Indre).

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