POURPE Marius, Ismaël

Par Josette Ueberschlag

Né le 21 avril 1912 à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), mort le 3 juin 2008 à Villelaure (Vaucluse) ; instituteur ; militant de la FUE puis du SNI ; militant communiste ; militant pédagogique.

Son père, Léopold Maximilien dit Paul Pourpe, issu d’une famille de paysans, marchand de volailles, décéda le 19 février 1964 à Aix-en-Provence dans sa 77e année, « après une bien longue et cruelle paralysie ».

Marius Pourpe obtint en 1928 le brevet élémentaire à Aix-en-Provence et, la même année, fut reçu au concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs d’Aix-en-Provence. En 1931, il se présenta avec succès à la fois au brevet supérieur, au certificat d’aptitude en enseignement agricole et à la première partie du baccalauréat. Sa promotion (1928-1931) s’étant révoltée par une grève scolaire contre l’autoritarisme et les brimades du directeur de l’époque M. Gleize (affaire dite du « Calut »), il s’ensuivit que, sur les 106 élèves-maîtres, beaucoup adhérèrent au Parti communiste et à la Fédération unitaire de l’enseignement, dont Marius Pourpe. Sa vie durant, il resta fidèle à ses options politiques de jeunesse, teintées des couleurs d’anarcho-syndicalisme.

Il se maria le 1er août 1933 à Marseille avec Rose Joséphine Frati, née le 1er novembre 1912 à Marseille, sans profession, fille de Luigi, Fernandino, Fortunato Frati, commerçant, et de Maria, Settemia, Antonietta Lupi. Sans enfants, le couple adopta trois garçons : François Perez né le 20 janvier1929, recueilli le 5 mai 1936 ; Denis Tran-Quang né le 30 octobre 1949, recueilli en 1954 et son frère Marc Tran-Quang né le 4 décembre 1950, recueilli en 1955 ; ce dernier fréquenta le lycée agricole d’Hyères (Var).

Marius Pourpe fut d’abord nommé en 1931-1932 à Marseille, où il obtint facilement son CAP. Marcel Lallemand, instituteur, poète-écrivain-polyglotte-architecte et frère de Roger Lallemand lui parla de Célestin Freinet qu’il rencontra pour la première fois à Nice en 1932, à l’occasion du Congrès de la Ligue internationale de l’Éducation nouvelle. Titularisé à Rousset (Bouches-du-Rhône) à la rentrée 1932, il pratiqua avec ses élèves l’imprimerie à l’école seulement l’année suivante et leur journal scolaire eut pour titre « Lou Pastoureù » (le berger). Ce n’est qu’en 1936, d’après L’éducateur prolétarien, qu’il adhéra à la Coopérative de l’Enseignement Laïc (CEL) dont il accepta d’être le délégué départemental pour les Bouches-du-Rhône.

De 1936 à 1939, il dirigea l’école communale à trois classes de Roquefort-la-Bédoule (Bouches-du-Rhône). Puis il retourna à Marseille comme instituteur adjoint à l’école publique Saint-André de 1939 à 1942, trois ans interrompus par sa mobilisation du 30 avril au 28 juillet 1940, bien qu’ayant été exempté du service militaire.

Le médecin avait recommandé à sa femme, malade, d’aller vivre à la montagne. Aussi demanda-t-il, un poste à Laragne, à 41 km au sud de Gap, dans le département des Hautes-Alpes, sur les conseils de Freinet. Deux ans plus tard, ce dernier devenu membre du comité départemental de Libération des Hautes-Alpes pensa à lui : « Nous fondons avec Lucie Aubrac, grande Résistante, un centre scolaire à Gap dans le séminaire que nous avons réquisitionné. Il faut que tu viennes animer le groupe scolaire… Nous y accueillons des enfants de déportés, de fusillés, de prisonniers ». Après quelques démarches administratives, Marius Pourpe y fut détaché comme instituteur de la classe de fin d’études ; celle des 8-11 ans fut tenue par Marcelle Mouthon (née Guennard) originaire de Haute-Savoie ; la classe des tout petits par la belle-sœur de Freinet, Mme Lagier-Bruno épouse de Fernand Lagier-Bruno, – le Capitaine Vladimir aux cheveux d’argent, son nom de résistant dans le maquis de Béassac. Très naturellement, le journal scolaire de l’école se nomma « La Résistance ». L’école comptait 85 enfants internes dont 53 garçons et 32 filles. Freinet prit la gestion administrative de l’établissement et Marius Pourpe en fut le directeur pédagogique. Son épouse assura les postes d’économe, d’infirmière, de monitrice, etc. À la fin du mois d’août 1945, l’évêque reprit le séminaire. Certains enfants purent rejoindre leur région d’attache et les autres furent repliés sur l’école « Le Pioulier » de Vence ouverte par Freinet en 1935, qu’il souhaitait faire redémarrer ; Marius Pourpe la rejoignit pour y enseigner aux grands élèves jusqu’en 1946. Tout était à reprendre à la base à cause de détériorations et pillages répétés. Dans cette tâche écrasante, l’organisme qui avait financé le centre de Gap, Les Centres scolaires et sanitaires de Provence placées sous la présidence de Lucie Aubrac, lui apportèrent un soutien important et décisif.

En 1947, Marius Pourpe demanda à revenir dans le Vaucluse, pays de ses grands-parents, de sa mère et de son père infirme. Militant du syndicat national des instituteurs, il fut nommé directeur de l’école à Lauris comportant deux classes, poste dans lequel il resta 7 ans. Avec son collègue, il mit en œuvre la pédagogie Freinet : enquêtes, imprimerie, journal scolaire baptisé « Flour de cerisié ». Petit-fils de paysan, neveu de paysan, il compléta sa formation par un diplôme d’arboriculteur en 1948. Il consacra de plus en plus de temps à cultiver de manière biologique la terre de ses ancêtres, acceptant à compter d’octobre 1949 de donner des cours agricoles au centre intercommunal post-scolaire de Lauris. Finalement, il quitta son poste fixe d’instituteur, pour devenir instituteur itinérant agricole en 1954, emploi dans lequel il termina sa carrière, le 14 septembre 1969. Il fut décoré de l’Ordre du mérite agricole.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article202914, notice POURPE Marius, Ismaël par Josette Ueberschlag, version mise en ligne le 10 mai 2018, dernière modification le 6 juillet 2019.

Par Josette Ueberschlag

SOURCES : Arch. Dép. Vaucluse, 1 T 1605. — L’éducateur prolétarien, n°11 du 10 mars 1936. — Henri Portier, « Le mouvement Freinet dans la Résistance 1940-1945. Quelques aspects de notre mémoire », Le nouvel éducateur, n°168, avril 2005, p. 5 et interview enregistrée et retranscrite dans L’éducateur-Vaucluse, avril 1989. — Marius Pourpe, « Utilisation pédagogique des centres d’intérêt », L’éducateur, n°3, 1er nov. 1945, Vence, éd. L’Imprimerie à l’école, p. 38-40. — Notes de Jacques Girault, de Gérard Leidet.

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