WEI Guoqing 韋囯清

Par Jean-Luc Domenach

Né en 1906 à Donglan (Guangxi). Soldat de la révolution d’origine Zhuang devenu un important dirigeant provincial ; membre du B.P. depuis 1973 et directeur du Département politique de i’A.P.L. de septembre 1977 à septembre 1982.

Wei Guoqing est aujourd’hui l’un des dirigeants d’ethnie minoritaire les plus haut placés dans la hiérarchie du P.C.C. Pourtant, sa carrière politico-militaire ressemble à celle de plusieurs autres dirigeants régionaux d’origine chinoise. La première partie en est purement militaire. Très tôt engagé au Guangxi, sa province natale, dans une guérilla où il rencontre Deng Xiaoping (鄧小平) (voir Wei Baqun (韋拔群)), Wei sert ensuite dans le Jiangxi puis dans la 4e Armée nouvelle (voir Ye Ting (葉挺)) après 1938. A l’issue de la victorieuse campagne de Huaihai (fin 1948-début 1949), il occupe Suzhou puis entre dans Fuzhou avec le dixième groupe d’armées commandé par Ye Fei (août 1949) : il y restera plusieurs années.
La partie provinciale de sa carrière commence alors. Maire de Fuzhou jusqu’en 1951 puis responsable dans les forces de sécurité publique de cette zone essentielle qu’est alors le Fujian face à Taiwan, il reçoit en 1954 divers postes à Pékin, dont celui de vice-président de la Commission des nationalités du Conseil des affaires d’État. Cette affectation (qu’il conservera jusqu’en 1957) s’explique l’année suivante : le Centre a décidé de l’utiliser dans sa province d’origine, la région autonome Zhuang du Guangxi. Il en devient gouverneur en 1955, premier secrétaire du Parti en 1961 (entre-temps Wei aura été élu membre suppléant du C.C. par le VIIIe congrès du P.C.C.) et responsable militaire en 1964. Dans cette province reculée, sous-développée et voisine d’un Vietnam où la guerre renaît, Wei applique autoritairement la politique des minorités et les mesures de collectivisation décidées par Pékin. Ce dirigeant provincial est aussi le numéro deux du Centre-Sud (derrière Tao Zhu (陶鑄)) et, sans doute à partir du début de 1967, le commissaire politique de la région militaire de Canton.
La Révolution culturelle menace très tôt son autorité. Mais Wei se défend âprement. Attaqué par les groupes de Gardes rouges radicaux, il se défend en manipulant certaines factions et en faisant donner la troupe. Malgré une médiation de Pékin en novembre 1967, des troubles sanglants auront lieu jusqu’au printemps 1968, interrompant parfois le trafic ferroviaire vers Hanoi. Wei réussit finalement à écraser les Gardes rouges récalcitrants. Il prend (en août 1968) la présidence du comité révolutionnaire de la région autonome, se fait élire premier secrétaire du Guangxi en février 1971 et consolide son autorité politique sur les troupes de la région militaire de Canton. Il existe peu de meilleurs exemples de dirigeants provinciaux parvenus aussi complètement à survivre à la Révolution culturelle.
Peut-être en raison des dangers qui montent au Vietnam, le Centre lui laisse son pouvoir régional. Le IXe congrès du P.C.C. l’élit membre à part entière du C.C. (avril 1969), et le Xe congrès le porte au B.P., à la surprise de beaucoup d’observateurs (août 1973). Pourtant, sa réticence est manifeste devant les campagnes politiques qui agitent la vie politique chinoise durant les dernières années de Mao Tse-tung (毛澤東) . Et Wei Guoqing devait mettre son poids régional au service de son vieux compagnon Deng Xiaoping quand celui-ci fut éliminé au début de 1976. On dit aujourd’hui en Chine que Wei et Xu Shiyou (許世友) (son collègue commandant de la région militaire de Canton) avaient prévu de faire intervenir leurs troupes contre Pékin si le « coup » d’octobre 1976 avait échoué. Ils auraient également pesé en faveur du retour de Deng en 1977. Celui-ci devait récompenser Wei Guoqing de sa fidélité et de son courage en l’appelant à la tête du Département politique de l’A.P.L., poste délicat entre tous que Zhang Chunqiao (張春橋) avait occupé dans le passé (septembre 1977). En même temps, peut-être parce que les rapports sino-vietnamiens se dégradaient et parce que Wei avait une ancienne familiarité avec les dirigeants de Hanoi, il conserva son poste de commissaire politique de la région militaire de Canton. A ce titre, il a joué un rôle important tout comme Xu Shiyou dans la conduite de la courte offensive que les armées du sud de la Chine lancèrent en février 1979 contre le Vietnam.
Cette offensive coûteuse en vies humaines ne parvint pas à faire plier le Vietnam. Des critiques furent élevées, en Chine, contre la manière dont les opérations militaires avaient été conduites. Peut-être ces critiques ont-elles atteint Wei Guoqing (voir Xu Shiyou (許世友)). En tout cas, celui-ci abandonna en février 1980 son poste militaire régional et, en septembre, une vice-présidence de la C.P.C.P.C. qu’il avait reçue en mai 1978. Wei Guoqing a cessé vers cette époque de passer pour l’une des personnalités montantes du régime. Il a perdu en septembre 1982 son poste de responsable du Département politique général de l’A.P.L. au profit du Yu Qiuli (余秋里) après s’être opposé lors du XIIe congrès du P.C.C. et en liaison avec Geng Biao (耿飈) et Hua Guofeng (華囯鋒) à la réduction de l’influence de l’armée sous couleur de modernisation. Il ne conservait plus, en 1983, que deux postes importants : ceux de membre du B.P. (réélu en septembre à l’issue du XIIe congrès du P.C.C.) et de vice-président du comité permanent de l’A.N.P. (auquel il a été réélu en juin 1983). Pour certains observateurs, cependant, Wei Guoqing exercerait encore une certaine influence, notamment dans l’A.P.L. et l’aurait utilisée pour limiter l’ampleur de la démaoïsation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article184494, notice WEI Guoqing 韋囯清 par Jean-Luc Domenach, version mise en ligne le 24 janvier 2017, dernière modification le 24 janvier 2017.

Par Jean-Luc Domenach

SOURCES : Outre WWCC, voir Chang in Scalapino (1972). — Falkenheim (ibid.). — Mingbao (Les Lumières), 22 février, 19 et 20 mars 1977.

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