CHAUTARD Jean-Baptiste

Né à Issoire (Puy-de-Dôme) le 6 janvier 1823, mort à Paris (XIIe arr.) le 20 avril 1892 ; ancien séminariste devenu plombier-zingueur ; membre de l’Association Internationale des Travailleurs ; communard ; exilé en Grande-Bretagne.

Fils d’un cultivateur voltairien devenu cordonnier, Jean-Baptiste Chautard fut un enfant vif et exubérant. Sur l’insistance de sa mère, il fut envoyé comme interne au collège, puis au Petit Séminaire de Clermont-Ferrand. Il aimait étudier, mais ne supportait pas d’être enfermé. Par deux fois il se sauva pour rentrer chez lui, mais il fut reconduit d’où il venait.
Son père mourut alors qu’il avait 16 ans. Ayant terminé ses "humanités" et brillamment obtenu son baccalauréat, il fut envoyé au Grand Séminaire d’Issy-les-Moulineaux, à la grande satisfaction de sa mère.
Mais esprit ouvert et critique, il décida de quitter le séminaire avant de prononcer ses vœux et alla volontairement participer au tirage au sort pour faire son service militaire. Cela lui valut d’être exclu et jeté à la rue sans un sou. Il trouva alors à s’employer chez un soudeur du Faubourg Saint-Antoine comme apprenti et apprit le métier sur le tas et à la dure.
En 1846, il commença à "faire de la politique" et à prendre part aux discussions qui agitaient le monde ouvrier. En février 1848, puis de nouveau en juin, il combattit sur les barricades. Il dut ensuite se cacher chez la veuve d’un avocat républicain pour échapper à la répression, et finit par épouser sa fille Victorine. Violemment rejetée par sa belle-mère, Victorine mourut peu après la naissance le 17 février 1850 de leur fils prénommé Victor Saint-Just.
En 1853, alors qu’il possédait sa propre entreprise de plomberie-métallurgie employant plusieurs ouvriers au 88, rue Saint-Victor (Ve arr.), Chautard se remaria avec sa cousine Marie, avec qui il eut un deuxième fils prénommé Ernest et une fille prénommée Marie Victorine.
S’intéressant aux recherches sur l’électricité, il inventa un appareil destiné à la Marine capable de déceler 48 heures à l’avance les signes avant-coureurs d’un cyclone, que l’empereur en personne présenta dans une communication à l’Académie des sciences, sans mentionner le nom de son inventeur.
Domicilié 8, rue des Chantiers, Jean-Baptiste Chautard fut élu délégué des plombiers parisiens à l’Exposition universelle de 1867. Il devint à ce titre membre de la Commission ouvrière fondée à cette occasion.
Les autres membres de la délégation étaient Lacotte, Monvoisin et Bernier.
Il était adhérent de l’AIT, section sociale du quartier des Écoles, en septembre 1870 (Voir Dict., t. IV, p. 63).
Peu après la proclamation de la République le 4 septembre, il fréquenta les séances du club Saint-Victor, 13, rue d’Assas, ainsi que les réunions de la Section des Écoles de l’AIT et le Comité de vigilance révolutionnaire de son quartier. Engagé volontaire dans la Garde nationale, il fut élu capitaine d’un des bataillons du Ve arr. En tant que délégué des vingt arrondissements, il fut un des signataires de l’Affiche rouge du 6 janvier 1871, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison » du gouvernement du 4 septembre et pour mettre en avant trois mots d’ordre : Réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse. Elle se terminait par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! » Voir Ansel.
Jean-Baptiste Chautar, qui appartenait à la Chambre syndicale des ouvriers plombiers, fut membre du Comité d’artillerie sous la Commune de Paris.
Le 6e conseil de guerre le condamna par contumace, le 22 octobre 1872, à la déportation dans une enceinte fortifiée.
Il appartint, à Londres, à la section fédéraliste française de 1871 (cf. t. IV, p. 78). Cette section le délégua au conseil général de l’Internationale, le 17 octobre 1871, mais le Conseil refusa de l’admettre. Peu après, d’ailleurs, il fut exclu par la section (cf. Vermersch-Journal, 24 février 1872). Il se réfugia ensuite à Bruxelles, où il publia une brochure accusant Édouard Roullier et Eugène Vermersch d’avoir ourdi une cabale contre lui en l’accusant à tort "d’être de la police" à cause des désaccords politiques existant entre eux.
Il fut gracié le 29 mai 1879. De retour en France, il connut une vie difficile. Son épouse refusa de reprendre la vie commune. Quant à son deuxième fils, Louis Ernest, il avait été envoyé au Brésil en 1871. Il y resta jusqu’à sa mort et y fonda une famille dont la branche existe toujours.
Au début des années 1890, alors que son premier fils venait de mourir (ancien étudiant à l’École des Beaux-Arts, il avait travaillé comme praticien pour Carpeaux), Jean-Baptiste Chautard vivait dans un état proche de l’indigence comme l’attestent les lettres qu’il adressa en décembre 1891 à Rochefort et Vaughan. Âgé de 69 ans et sans moyens d’existence, il cherchait à ouvrir son propre atelier pour ne pas mourir de faim.
On le trouva mort le 20 avril 1892 au petit matin, gisant dans la rue au niveau du 89 rue de Charenton à Paris (XIIe).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article55284, notice CHAUTARD Jean-Baptiste, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 7 juin 2021.

OEUVRE : Extrait de trente ans de la vie d’un ouvrier de Paris, 1874, Bruxelles

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/854, n° 1718. — Arch. PPo., listes de contumaces. — Le Combat, 17 et 18 septembre 1870. — Minutes..., vol. 4, op. cit. — Eugène Tartaret, Commission ouvrière de 1867. Recueil des procès-verbaux des assemblées générales des délégués et des membres des bureaux électoraux, Paris, Imp. Augros, 1868, X-320 p. — IISG, fonds Descaves, lettres de J.-B. Chautard. – Germaine Pinard, "Marie Chautard, notes sur la famille Chautard", ms conservé dans les archives familiales. – Notes de R. Skoutelsky et Léa Bardi.

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