FAN Mengqian 范梦倩

Par Alain Roux

Née en 1920 à Ningpo, standardiste appartenante à la cellule communiste de la compagnie américaine de téléphone de Shanghai

Cette jeune femme fait partie de la cellule communiste de la compagnie américaine de téléphone de Shanghai qui fut démantelée en 1947 quand la police a pu établir l’identité de ses membres qui pratiquaient l’écoute des communications au profit du PCC.
Née en 1920 à Ningpo, elle était standardiste à la compagnie américaine des téléphones chargée des appels à longue distance. Èlue à la CA du syndicat en 1945 elle y était très active et en très bons termes avec le personnel. Son mari, Ni Fusheng (倪福生) était standardiste à l’aéroport de Hongqiao. Il fut soupçonné par la police en juillet 1947 de pratiquer l’écoute des communications de l’armée de l’air chinoise pour le compte du PCC. Il passa à la clandestinité ainsi que son épouse et reparut comme délégué des ouvriers de Shanghai au 6° Congrès du travail à Kharbine en août 1948. Ce couple avait comme ami Lu Wenda* : né à Shanghai en 1919, il est entré à la Compagnie du téléphone à la fin de ses études secondaires en 1938. Il a participé au mouvement de salut national contre le Japon et a adhéré au PCC alors qu’il était encore lycéen. Depuis 1939 il est le secrétaire de la cellule de la compagnie du téléphone ainsi que de la fraction communiste dans ce même syndicat. Il est membre de sa CA depuis sa fondation en 1946. Il sera arrêté pour activités anti-américaines en juillet 1946. Sa femme, Zheng Shaoru, est une cantonaise, née en 1919 : diplômée de l’enseignement secondaire elles est entrée comme standardiste à la compagnie du téléphone en 1939. Elle a comme amie une certaine Liu Lifang, elle aussi standardiste. Tout ce petit monde, surveillée très tôt par la police, utilise, d’après un rapport de police du 21 juillet 1947, les services d’une certaine Zhong Ping, née en 1925, « une fille facile qui aime la vie décadente et l’argent et aurait des relations sexuelles avec des membres de haut rang de la Compagnie » auprès desquels elle obtiendrait des informations confidentielles. C’est un certain Chen Qirui, qui tenait le fichier des abonnés au Bureau central de la Compagnie, à Fujianlu, qui donne leurs directives à ce reseau d’espion. Il ne sera soupçonné par la police militaire qu’à la fin juillet 1947. Ces militants espions ont comme couverture leur participation aux banquets du Guandihui, l’Association des adorateurs de Guandi ainsi qu’aux repas végétariens de la Secte bouddhiste de l’Absolu ( Li jiaohui) : une centaine de travailleurs des compagnies de services publics, dont ceux de la Compagnie du téléphone et ceux de la Shanghai Power, dont tous les communistes clandestins de ces entreprises, se rencontrent dans des cercles naguère condamnés par le PCC comme « féodales » et « décadentes ». Liang Yongzhang* a réussi à écarter ces communistes de la direction du syndicat dont il était président entre janvier et mars 1946, mais leur influence demeurait forte. Le même rapport de police du 21 juillet 1947 conclut que « le parti traitre était parvenu à contrôler et à manipuler plus de la motié des standardistes ». Cet efficace réseau fut démantelé par la police militaire à cette date et ses membres furent arrêtés ou passèrent à la clandestinité. On retrouvera après 1949 Lu Wenda comme chef du bureau de gestion des questions immobilières de la ville de Shanghai. Il prit sa retraite en 1987.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article207017, notice FAN Mengqian 范梦倩 par Alain Roux, version mise en ligne le 1er octobre 2018, dernière modification le 5 novembre 2022.

Par Alain Roux

SOURCES : Divers rapports de police dans les archives Municipales de Shanghai. Wenshi ziliao. Aussi Shanghai gongyun renvu shengpin ziliao (« biographies du mouvement ouvrier shanghaien » ) : un ensemble de fiches que m’a remises le professeur Liu Mingkui à Shanghai en mai 1986.

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