LEVERDAYS Émile

Né vers 1822 (ou 1835 ?), mort à Mortain (Manche) en 1890 ; socialiste de tendance proudhonienne ; membre de l’Internationale.

Originaire d’une ancienne et riche famille de Mortain, Émile Leverdays vint à Paris comme étudiant en médecine et se mêla au mouvement républicain des dernières années de l’Empire. Proudhonien, il appartint à l’Internationale et signa, en mai 1869, le texte Aux socialistes. Programme abstentionniste (Voir Charles Longuet).

Le 6 septembre 1870, il signa l’appel Des Districts !!!, qui réclamait une structure fédéraliste pour Paris afin d’asseoir la République, et le même mois,au nom des Sociétés ouvrières et des sections françaises de l’AIT, l’adresse au peuple allemand pour qu’il mette fin à la guerre et fonde, avec le peuple français, les États-Unis d’Europe. (Cf. L’Internationale, 11 septembre). Voir Édouard Vaillant et Henri Bachruch.

Émile Leverdays, particulièrement actif au cours des premiers mois qui suivirent la chute de Napoléon III, écrivit deux brochures traitant de la défense du pays. La première, de fin septembre 1870, intitulée Projet de défense... envisageait de « transformer en une masse de fortifications supplémentaires une partie de l’espace compris entre les murailles de Paris et les anciens boulevards extérieurs » (cf. p. 4). La seconde, datée 8 octobre 1870, avait pour titre La Résistance à outrance et la Ligue républicaine, ligue dont la création datait de quelques jours.

Membre du Comité de vigilance du Ve arr., délégué au Comité central des vingt arrondissements, il présenta, le 15 septembre, avec ses camarades du Comité central les mesures d’urgence que le gouvernement de la Défense nationale aurait dû, selon les signataires, se hâter « de transformer en décrets pour le salut de la patrie et de la République ». Ces mesures intéressaient la sécurité publique, les subsistances et les logements, la défense de Paris et des départements. Le 17, Leverdays participa à une délégation à l’Hôtel de Ville, délégation qui fut reçue par Jules Ferry et qui insista pour qu’une réponse soit donnée aux propositions faites par le Comité. Il fut au nombre des 43 socialistes révolutionnaires présentés aux élections du 8 février par l’Internationale, la Chambre fédérale des sociétés ouvrières et la Délégation des vingt arrondissements de Paris. Il ne fut pas élu. Il était dit à cette époque « chimiste ».

Toujours en tant que délégué des vingt arrondissements, il fut un des signataires de l’Affiche rouge du 6 janvier 1871, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison » du gouvernement du 4 septembre et pour mettre en avant trois mots d’ordre : Réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse. Elle se terminait par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! »

Leverdays quitta Paris en février 1871 et revint à Mortain. Il ne prit donc pas part à la Commune, semble-t-il. Craignant toutefois une arrestation, il s’exila à Jersey puis en Angleterre où il appartint à la section fédéraliste française de 1871 (cf. Dict., t. IV, p. 58).

Réfugié à Liège, Leverdays fit pour l’Université « des dessins anatomiques et des travaux micrographiques de haute science », selon le témoignage de Lissagaray, op. cit.

La police signale que fin avril 1881, sous sa présidence, une trentaine d’amnistiés se réunirent à Paris au domicile du statuaire Charles Capellaro pour constituer un groupe révolutionnaire militant. Capellaro proposa d’appeler ce groupe "Soldats de la révolution" ce qui souleva de vives protestations, notamment celle de Verlaine qui s’écria qu’il ne fallait « plus d’armée, plus de soldats, qu’il est nécessaire de créer des mots nouveaux pour une situation nouvelle ». Après une longue et tumultueuse discussion, le nom de Groupe révolutionnaire militant fut finalement adopté. Ce groupe semble avoir eu une vie éphémère.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article64522, notice LEVERDAYS Émile, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 21 août 2020.

ŒUVRES : (cotes de la Bibl. Nat.) : La Banca e la Rivoluzione, Ginevra, s. d., in-24, 29 p., 8° G Pièce 1294. — Aux socialistes. Le Plébiscite devant la protestation abstentionniste, Paris, avril 1870, 4 p. (texte collectif). — Circulaire antiplébiscitaire [...], s. d. (5 mai 1870), Paris, in-fol., 7 p., Fol. Lb 56/2772. — La Résistance à outrance et la ligue républicaine, Paris, 1870, in-8°, 23 p., 8° Lb 57/901. — Projet de défense par un système de barricades, ou Construction de lignes supplémentaires à l’intérieur des fortifications, Paris, 1870, in-8°, 8 p., planche, 8° Lb 57/356. — Études de philosophie politique : les assemblées parlantes ; critique du gouvernement représentatif, Paris, 1883, in-18, XXVIII-453 p., 8° Lb 57/8379. — œuvre posthume, Paris, 1892-1893, Paris, 3 vol., in-18, portrait, 8° R 10876.

SOURCES : Arch. PPo., B a/429, Ba 90. — J. Dautry, L. Scheler, Le Comité central républicain..., op. cit., — Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871. — Dr Jules Buisson, Histoire d’une ville et d’une famille, Mortain, les Leverdays (cité par Le Monde, 19 septembre 1959 ; n’existe pas à la Bibl. Nat.). — Notes de Rolf Dupuy. — Le Parti ouvrier, 13 novembre 1890.

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