BRIDEAU Gabriel, Marie [dit Perrache]

Né le 21 janvier 1844 à Mortagne (Orne) ; mort à Londres en 1875 ; journaliste ; commissaire de police sous la Commune de Paris et blanquiste notoire.

Gabriel Brideau était le fils d’un notaire très estimé, conseiller municipal de Mortagne ; son oncle y était juge de paix. Lui-même, que l’on dit assez dédaigneusement « esprit faible », fit ses études au collège de Mortagne puis à Caen, alors que Vallès y était surveillant ; une monographie de Charles Pouthas sur le lycée Malherbe, ses professeurs et ses élèves brillants, ne le mentionne pas. Graveur et devenu parisien, il rendit visite à son ancien pion qui le décrivait ainsi : « Un grand gaillard, à figure blême enfouie dans une grosse barbe noire, des lunettes d’étudiant allemand, un chapeau de bandit calabrais. »
Le 16 février 1866 il fut condamné avec d’autres blanquistes : Villeneuve, Jaclard, Debroz, L. Levraud, Granger à une peine de prison (elles variaient de deux à six mois) pour participation à une manifestation républicaine le 21 janvier précédent, rue des Amandiers, Paris, XXe arr. Joseph Brideau fut, avec Eudes, gérant de la Libre Pensée dont le premier numéro parut le 21 octobre 1866.

Au début de la guerre contre la Prusse, il prit une part active, aux côtés d’Eudes, à l’affaire des pompiers de la Villette. Le 1er conseil de guerre le condamna à mort, le 29 août, mais il profita d’un sursis le 2 septembre et fut délivré le 4, ainsi que Eudes, condamné à mort comme lui, par la proclamation de la République.
En tant que délégué des vingt arrondissements, il fut un des signataires de l’Affiche rouge du 6 janvier 1871, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison » du gouvernement du 4 septembre et pour mettre en avant trois mots d’ordre : Réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse. Elle se terminait par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! » — Voir Ansel.

Sous la Commune, Joseph Brideau devint commissaire de police, attaché spécialement au cabinet du délégué civil à la préfecture de police Rigault et signa de nombreux ordres d’écrou, notamment celui de Chaudey ; on l’inculpa aussi à propos du pillage de l’appartement de Dufaure, ministre de la Justice.
Le 6e conseil de guerre le condamna à mort par contumace, le 22 février 1872 ; il avait gagné Londres, où il mourut en 1875 (ou en mars 1874, selon l’historien Paul Martinez).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article54051, notice BRIDEAU Gabriel, Marie [dit Perrache], version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 30 juin 2020.

SOURCES : Arch. Min. Guerre, 6e conseil. — Arch. PPo., listes de contumaces. — La Patrie en danger, 7 septembre-8 décembre 1870 (Brideau y collabora). — M. Dommanget, Blanqui et l’opposition révolutionnaire à la fin du Second Empire, Paris, A. Colin, 1960. — M. Dommanget, Blanqui, la Guerre de 1870-71 et la Commune, Paris, Domat, 1947. — Paul Martinez, Paris Communard refugees in Britain, 1871-1880, thèse, University of Sussex, 1981. — Note de J. Chuzeville. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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