FILIPPETTI Angel [FILIPPETTI Angelo, francisé en Angel]

Par Pierre Schill

Né le 11 janvier 1938 à Audun-le-Tiche (Moselle), mort le 15 septembre 1992 à Audun-le-Tiche ; mineur de fer ; syndicaliste CGT et militant communiste de Moselle, délégué mineur, membre de la commission exécutive du syndicat CGT des mineurs de fer de Lorraine, membre du comité fédéral du PCF mosellan ; adjoint au maire puis maire d’Audun-le-Tiche, conseiller général de Moselle, président de l’Association transfrontalière du bassin supérieur de l’Alzette.

Angelo Filippetti était issu d’une famille de six enfants dont le père, Tommaso Filippetti, s’installa en Lorraine au lendemain de la Grande Guerre pour y travailler dans les mines de fer. Militant antifasciste italien de Moselle, résistant, il fut arrêté en février 1944 et mourut en déportation en avril 1945. Sa mère, Guillaumine née Capracci, naquit en 1902 à Audun-le-Tiche (Lorraine annexée).

Très marqué par le souvenir de ce père disparu alors qu’il n’avait que six ans, Angel Filippetti, dans la lignée professionnelle paternelle, entra en 1952 pour un apprentissage à la Société minière des Terres Rouges, filiale d’ARBED, à Audun-le-Tiche (Moselle) où il travailla comme mineur jusqu’en 1959. De 1959 à 1962, il fut envoyé comme appelé en Algérie. Très marqué par la guerre d’Algérie, il fut ensuite membre de la FNACA. Entre 1962 et 1976, il occupa un emploi de foreur à la mine Ferdinand de Tressange (Moselle).

Angel Filippetti milita au syndicat CGT des mineurs de fer de Lorraine dès l’âge de seize ans et fut élu délégué mineur de la mine Ferdinand en 1976. Il représenta dès lors ses camarades et refusa toutes les possibilités de promotion pour ne rien devoir céder à la direction dans son combat pour la sécurité des mineurs.

Il fut atteint d’un cancer du poumon en 1984, et amputé d’un poumon. Il se battit jusqu’à sa mort pour faire reconnaître ce cancer en maladie professionnelle. Placé en invalidité, il se consacra dès lors à ses responsabilités politiques.

Fidèle aux engagements politiques de son père, Angel Filippetti militait aussi depuis l’âge de seize ans au Parti communiste. Il occupa vite des responsabilités et fit son entrée au conseil municipal d’Audun-le-Tiche en 1965 après le succès de la liste communiste. A la même date, la conférence fédérale du PC mosellan tenue à Hayange lui permit de faire son entrée au comité fédéral où il siégea jusqu’à sa mort.

Angel Filippetti fut élu aux cantonales de 1979 dans le canton de Fontoy (Moselle) en obtenant au second tour 53,27 % des suffrages face au candidat divers droite Denis Schitz.

Aux municipales de 1983, Alain Philippe* mena la liste d’Union de la gauche qui, n’ayant pas d’opposition, obtint 100 % des suffrages. Devant à nouveau être élu maire, il fut finalement écarté par la section communiste locale qui lui préféra son secrétaire Angel Filippetti, n° 2 de la liste qui était adjoint au maire.

En mars 1985, Angel Filippetti se représenta aux élections cantonales toujours face à Denis Schitz mais aussi face à Alain Philippe qui se présentait cette fois « sans étiquette ». Angel Filippetti rassembla 2 524 suffrages sur 9 929 suffrages exprimés pour 10 235 votants sur 15 782 électeurs inscrits et arriva en deuxième position derrière M. Schitz. Angel Filippetti obtint au second tour 4 379 voix contre 5 629 voix à M. Schitz qui retrouva donc son siège en profitant de mauvais reports de voix à gauche.

En juin 1988, il fut candidat du PCF aux élections législatives et totalisa 20,21 % des suffrages au premier tour. Il se désista au second tour en faveur du candidat socialiste René Drouin, maire de Moyeuvre-Grande (Moselle), élu député avec plus de 65 % des voix.

Angel Filippetti fut réélu maire d’Audun-le-Tiche aux municipales de 1989 avec 65 % des suffrages au premier tour, face à une liste sans étiquette. Ses mandats à la tête de la cité minière furent marqués par la volonté forte d’assurer le développement local en entamant la reconversion industrielle dans le cadre de la coopération intercommunale et transfrontalière dont il était un ardent défenseur. Il présida plusieurs associations et syndicats intercommunaux français ainsi que l’Association transfrontalière du bassin supérieur de l’Alzette qui regroupait des communes françaises et luxembourgeoises. Il obtint notamment la réouverture de la gare d’Audun-le-Tiche à une ligne de chemin de fer à destination de Luxembourg pour les travailleurs transfrontaliers nombreux dans la région. Il fut aussi l’artisan du jumelage de sa ville avec Gualdo Tadino (Italie), ville natale de son père et de nombreux autres mineurs de fer lorrains d’origine italienne.

Ce militant, resté fidèle à son engagement communiste, fut emporté à l’âge de cinquante-quatre ans par une maladie nosocomiale après une opération cardiaque, délicate sur un malade n’ayant qu’un poumon. Au lendemain de son décès, les hommages politiques furent unanimes. Son adversaire politique Denis Schitz déclara : « […] c’est un grand bonhomme qui s’en va ». Cinq ans plus tard, la cité minière vivait la fermeture de la dernière exploitation ferrifère française.

Angel Filippetti était chevalier dans l’ordre des Palmes académiques pour son action politique en faveur de l’éducation.

Marié à Odette née Rovere, Angel Filippetti était père d’une fille, Aurélie Filippetti, députée de la Moselle. Elle raconte l’« histoire » de cet engagement pour la justice sociale et les « gueules jaunes » de Lorraine dans un roman paru en 2003 : Les derniers jours de la classe ouvrière (Stock). Après avoir fait partie de l’équipe de campagne de Ségolène Royal aux élections présidentielles de 2007, elle fut élue députée de la 8e circonscription de la Moselle (50,96 % des voix) face à un entrepreneur héritier de la dynastie de Wendel, Alain Missoffe, frère de Françoise de Panafieu.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50027, notice FILIPPETTI Angel [FILIPPETTI Angelo, francisé en Angel] par Pierre Schill, version mise en ligne le 30 avril 2009, dernière modification le 11 mars 2016.

Par Pierre Schill

Angel Filippetti lors d'un rassemblement public à Audun-le-Tiche à l'occasion de la campagne électorale des cantonales de 1979
Angel Filippetti lors d’un rassemblement public à Audun-le-Tiche à l’occasion de la campagne électorale des cantonales de 1979
[Coll. privée Aurélie Filippetti, photo transmise par Pierre Schill]

SOURCES : Arch. Dép. Moselle, 151 W 823. — Archives familiales. — Le Républicain lorrain, 18 mars 1985 et 17 septembre 1992. — Frédéric Niedzielski, 25 ans de vie politique en Moselle. Les chiffres pour comprendre, Sarreguemines, Éditions Pierron, 1987. — Renseignements fournis par Mme Angel Filippetti et Aurélie Filippetti (questionnaire, 2006).

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