COMBAULT Amédée, Benjamin, Alexandre

Né à Tours (Indre-et-Loire) le 16 novembre 1837, mort début janvier 1895 à Londres ; ouvrier bijoutier ; franc-maçon ; un des membres fondateurs de l’Internationale.

Installé à Londres vers 1865, il s’affilia peu après à la loge maçonnique des proscrits dite « les Philadelphes », dont il devint l’un des membres les plus actifs.
Il rentra en France en 1868. Durant son séjour en Angleterre, il appartint deux années au conseil général de l’Internationale, 1866-1867 (cf. Minutes..., vol. 4).
Après la démission, le 19 février 1868, — en raison des poursuites dont ils étaient l’objet —, des quinze membres qui composaient la commission dirigeant le Bureau de Paris de l’Internationale, une nouvelle commission de neuf membres fut élue, le 8 mars, qui comprenait Antoine Bourdon, Charbonneau, Combault, Léopold Granjon, Jean-Baptiste Humbert, Gabriel Mollin et trois secrétaires-correspondants : Emile Landrin, Benoît Malon et Eugène Varlin. Pour appartenance à l’Internationale, société non autorisée groupant plus de vingt personnes, tous les neuf furent condamnés, le 22 mai suivant, à trois mois de prison et 100 f d’amende, la durée de la contrainte par corps étant fixée à trente jours. Cette condamnation fut confirmée en appel le 24 juin.
Détenu à Sainte-Pélagie, Amédée Combault signa, le 17 septembre 1868, la déclaration que ses codétenus et lui-même auxquels s’était joint Cluseret avaient élaborée, déclaration protestant contre la résolution adoptée par le 3e congrès de l’Internationale (Bruxelles, 6-13 septembre 1868) affirmant que la Ligue de la paix et de la liberté n’avait pas de raison d’être. Les détenus estimaient que « le droit de se croire la seule expression des aspirations d’une époque ne peut appartenir à aucune association isolée. » (Bourdon et Charbonneau ne signèrent pas pour des raisons que nous ignorons.)
La Fédération romande de l’Internationale fit paraître un hebdomadaire à Genève à partir du 23 janvier 1869 (numéro spécimen, décembre 1868). Combault figura au nombre des collaborateurs. Il habitait alors, rue Lecourbe, n° 79, dans le XVe arr.
Après le meurtre de Victor Noir, le 10 janvier 1870, et l’arrestation de Rochefort, le 7 février, Amédée Combault fut de ceux qui engagèrent les ouvriers au calme afin de ne pas compromettre l’issue de la lutte par une action trop précipitée (appel du 9 février).
Le 18 mars 1870, il assista à la réunion au cours de laquelle fut élaboré le projet de statuts de la Fédération parisienne discuté et adopté un mois plus tard, le 19 avril 1870. À ces réunions, Combault, avec Chalain, représentait la section de Vaugirard dont le siège était au n° 289 de la rue du même nom, XVe arr. (Combault avait été nommé le 8 février 1870, par le Conseil général de Londres, correspondant de la section. En avril, il lui arriva de représenter la section de la Villette.) Au cours de la réunion du 19 avril, il aurait déclaré : « Nous devons nous occuper de politique, puisque le travail est soumis à la politique. Il faut dire tout haut, une fois pour toutes, que nous voulons la République sociale avec toutes ses conséquences. » (Cf. Troisième procès, p. 63.)
Fin avril, la police de l’Empire, qui préparait le plébiscite du 8 mai, arrêta les principaux dirigeants de l’Internationale sous la double inculpation de complot et de société secrète. Robin, qui rédigea la protestation, et ses camarades du Conseil fédéral parisien s’élevèrent publiquement contre cette accusation et revendiquèrent pour l’Internationale le droit d’être la « conspiration permanente de tous les opprimés et de tous les exploités ». (La Marseillaise, 2 mai 1870). Voir Berthomieu.
Deux mois plus tard, Amédée Combault figurait au 3e procès de l’Internationale — il travaillait alors à Bruxelles et vint comparaître. (Cf. Troisième procès, op. cit., p. 224). Le 8 juillet, il fut condamné à un an de prison, 100 f d’amende, quatre mois de contrainte par corps le cas échéant, et un an de privation de ses droits civiques — Voir Varlin. Ce même mois, Amédée Combault signa le manifeste contre la guerre adressé aux travailleurs de tous les pays (cf. t. IV, p. 45). Transféré à la maison correctionnelle de Beauvais (Oise), le 28 août 1870, il fut libéré le 5 septembre 1870 par la proclamation de la République survenue la veille.
Capitaine d’une compagnie sédentaire durant le 1er Siège, Amédée Combault appartint au Comité républicain du XVe arrondissement dont il fut le délégué, avec Chalain, Barthélemy Cirode et Camille Langevin — tous les quatre membres de l’Internationale — auprès du maire Anthine Corbon. Orateur de réunions publiques, il participa, le 3 mai, à l’ouverture du club de la Révolution sociale en l’église de Saint-Michel, rue Saint-Jean, aux Batignolles, XVIIe arr. Il avait été initié à la loge anglaise des Philadelphes — Voir Eugène Thirifocq — et il intervint le 26 avril, au Châtelet, au cours des réunions des francs-maçons parisiens qui précédèrent la manifestation du 29 en faveur de la Commune de Paris.
Au début de 1871, Amédée Combault dirigeait la section des Batignolles de l’Internationale, dont le siège était, 3, rue des Dames, dans le XVIIe arr. Il habitait alors, 54, rue Dombasle (XVe) et continuait sans doute à diriger la section de Vaugirard. Amédée Combault échoua aux élections de la Commune des 26 mars et 16 avril. Ami de Varlin et de François Jourde, il fut nommé délégué du XVIIe arrondissement, puis directeur général des contributions directes.
Le 6e conseil de guerre le condamna par contumace, le 23 novembre 1872, à la déportation dans une enceinte fortifiée.

Réfugié à Londres, Amédée Combault fut, au dire de Testut, « l’une des influences de la proscription française » (rapport du n° 47 (Testut), 25 juillet 1879). Il organisa la prospection de fonds en faveur des Communards déportés en Nouvelle-Calédonie et, après avoir fréquenté les « Fédéralistes » hostiles au conseil général, il aurait été, à Manchester, l’adjoint de Dupont, qui dirigeait une section anglaise de l’Internationale et appartenait au Conseil fédéral anglais (rapport sans date et anonyme, Arch. PPo., B a/429). En février 1873, il fut désigné par la section française de Nottingham pour la représenter comme délégué au Conseil fédéral britannique (centraliste). Quelques mois plus tard, il était à Londres le correspondant du Conseil général de l’AIT installé à New York.
Il bénéficia de la remise de sa peine le 27 novembre 1879. Sans doute n’en profita-t-il pas pour revenir en France puisqu’une lettre qu’il écrivait à La Revue socialiste de Benoît Malon (cf. t. I, pp. 58-59), était datée Londres, 20 décembre 1884.

Il est sans doute décédé début janvier 1895 : selon un rapport de l’indicateur "Jarvis" daté de Londres, 16 janvier 1895, les compagnons devaient se réunir au cimetière Finchley pour y enterrer Combault (APpo BA 1509).

Dans un autre rapport daté du 21 janvier, il est précisé qu’une centaine de personnes avaient assisté à la cérémonie, dont plusieurs anarchistes, Malatesta, Pouget, Lapie, Charpentier et Louise Michel qui avait prononcé quelques mots.
Il était marié, père de trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article55865, notice COMBAULT Amédée, Benjamin, Alexandre, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 30 janvier 2020.

ŒUVRE : Manifeste antiplébiscitaire des Sections parisiennes fédérées de l’Internationale et de la Chambre fédérale des sociétés ouvrières. À tous les travailleurs français. Citoyens ! (Signé) pour l’AIT : A. Combault, Reymond, Germain Casse, Berthomieu, Lafargue, E. Lefèvre, J. Johannard, J. Franquin ; pour la Chambre : A. Theisz, Camélinat, etc..., Paris, Impr. E. Voitelain et Cie, s. d. [1870] in-8°, 2 pp., Bibl. Nat., Lb 56/2648.

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE : Arch. Nat., BB 24/855, n° 1797. — Arch. Min. Guerre, 6e conseil. — Arch. PPo., B a/429, a/430, a/434, a/441. — Archives du Grand-Orient (Bibl. Nat.). Cote 1632. Vol. II. Manifestation du 29 avril 1871. — Troisième procès de l’AIT à Paris, op. cit., — Minutes..., op. cit., vol. I, II, III. — J.O. Commune, 5 mai 1871. — J. Bossu, « Une loge de proscrits à Londres... », L’Idée libre, février et juin-juillet 1958. — J. Dautry, L. Scheler, Le Comité central républicain des 20 arrondissements de Paris, Paris, 1960, introduction. — Fontoulieu, Les Églises de Paris sous la Commune, p. 220. — Association internationale des Travailleurs, s.l.n.d., 54 p. (Musée social, 1178), recueil imprimé des pièces saisies au domicile de Combault lors d’une perquisition en 1870. — André Combes, « Des Origines du Rite de Memphis à la Grande Loge des Philadelphes, 1838-1870 », Chroniques d’histoire maçonnique, n°34, 1985. — Id., « Les Philadelphes et autres loges de Communards... ", Chroniques d’histoire maçonnique, n° 35, 1985. — J. Freymond (éd.), La Première Internationale, vol. 3. — Notes de M. Cordillot et Rolf Dupuy.

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