LU Dingyi 陸定一

Par François Godement et Yves Chevier

Né en 1906 à Wuxi, dans le Jiangsu. Vice-premier ministre, ministre de la Culture, membre du B.P. et du secrétariat du C.C., directeur du Département de la propagande du C.C. à la veille de la Révolution culturelle, qui l’élimine en 1966. Reparaît en janvier 1979. Vice-président de la C.P.C.P.C. depuis juillet 1979 et membre du C.C. du P.C.C. (septembre 1979, septembre 1982), membre du comité permanent de la Commission des conseillers du C.C. (depuis septembre 1982).

Lu Dingyi est le fils d’un propriétaire terrien qui possédait aussi une petite entreprise de textile. La fortune familiale lui permet de faire des études supérieures ; c’est alors qu’il adhère aux Jeunesses socialistes puis au P.C.C. en 1924, devenant l’un des rédacteurs de Nanyang, journal étudiant de Shanghai, et directeur du Département de la propagande de la L.J.C. en 1927. Principal délégué de la L.J.C. au VIe congrès du P.C.C., réuni en juin-juillet 1928 à Moscou, il séjourne un an dans la capitale soviétique et étudie à l’Université Sun Yat-sen (voir Mif). Dès son retour en Chine, il se spécialise dans le domaine de la propagande, à la L.J.C. de Shanghai tout d’abord, puis dans le Jiangxi, à Ruijin (1931-1934). Il est, depuis 1933, membre du Département de propagande de l’Armée rouge, et le restera pendant la Longue Marche (octobre 1934-octobre 1935), dans la 8e Armée de route en 1937 et pendant toute la guerre sino-japonaise (1937-1945). Il accède au C.C. lors du VIIe congrès du P.C.C. (1945) et s’affirme de plus en plus comme le chef d’orchestre de la propagande du Parti. C’est ainsi qu’en janvier 1947 il fait une déclaration contre le G.M.D. et les États-Unis qui annonce la politique d’alliance privilégiée avec l’U.R.S.S. En 1949, il devient directeur du Département de la propagande du C.C., fonction « stratégique » qu’il conservera jusqu’à sa chute en 1966 (avec une courte interruption entre 1953 et octobre 1954, lorsqu’il est nommé directeur adjoint du même Département, sans qu’on sache si cette péripétie est liée à la chute de Gao Gang (高崗)). Comme la plupart des hauts dirigeants du Parti, le chef de la propagande cumule un certain nombre de postes et de fonctions dans diverses organisations de masse ou associations d’amitié (sino-soviétique, par exemple).
Le 25 mai 1956, il prononce devant un parterre d’intellectuels le célèbre discours « Que Cent Fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent », qui « lance » officiellement les Cent Fleurs. Ce discours est sans doute la version publique d’une déclaration de Mao Tse-tung (毛澤東) en date du 2 mai, qui n’a jamais été divulguée (MacFarquhar, op. cit. p. 53-56). Si, pour le déclenchement des Cent Fleurs, Lu Dingyi semble avoir fidèlement suivi son chef, il en va tout autrement pour l’amorce du mouvement anti-droitier qui met un terme à l’expérience dès juin 1957. En effet, Lu se range fermement aux côtés des chefs de l’appareil (Liu Shaoqi (劉少奇) et Peng Zhen (彭真)), effrayés par l’ampleur de la contestation et par l’imprudence, à leurs yeux irresponsable, de Mao. Dès la session de l’A.N.P. en juin-juillet 1957, Lu dénonce les droitiers et réclame des mesures énergiques, à l’inverse de Mao Tse-tung et de Kang Sheng (康生), qui se bornent encore à prôner la modération (MacFarquhar, op. cit., p. 262-263), avant de se rallier à un « compromis » qui ajourne le débat idéologique au profit de la répression.
Le rôle de Lu Dingyi semble s’effacer temporairement pendant le Grand Bond, au cours duquel il se consacre surtout au développement des écoles à mi-temps. Puis la polémique contre l’U.R.S.S. le ramène au premier plan en 1960. Membre suppléant du B.P. depuis le VIIIe congrès (1956), il est nommé par le 10e plénum (septembre 1962) au secrétariat central du B.P. en même temps que Kang Sheng et Luo Ruiqing (羅瑞卿). Successeur de Mao Dun (矛盾) au ministère de la Culture en janvier 1965, il fait partie ex officio du premier « Groupe de la Révolution culturelle », celui qui est chargé d’examiner l’affaire Wu Han (吳晗) et que dirige Peng Zhen. Il se peut que cette dernière promotion soit un piège tendu par les maoïstes, qui s’apprêtent à contre-attaquer dans le « royaume » de Lu Dingyi. Toujours est-il que Lu s’engage aux côtés de Peng Zhen lors des premières attaques contre la municipalité de Pékin et qu’il « tombe » en même temps que ses collègues du « Groupe des Cinq » (à l’exception de Kang Sheng) en mai 1966. Ses subordonnés (voir Zhou Yang (周揚) pour le domaine culturel) avaient déjà été mis en cause et lui-même est accusé par Lin Biao (林彪) d’avoir préparé avec Peng Zhen et Luo Ruiqing un coup d’État contre-révolutionnaire. Tao Zhu (陶鑄) le remplace — brièvement — au Département de la propagande. En décembre 1966, Lu Dingyi est arrêté par les Gardes rouges, peu de temps après Peng Zhen, et avec Luo Ruiqing et Peng Dehuai (彭德懷). Traduit (le 12 décembre) devant dix mille Gardes rouges, il est blessé. Au cours d’un nouveau « procès », le 20 décembre, il est battu en public, ce que Kang Sheng reprochera aux Gardes rouges. Il disparaît ensuite jusqu’à ce que sa réhabilitation liée à celle de Peng Zhen (janvier 1979) apporte une nouvelle confirmation aux orientations anti-maoïstes du nouveau régime. Il a retrouvé en juillet de cette année une vice-présidence de la C.P.C.P.C. (qu’il a conservée en 1983) et en septembre son poste au C.C. du P.C.C. Mais il ne figure plus parmi les dirigeants importants du pays. A l’issue du XIIe congrès du P.C.C., Lu Dingyi a perdu sa place au C.C. pour entrer au comité permanent de la très honorifique Commission des conseillers du C.C. (septembre 1982).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184221, notice LU Dingyi 陸定一 par François Godement et Yves Chevier, version mise en ligne le 27 novembre 2016, dernière modification le 23 novembre 2016.

Par François Godement et Yves Chevier

SOURCES : Outre KC, voir : Bartke (1981). — China Directory (1983). — Dittmer (1974). — MacFarquhar (1974). — Rice (1972).

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