BERTRAND Pierre, Étienne

Par Justinien Raymond, Madeleine Rebérioux

Né le 5 avril 1864 à Tonneins (Lot-et-Garonne), mort le 4 avril 1930 à Paris ; journaliste socialiste.

Frère cadet de Gabriel Bertrand, Pierre Bertrand eut comme lui à rompre avec les traditions d’une famille aisée, croyante et conservatrice, pour devenir un journaliste engagé et un militant socialiste. Il passait dès ses jeunes années pour une « forte tête » et c’est ce qui lui valut de faire ses études comme pensionnaire dans une école privée d’Agen. Les résultats ne semblent pas avoir été ceux que l’on attendait, mais ils ne furent pas, semble-t-il, immédiatement visibles. La tradition familiale veut, en effet, que, comme son frère, il ait d’abord collaboré au journal bonapartiste d’Agen, Le Journal de Lot-et-Garonne, avant d’évoluer vers la gauche devant l’égoïsme des notables bonapartistes locaux et des classes dirigeantes.

C’est avec son frère encore qu’il « monta » à Paris où ils fréquentèrent divers cercles littéraires, fondèrent une petite revue et s’imprégnèrent de l’atmosphère politique et littéraire ardemment contestataire qui caractérisa les années 1890.
Proche de Bernard Lazare, Pierre Bertrand fut d’emblée dreyfusard. L’affaire Dreyfus l’orientera durablement vers le journalisme militant : il fut en 1898 rédacteur au journal Les Droits de l’Homme fondé par H. Deloncle et P. Desachy. Il alla ensuite au Havre avant de se retrouver à partir de juin 1901 à Limoges comme rédacteur en chef du Réveil du Centre, journal commun aux radicaux et aux socialistes de la Haute-Vienne.

En 1905, Pierre Bertrand quitta Le Réveil du Centre en compagnie de Betoulle pour entrer au nouveau quotidien socialiste de Limoges Le Populaire du Centre. Il en fut longtemps le rédacteur en chef.

En mai 1905, le congrès d’unification de la Haute-Vienne le porta à la première CAP de la Fédération du Parti socialiste SFIO et le nomma son délégué titulaire au conseil national. Il avait été délégué au congrès national d’unité, salle du Globe, à Paris (avril 1905). Il le fut aussi au congrès de Limoges (novembre 1906). Mais peu après il rompit avec le Parti socialiste qui lui préféra Betoulle comme candidat aux élections législatives de 1906 dans la 1re circonscription de Limoges abandonnée par Labussière.

Militant socialiste, P. Bertrand le fut surtout par le journalisme. Il collabora même à l’Humanité. Après avoir quitté le Parti socialiste, il poursuivit sa carrière. Il fut notamment directeur du Quotidien, journal d’union des gauches lancé en 1923, et qui, après avoir joué un rôle dans la victoire électorale du Cartel des Gauches en 1924, fut entraîné dans des malversations financières.

Il s’était, marié avec Mathilde, Clémence Teysonnières dont le père, Pierre Teysonnières fut l’un des experts au procès Dreyfus qui affirmèrent que le bordereau était de la main de Dreyfus. Pierre Bertrand était évidemment d’avis opposé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49599, notice BERTRAND Pierre, Étienne par Justinien Raymond, Madeleine Rebérioux, version mise en ligne le 23 mars 2009, dernière modification le 23 novembre 2022.

Par Justinien Raymond, Madeleine Rebérioux

SOURCES : Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes I, op. cit. p. 540. — A. Pittle, (A. Perrier), Une esquisse du mouvement ouvrier à Limoges depuis le XIXe siècle, Angoulême, 1929.— Philippe Oriol, notice Pierre Bertrand du Dictionnaire de l’affaire Dreyfus.

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