LANDECK Bernard

Né à Duren, en Prusse rhénane, le 17 mars 1832 (le 19 mai 1832 ?) ; d’origine polonaise ; fils de Jean Landoski et de Rosa van Wilhemsen ; marié, père de deux enfants ; ouvrier monteur en bijoux ; franc-maçon — Voir E. Thirifocq ; membre de l’Internationale ; communard.

Le 8 juillet 1857, Landeck fut condamné à Paris à deux mois de prison pour coups et blessures sans que l’on puisse dire si l’affaire était politique ou non.
Arrêté le 30 avril 1870, dans le cadre des précautions prises en vue du plébiscite du 8 mai, il fut ensuite inculpé dans le troisième procès de l’Internationale. Landeck, qui avait adhéré en 1867, prétendit être resté entièrement étranger à l’action de la société depuis les premiers procès, en 1868, et n’avoir signé un manifeste en février 1869 qu’au titre de franc-maçon. Bref son attitude ne fut pas particulièrement courageuse et on la lui reprocha parfois. Il fut renvoyé des fins de la prévention, le 8 juillet suivant, sans amende ni dépens. Il habitait alors, 86, boulevard de Sébastopol, à Paris, IIIe arr.
Après la proclamation de la République, Landeck signa, au nom des sociétés ouvrières et des sections françaises de l’AIT, l’adresse au peuple allemand pour qu’il mette fin à la guerre et fonde, avec le peuple français, les États-Unis d’Europe (cf. L’Internationale, 11 septembre 1870). Durant le Siège, il fit partie du 68e bataillon de la Garde nationale, puis participa aux journées révolutionnaires des 31 octobre 1870 et 22 janvier 1871.

Dès les premiers jours de la Commune, il fut envoyé en mission, en province, par le Comité central de la Garde nationale. Il arriva à Lyon le 23 mars 1871, à Marseille le 27 mars. Dans cette dernière ville, il dirigeait une délégation parisienne composée, avec lui, d’Amouroux, membre de la Commune, et de May, représentant, comme lui, le Comité central. « Brouillon, autoritaire et cynique, infatué de lui-même — écrit A. Olivesi, op. cit. — il s’était rendu antipathique même à ses camarades. Les Parisiens en firent don, sans doute, à Marseille pour s’en débarrasser. » Cf. pp. 142-143.
Il ne fit que porter préjudice à la cause révolutionnaire à Marseille par sa brutalité et son inconséquence. Le 4 avril, les insurgés étaient chassés par le général Espivent de la Villeboisnet aux ordres de Thiers et commandant le département des Bouches-du-Rhône.
Landeck revint alors à Paris le 8 avril. Il avait été candidat le 26 mars aux élections de la Commune dans le IIIe arr. mais non élu — Voir Demay. En avril et mai, il se montra très actif dans les clubs : celui de la salle Molière, bientôt transféré à Saint-Michel-des-Champs, club de l’église Saint-Leu, club Nicolas-des-Champs, IIIe arr. Il appartenait au comité directeur de ce dernier qui comprenait Bernard, Chaponnet, Landeck, Mangniez, Michau, Myrtil et Paysant (secrétaire). Il exerça les fonctions du commissaire central dans le Ier arr. De son activité durant la Commune, il reste une affiche à la Bibliothèque nationale : République française, IIIe arr. Élection à la Commune, 16 avril 1871 (Fol. Lb 57/1941). Il appartint à la Section sociale du Quartier des Écoles de l’Internationale — Voir Dict., t. IV, p. 63.
Après la Semaine sanglante, Landeck demeura caché pendant deux mois boulevard de la Gare et fit son apprentissage de maréchal-ferrant. Le 1er août, il parvenait à gagner la Belgique puis l’Angleterre.
Le 1er conseil de guerre de Marseille le condamna par contumace, le 22 janvier 1872, à la peine de mort, et le 17e conseil de guerre de Versailles prononça la même peine le 21 février 1873.

À Londres, en août 1871, il fut parmi les membres fondateurs de la section fédéraliste française qui, jamais, ne fut reconnue comme section de l’Internationale par le Conseil général de l’AIT et ne tarda pas à se scinder. (cf. Dict., t. IV, p. 78). Il collabora au Journal de Vermersch, le Qui Vive, 3 octobre-10-11 décembre 1871. Il fut avec Vésinier le fondateur en mai 1872 de la loge maçonnique révolutionnaire « la Fédération ». À partir du 24 août 1872, il fut aussi l’un des principaux rédacteurs du journal de Vésinier, La Fédération. Le journal fut tiré à 2 000 exemplaires. Landeck y reprenait les accusations lancées par Caria et Debord contre Eudes, tout en désapprouvant la plainte déposée par Debord contre son ancien chef. Cette attitude ne lui fut pas pardonnée par la majorité des réfugiés, et contribua à l’isoler au sein de la proscription.
Landeck dénonça par ailleurs le Conseil général de l’AIT et le Congrès de La Haye et tenta avec Vésinier de constituer un « contre-conseil » général s’opposant à la fois aux Jurassiens et au conseil général de New York.

En 1893, Landeck travaillait comme sertisseur à Cascaïs (Portugal). Il y vivait toujours en 1899.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article63192, notice LANDECK Bernard, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 30 juin 2020.

ŒUVRE : Un calomnié de la Commune à M. Clovis Hughes, 1884, Bibl. Nat. 8° L n 27/35 339.

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE : Arch. BB 24/865, n° 6981 — Arch. Min. Guerre, 17e conseil. — Arch. PPo., B a/435. — Troisième procès de l’AIT à Paris, op. cit. — A. Olivesi, La Commune de 1871 à Marseille et ses origines, Paris, 1950. — Procès-Verbaux de la Commune de 1871, op. cit. — Murailles... 1871, op. cit., p. 145. — André Combes, « Les Philadelphes et autres loges de Communards... », Chroniques d’histoire maçonnique n° 35, 1985. — Notes de M. Cordillot. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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