LAVALETTE Charles, Hippolyte, Charles, surnommé Bonnet

Par Michel Cordillot

Né le 18 février 1829 à Moulins à Pouzy-Mésangy (Allier), mort le 2 janvier 1905 à Paris (VIIe arr.) ; membre du comité central de la Garde nationale.

De son vrai nom Lavelatte, Lavalette était le fils d’un tourneur en porcelaine. On ne sait pratiquement rien de sa vie avant septembre 1870, si ce n’est que son premier métier avant septembre 1870 était ouvrier en porcelaine et qu’il se maria à Vichy le 1er mars 1859 avec une femme de 23 ans son aînée, cabaretière à Breteau (Allier).
Au début du premier Siège de Paris, il demanda l’indemnité de 1 F 50 comme lieutenant dans la 1ère compagnie du 172e bataillon de la Garde nationale de la Seine. Il est mentionné comme gazier (mais il était inconnu à la compagnie du gaz) et domicilié, 6, rue Lesage (XXe arr.), il déménagera au 4 pendant la Commune. Il n’était pas marié et il eut un fils, né le 10 mars 1871.
« Remarqué sous l’Empire pour ses opinions révolutionnaires » (rapport au 3e conseil de guerre), il fut secrétaire du comité de campagne pour l’élection d’Henri Rochefort en 1869 et délégué pour le XXe arr. lors de la constitution des comités républicains d’arrondissement dans les tous premiers jours de septembre 1870. Il était alors considéré comme appartenant à l’Internationale. Le 31 octobre, il participa à l’envahissement de l’Hôtel de Ville puis il joua un rôle actif dans le Comité de défense de Belleville qui se réunissait rue Rébeval, se liant d’amitié avec Gabriel Ranvier. Dans la nuit du 21 janvier 1871, il fit partie de la centaine d’hommes armés qui se rendit à la prison de Mazas où ils libérèrent Gustave Flourens et ses codétenus. Le lendemain, Lavalette participa aux combats sur la place de l’Hôtel de Ville. Le 28 février, il signa l’affiche placardée sur les murs de Paris lorsque les troupes prussiennes occupèrent certains quartiers de la capitale pour ordonner « de faire établir une ligne de barricades sur les points de délimitation entre les forces françaises et prussiennes ».
Promu à une date inconnue, chef de bataillon du 159e (le bataillon qui avait élu Auguste Blanqui comme comme commandant, puis Ernest Granger, lequel avait été révoqué), il fut élu le 3 mars membre du Comité central provisoire de la Garde nationale à la réunion du Vauxhall et, le 15, il devint membre du Comité définitif pour le XIXe arrondissement. Il signa à ce titre la plupart de ses proclamations.
Proposé comme candidat dans le même arrondissement par le Comité des vingt arrondissements aux élections du 26 mars, il n’obtint que 600 voix et ne fut pas élu.
Le 29 mars, il fit partie de la délégation du Comité central chargée d’affirmer sa solidarité avec la Commune et de s’engager à réorganiser la Garde nationale. Au mois d’avril, il combattit à Asnières et Neuilly et le 15 de ce même mois, il fit mettre son bataillon à l’ordre du jour.
Le 16 avril, lors de la formation des commissions, il fut désigné pour faire partie de la commission de l’état-major du Comité central, que Louis Rossel chargea le 8 mai de créer un service de discipline. Le même jour, Lavalette fut également chargé avec Charles Soudry et Charles Hanser de constituer un escadron de vélocipèdes pour le service des estafettes. Le 19 mai, il passa à la commission de l’habillement, équipement, harnachement et campement, au ministère de la Guerre.
Le 25 avril, avec Auguste Okolowicz et « une citoyenne attachée aux ambulances se rendant à Versailles », il rencontra sur le pont d’Asnières plusieurs parlementaires versaillais pour leur faire « observer que, contrairement aux lois de la guerre, ils avaient continué pendant la trêve les travaux de défense commencés : redoutes et barricades. »
Durant la Semaine sanglante, il prit part aux combats et fut blessé. Admis à l’hôpital Saint-Louis le 25 mai, il y resta dix-sept jours sous la protection du Dr Guibout et réussit à quitter Paris « grâce à l’intervention du curé de Saint-Augustin et de l’évêque de Belley (Ain) » (le 7 avril, il avait empêché le pillage du trésor de Notre-Dame).

L’accusant d’avoir participé à l’incendie du ministère des Finances (lors de la réunion du Comité central du 28 avril, il avait demandé « que 80 bombes à pétrole soient mises à la disposition des remparts pour brûler le bois de Boulogne ») ainsi qu’à l’exécution des otages, le 3e conseil de guerre le condamna par contumace le 29 avril 1874 aux travaux forcés à perpétuité.
Gilbert Lavalette avait entre temps gagné Genève, où il habitait 5, rue du Mail, sous le nom de Bonnet, ouvrier gazier. Mesurant 1 m 70, il avait alors les cheveux bruns avec une moustache blonde.
Actif dans les milieux de la proscription, il joua 24 décembre 1871 le rôle du Père Noël au Temple Unique, où se réunissaient les Internationaux et les francs-maçons genevois. En ce même lieu, en février 1873, il fit baptiser civilement (au vin blanc) son second fils prénommé Louis, Michel, né le 30 novembre 1872.
À la suite d’un imaginaire et rocambolesque complot, à Genève, au printemps 1873, sur lequel la police locale enquêta, les communards réfugiés en Suisse purent établir que deux des prétendus participants, Blampignon et Lavalette, avaient été des informateurs du commissaire spécial de Ferney, à la frontière, et avaient joué le rôle de provocateurs. Lavalette fut alors publiquement dénoncé comme mouchard appointé.

Il se remaria le 28 août 1877 à Plainpalais près de Genève avec une couturière, Anne Germillon, la mère de son fils cadet.

La peine de Lavalette lui fut remise le 29 mai 1879. Mort le 2 janvier 1905 à son domicile, rue Saint-Dominique à Paris (VIIe arr.), il fut inhumé au cimetière parisien de Bagneux en présence d’une cinquantaine de personnes ayant une églantine rouge à la boutonnière.
Gilbert Lavalette a souvent été confondu, y compris par la police de Versailles, avec ses deux homonymes, Charles Lavalette, ex-chirurgien fédéré, ex-général insurgé, et gendre ou beau-frère du général fédéré Raoul Du Bisson, et Maynard de Lavallette, ex-commandant du Palais de l’Industrie et directeur du Parc d’artillerie sous le Commune.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article63514, notice LAVALETTE Charles, Hippolyte, Charles, surnommé Bonnet par Michel Cordillot, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 18 novembre 2021.

Par Michel Cordillot

Extrait de Raphaël Meyssan, Les Damné de la Commune, 1. A la recherche de Lavalette", p. 8.

SOURCES : MEL. – https://seenthis.net/tag/lavalette – Archives fédérales, Berne, Réfugiés, carton 53, cote actuelle. — APP, B a/431, pp. 645-647, 649-650, 657-658, 736, 852, entre autres. – Arch. Paris, D1M2 203, D2R4 33, 7 D125 (14), V4 E 5214 (534). – Arch. Min. Guerre GR 8 J 63 (1645) 3e conseil. – Lucien Descaves, Philémon, vieux de la Vieille, 1922, pp. 69, 71 et 161. – Notes de Louis Bretonnière, Michel Cordillot, Pierre-Henri Zaidman et Maxime Jourdan.


Raphaël Meyssan a intitulé le tome 1 de sa bande dessinées Les damnés de la Commune, "A la recherche de Lavalette". Il part de la lecture de la fiche Charles Lavalette dans le tome 13 du Maitron (Éditions Delcourt, tome 1 février 2018, tome 2,"Ceux qui n’étaient rien, février 2019.

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