GAVELLE Georges [pseudonyme dans la résistance : René Berthou]

Par Julian Mischi

Né le 22 juillet 1922 à Lavault-Sainte-Anne (Allier), mort le 3 juin 2010 à Moulins (Allier) ; ajusteur puis officier de carrière ; militant communiste de l’Allier ; résistant FTPF ; président départemental de l’ANACR ; président national de l’Association des anciens combattants et victimes de la guerre d’Indochine.

Fils d’un cultivateur devenu cheminot, adhérent du Parti communiste, et d’une ménagère, sympathisante communiste, Georges Gavelle se maria le 27 octobre 1945 à Montluçon (Allier) avec Odette Mansat dont les parents travaillaient à la SNCF. Après l’obtention du certificat d’études primaires, une bourse d’enseignement technique lui permit de passer avec succès le concours du CAP. Apprenti depuis 1939, il fut embauché en 1941 comme ajusteur aux usines Saint-Jacques de Montluçon (Allier). Au sein de cette entreprise, il fut en contact avec des militants communistes dont Desgranges. Il distribua des tracts et effectua des inscriptions murales. D’abord membre d’un triangle, chargé des liaisons de propagande et diffusion, il devint ensuite responsable du matériel d’impression.

Pour échapper à la menace du Service du travail obligatoire, Georges Gavelle s’engagea dans l’armée d’armistice, et fut incorporé le 20 février 1942 au 6e régiment de cuirassiers à Limoges (Haute-Vienne). Démobilisé le 11 novembre 1942, il revint à Montluçon mais ne trouva pas la liaison avec le PCF. Il eut alors en décembre 1942 des contacts avec l’Armée secrète (AS) et les Corps francs de libération (CFL) des Mouvements unis de la résistance (MUR). Il participa à la manifestation du 6 janvier 1943 en gare SNCF de Montluçon puis, en février 1943, tenta de franchir la frontière espagnole pour rejoindre l’Afrique du Nord mais échoua et revint à Montluçon, où il s’engagea en mars au sein des Jeunesses communistes clandestines. Il était affecté dans l’appareil technique.

_Désigné pour le STO en Allemagne, il devint illégal en mai 1943, et fut chargé de la direction militaire du groupe armé de Montluçon-ville qui fut à l’origine du premier maquis « Hoche » de Francs-tireurs partisans français (FTPF) de l’Allier, installé dans la région de Saint-Pourçain-sur-Sioule, à une trentaine de kilomètres de Vichy, de mai à septembre 1943. Il est présenté avec Louis Bavay, comme le cofondateur du maquis Hoche, lieu choisi pour des raisons topographiques mais aussi par la présence de paysans assurant un soutien logistique au camp. Il adhéra au Parti communiste en septembre 1943.
Il fut lieutenant, adjoint du Commandant du Maquis Hoche, nommé capitaine par la suite, sous le nom de guerre René Berthou. Il était Commissaire aux Opérations au sein du maquis. Ses dates de présence au maquis Hoche vont du 1er mars 1943 au 29 septembre de la même année, date de démantèlement du maquis. Suite à une dénonciation, le camp fut en effet attaqué le 25 septembre par 120 GMR (Gardes Mobiles de Réserve) dans la forêt des Colettes où il s’était déplacé pour tenter de se mettre en sécurité. On a dénombré douze victimes, la perte des armes, des munitions et du ravitaillement.
Il est présenté dans un ordre de Bataille de la 8éme Région militaire en 1947 comme ancien chef du premier maquis FTPF de l’Allier, appelé maquis de Saint-Pourçain, du 20 mai 1943 au 25 septembre 1943.
A partir du 26 septembre 1943 jusqu’à janvier 1944, il fut adjoint au commandant départemental FTPF (Commissaire aux opérations, CO) du Puy-de-Dôme et du Cantal.
En décembre 1943, suite à ce démantèlement, il fut condamné par défaut. Il a, comme la plupart des autres membres du maquis, était muté sur un autre département. C’est peut-être à cette date qu’il fit un passage au camp FTP Gabriel-Péri dans le Puy-de-Dôme.
De janvier 1944 au 27 mai 1944, il fut adjoint au commandant militaire départemental de la Loire et de la Haute-Loire.
Le 27 mai 1944, il fut nommé adjoint du commandant militaire inter-régional FTPF de la région R6 (Loire, Haute-Loire, Cantal, Puy-de-Dôme, Allier). Selon le témoignage écrit d’Alphonse Rozier, ancien responsable du Front National pour le Puy-de-Dôme, un dénommé G., officier de arrière en 1968 et responsable chez les FTP de l’Allier, aurait été chargé de superviser le transfert vers Saint-Étienne du vol d’un milliard de francs par les FTP de Clermont-Ferrand en février 1944. A la suite de cette spectaculaire opération, plusieurs des membres de l’équipe avaient été arrêtés puis fusillés à Riom après condamnation. Il est vraisemblable que l’officier auquel Rozier fait allusion soit Georges Gavelle. Celui-ci était effectivement officier en 1968, ancien responsable FTP dans l’Allier, d’un maquis qui avait été en contact avec le Puy-de-Dôme. Ses nouvelles fonctions au niveau de la R6 pouvaient le prédestiner à ce genre de mission de confiance, malgré son jeune âge.
En tant que Capitaine FFI, il participa ensuite aux combats de la libération dans la région lyonnaise où il fut blessé.
Un état de ses services établi en septembre 2002 par le Service historique de la Défense à la demande du général Gilles Lévy, indique qu’il a été chef d’un maquis et adjoint du commandant militaire régional R2 à compter du 19 mai 1943 puis Adjoint au chef militaire interdépartemental Puy-de-Dôme et cantal à compter du 16 septembre 1943 puis adjoint au chef régional militaire de la R3 (Loire et Haute-Loire) à partir de janvier 1944, puis adjoint au commandant militaire interrégional à compter du 27 mai 1944 et enfin officier chargé des liaisons puis officier de renseignement du 1er juillet au 1er août 1944.
Georges Gavelle a été un des principaux témoins après-guerre sur la Résistance dans l’Allier. Il est interviewé dans le livre de Robert Fallut et est cité dans de nombreux numéros de Résistance Allier, le journal de l’ANACR.

Après la Libération, Georges Gavelle fut intégré dans l’armée régulière comme officier d’infanterie (sous-lieutenant puis lieutenant) après un stage de formation à Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme). Nommé à l’État-major de la treizième région militaire de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), il fut chargé en 1946-1947 d’établir l’ordre de bataille de la Résistance dans la 13e région militaire. En septembre 1948, il fut désigné pour combattre en Indochine, en même temps que son frère, ancien résistant qui y fut tué en 1950.

À son retour d’Indochine en juin 1950 comme "rapatrié sanitaire", Georges Gavelle bénéficia d’un congé de longue durée (six ans) pour maladie des poumons. Il se consacra alors à l’organisation de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance dans l’Allier où il constitua des comités locaux. Secrétaire départemental de l’ANACR, il participa aux travaux du conseil national de l’organisation à partir de 1952. En 1956, il reprit du service dans l’armée et fut envoyé en Algérie à plusieurs reprises jusqu’en 1963. Il fut affecté au 76e RI à Vincennes puis à l’État-major du commandement de Paris.
- En retraite en 1978, promu au grade de colonel dans la réserve, il consacra l’essentiel de son temps aux Fédérations des officiers et sous officiers républicains (FORR-FSORR) en s’occupant particulièrement des militaires préjudiciés dans leur carrière pour des raisons politiques dont Rol-Tanguy et Henri Martin.
- Au PCF, il participa, aux côtés de Louis Baillot, à la commission armée-défense, chargée des questions militaires et de politique extérieure auprès du comité central.
- Il présida l’Association des anciens combattants et victimes de la guerre d’Indochine (ACGVI), constituée à la fin des années 1980 et intégrée à l’ARAC, qui commémorait chaque année, le 20 juillet, la fin de la guerre d’Indochine. De 2000 à 2009, il présida l’Association pour l’étude de la Résistance en Allier (AERA), rattachée à l’AERI nationale.
- Veuf, il se remaria le 22 juillet 1978 à Paris (Xe arr.) avec Éliane Laurent, professeur d’histoire.
Il était officier de l’ordre du Mérite et officier de la Légion d’honneur.
Il a été inhumé au cimetière de Lavault-Sainte-Anne, la fédération PCF de l’Allier appelant à lui rendre hommage le 15 juin 2010 à Tronget.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49790, notice GAVELLE Georges [pseudonyme dans la résistance : René Berthou] par Julian Mischi, version mise en ligne le 8 avril 2009, dernière modification le 21 décembre 2021.

Par Julian Mischi

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 248356. Dossier Georges Gavelle (nc) .— SHD Vincennes GR 19 P 63/1, dossier général, p. 192. — Arch. de la fédération du PCF de l’Allier. — André Sérézat, Et les Bourbonnais se levèrent, Nonette, Éd. Créer, 1986. — Roger Fallut, Hoche 1939-1945. La Résistance : du tract à la lutte armée en Allier, 2007 (R. Fallut, Souvigny, Allier). — Sources orales. — Robert Fallut, Naissance de la Résistance armée dans l’Allier. [en ligne] http://robert.fallut.pagesperso-orange.fr/ .— Le milliard de la Banque de France, note manuscrite d’Alphonse Rozier, archives privées Alphonse Rozier (Clermont-Ferrand) .— http://allierterrederesistance.over-blog.com/2018/04/expo.la-resistance-au-sein-du-bocage-bourbonnais.html .— Daniel Levieux, La Pièce Plate et le Camp Hoche (Meillard), document édité par l’ANACR 03 : https://fr.calameo.com/read/00092159510ec6aca84b0 .— Lettre de Georges Gavelle à Philomen Mioch, non daté, circa 1983. —SHD GR 19 P 63/1, dossier général. Page 89. — Renseignements fournis par Éliane Laurent. — Notes de Jacques Girault et Eric Panthou.

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