Par Axel Barenboim, Justinien Raymond
Née le 11 avril 1826 à Marey-sur-Tille (Côte-d’Or) ; morte le 4 novembre 1887 à Paris (Xe arr.) ; institutrice à Paris ; communarde ; militante socialiste vers 1872.
Institutrice à Paris, Marie Manière fut, sous la Commune de Paris, directrice de l’atelier-école provisoire, 38, rue de Turenne. Elle écrivait au Vengeur, le 3 avril 1871, pour exposer son programme : créer un atelier-école remplaçant l’ouvroir religieux, dans le cadre de l’État ou de la Commune. Il prendrait des élèves âgées de douze ans, leur donnerait une formation théorique et pratique ; parmi les maîtresses, on trouverait des ouvrières, mêlées à d’autres plus intellectuelles. « L’échange de connaissances qui aurait lieu entre ces diverses intelligences, s’exerçant côte à côte, constituerait un milieu très favorable à un enseignement progressiste entièrement dégagé de préjugés. »
Le 16 avril, la veuve Manière fut arrêtée à Sèvres ; elle fut trouvée porteuse de journaux de la Commune et de onze affiches de l’Appel de la Commune de Paris aux départements.
Dans ses Mémoires, Louise Michel écrit qu’elle « avait soumis un plan pour faire disparaître les religieuses de l’enseignement. »
Elle assista comme déléguée aux séances du congrès ouvrier de France qui se tint à Paris du 2 au 10 octobre 1876. Intervenant le 6 octobre sur « Apprentissage, enseignement professionnel », elle demanda « l’égalité d’enseignement pour les hommes et les femmes et le développement d’écoles professionnelles par les chambres syndicales. »
Marie Manière fit partie des trois femmes poursuivies (avec Marie Bonnevial, institutrice, et Floch, lingère) pour la tentative d’organisation d’un Congrès socialiste international à Paris en 1878, à côté de Jules Guesde et de Gabriel Deville. Elle était déléguée d’un groupe d’institutrices. Elle fut relaxée.
Par Axel Barenboim, Justinien Raymond
SOURCES : L’Avant-Garde, IIe année, n° 38, 4 novembre 1878, pp. 2-3. — Arch. PPo., B a/ 1 035. — Enquête parlementaire sur l’insurrection du 18 mars 1871. — Compte rendu du congrès de 1876. — Maitron, période 3. — Claudine Rey, Annie Gayat, Sylvie Pepino, Petit dictionnaire des femmes de la Commune, Édition Le Bruit des autres, 2013 (sous le nom de Marie Deschamps). — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.