MALZIEUX Pierre

Né le 8 décembre 1828 à Brioude (Haute-Loire), mort le 11 mars 1882 à Paris ; ouvrier forgeron ; membre de l’Internationale ; capitaine de la 3e compagnie du 91e bataillon fédéré pendant la Commune de Paris.

Pierre Malzieux dut perdre sa femme assez tôt, puisque lorsqu’il partit pour la déportation, sa fiche mentionnait qu’il était veuf et père de quatre enfants.
Il combattit en février 1848, puis de nouveau en juin, et semble alors avoir échappé à la répression.

« Orateur des clubs », il se mêla activement à l’agitation populaire durant les dernières années de l’Empire, adhéra à l’Association Internationale des Travailleurs en 1869 et fonda la section des Batignolles (XVIIe arr.). Fin avril 1870, préparant le plébiscite du 8 mai, la police de l’Empire arrêta les principaux dirigeants de l’Internationale, sous la double inculpation de complot et de société secrète. Malzieux et ses camarades du Conseil fédéral parisien protestèrent publiquement contre cette accusation et revendiquèrent pour l’Internationale le droit d’être la « conspiration permanente de tous les opprimés et de tous les exploités » (La Marseillaise, 2 mai 1870). Deux mois plus tard, il figurait au troisième procès de l’Internationale. Le 8 juillet 1870, il fut condamné à deux mois de prison et 25 F d’amende, quatre mois de contrainte par corps.
Après la proclamation de la République le 4 septembre et l’investissement de Paris, Malzieux servit comme simple garde avant d’être élu capitaine de la 3e compagnie du 91e bataillon de la Garde nationale en janvier 1871. Quelques jours plus tard, il participa à la manifestation révolutionnaire dirigée contre le gouvernement provisoire qui se déroula le 22 place de l’Hôtel de Ville et fit une cinquantaine de morts parmi les manifestants. Selon plusieurs témoins, Malzieux eut, au cours de cette journée, une attitude particulièrement courageuse. Accompagné de son fils âgé de 15 ans, qui faisait lui aussi le coup de feu, il resta le dernier sur la place de l’Hôtel de Ville, après avoir tiré ses 80 cartouches, mais ne fut ni blessé, ni pris.

Le 22 février 1871, il intervint lors de la réunion du Conseil fédéral des sections parisiennes de l’Internationale, exprimant cette opinion que combattirent Varlin et quelques autres : « Un citoyen dévoué aux principes de l’Association internationale ne peut pas adhérer à la société de sa corporation (à son syndicat), si celle-ci est réactionnaire ». Peu après, Malzieux partit pour Genève, vraisemblablement chargé d’une mission militante.
Aussitôt après avoir été informé des événements survenus le 18 mars, il repartit pour Paris, où il arriva le 25. Il participa à l’action populaire dans le quartier des Batignolles, puis, le 15 avril, reprit le commandement de sa compagnie qu’il conduisit au feu à Levallois-Perret. Il ne rentra à Paris que le 22 mai, rappelé par le Comité de salut public pour procéder à l’arrestation de Dombrowski. Craignant des résistances dans l’entourage du général, le Comité de salut public avait décidé de faire appel au 91e, bataillon solide et dévoué. Par la suite, Malzieux parla à Henri Bauër de la « pénible impression » que ses hommes et lui avaient alors éprouvée.
Malzieux fut arrêté le 28 mai.
Le 29 novembre, il comparut devant le 13e conseil de guerre qui le condamna à la déportation dans une enceinte fortifiée. Il partit pour la Nouvelle-Calédonie à bord de la Danaé et durant le transport, il fit 57 jours de cachot en compagnie de Cipriani et d’Henri Bauër. Ayant refusé de signer un recours en grâce, il ne bénéficia de la remise de sa peine que le 15 janvier 1879. Il arriva à Brest le 28 septembre 1879 à bord du Navarin, parti de Nouméa le 3 juin. Il arriva à Paris par le train le 30 septembre à 3 h 30 du matin.

Au moment de son retour, Malzieux avait dépassé la cinquantaine. Marqué par la pauvreté, le militantisme, et surtout par les huit années qu’il venait de passer en déportation, il éprouva de grandes difficultés à gagner sa vie. Trop fier pour implorer, il se tua le 11 mars 1882 « avec cinq sous de charbon, allumé sur le fourneau d’un garni, là-bas, au fond des Batignolles ». Il fut enterré civilement le lendemain au cimetière de Pantin.
Dans La Commune de Paris et dans l’Insurgé, Malzieux est décrit sous le nom de Pierre Beaudoin par Jules Vallès, qui déclara lors de sa mort : « Je suis contre les statues et les monuments funèbres. Mais quand j’irai au pays de Malzieux, je demanderai la maison où il est né et j’achèterai le droit, si on veut me le vendre, de clouer une plaque où j’inscrirai son nom et conterai en deux lignes sa vie et sa mort ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article65160, notice MALZIEUX Pierre, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 30 juin 2020.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/831, n° 1153. — État-civil, Brioude (Haute-Loire). — H. Bauer, Mémoires d’un jeune homme, Paris, 1895. — Le Réveil, 13 mars 1882, article de J. Vallès. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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