EXCOFFON Béatrix [née EUVRIE Julia]

Née le 10 juillet 1849 à Cherbourg (Manche) ; morte le 30 décembre 1916 à Paris (XVIe arr.) ; communarde.

Elle était la fille d’un horloger, Ange Euvrie, arrêté et relâché après le 2 décembre 1851, mais on défendit pendant neuf ans aux jeunes recrues d’aller à son magasin.

En 1870, Julia Béatrix Euvrie vivait depuis quatre ans avec le compositeur d’imprimerie François Excoffon, dont elle avait deux enfants et qu’elle épousera le 5 septembre 1874. Elle était sans profession.
Vice-présidente, en 1871, du club de la Boule-Noire, elle « déblatérait sans cesse contre les prêtres et les religieuses » ; elle réquisitionna, 32, rue des Acacias (XVIIe arr.) où elle habitait, un appartement pour y installer le comité de vigilance formé sous ses auspices. Le 3 avril, elle se joignit, place de la Concorde, au défilé des femmes qui marchaient sur Versailles et qui rencontrèrent à la porte de Versailles une délégation de francs-maçons. On se réunit salle Ragache et Béatrix, remplaçant la présidente épuisée, dit que le groupe était trop nombreux pour aller à Versailles, mais proposa de soigner les blessés. Elle-même passa une quinzaine de jours à Issy comme ambulancière des Enfants-Perdus. Le 7 avril, le journal Le Cri du Peuple signala que « la citoyenne Excofon » [sic] écrivait qu’elles étaient « dix-huit citoyennes » qui soignaient les blessés au fort d’Issy. Le 23 mai, elle était à la barricade de la place Blanche, IXe arr.

Arrêtée le 2 juillet 1871, elle fut condamnée, le 13 octobre 1871, par le 4e conseil de guerre, à la déportation dans une enceinte fortifiée et fut emprisonnée à Auberive. Sa conduite laissa d’abord à désirer, mais Béatrix Excoffon fit ensuite soumission complète, exprimant son repentir et demandant pardon à Dieu ; en 1878, elle était signalée comme « des plus respectueuses à l’égard des religieuses. » Contre-maîtresse de l’atelier, elle donnait de « bons conseils » à ses compagnes. Sa peine, qui avait été commuée, le 28 mars 1872, en dix ans de détention, avait connu une réduction d’un an le 15 août 1876 et fut remise le 26 novembre 1878.

Elle participa par la suite à de nombreuses manifestations, notamment en hommage à la Commune. Après la mort de son mari en 1893, elle signa parfois « Veuve Excoffon », par exemple une pétition de femmes dreyfusardes en avril 1898.

Le 21 janvier 1905, Béatrix Excoffon était à la gare de Lyon pour accueillir le cercueil qui ramenait Louise Michel de Marseille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article58747, notice EXCOFFON Béatrix [née EUVRIE Julia], version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 23 novembre 2022.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/736. — Louise Michel, Mémoires. — Maurice Dommanget, Hommes et choses de la Commune, pp. 75 et 82. — Édith Thomas, les « Pétroleuses », op. cit.La Fronde, 1er avril 1898, p. 1. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, 2021. — Notes de Julien Chuzeville.

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